III. LE NIVEAU ÉLEVÉ DU COÛT MOYEN RÉEL DE LA DETTE DEPUIS LA SECONDE MOITIÉ DES ANNÉES 1980 A CONTRIBUÉ AU RENFORCEMENT DU POIDS DE L'ENDETTEMENT PUBLIC

Le niveau élevé du coût moyen réel de la dette 19( * ) depuis la seconde moitié des années 1980 résulte en grande partie du haut niveau des taux d'intérêt réels. Le coût moyen réel est supérieur au taux de croissance 20( * ) réelle depuis la seconde moitié des années 1980 et contribue ainsi au renforcement du poids de l'endettement public. Ce coût moyen élevé résulte aussi de l'effet mécanique du ralentissement de la hausse des prix au cours des années 1980 sur une dette à taux fixe.

A. SI LES TAUX D'INTÉRÊT AVAIENT ÉTÉ ÉGAUX AU TAUX DE CROISSANCE DU PIB DE 1980 À 1997, LE RATIO D'ENDETTEMENT PUBLIC AURAIT À PEINE DÉPASSÉE 40 POINTS DE PIB EN 1997

Depuis une quinzaine d'années, les taux d'intérêt réels apparaissent relativement élevés, qu'on les compare au taux de croissance potentielle de moyen terme (soit environ 2,2% en termes réels) ou à un taux réel " neutre " associé à la règle de Taylor 21( * ) (soit 3% pour les taux à 3 mois et 4 % pour les taux à 10 ans). De 1982 à 1995, les taux réels du marché ont été supérieurs à ces références. En outre, ils ont fortement progressé de 1980 au début des années 1990 pour atteindre des niveaux historiquement élevés (les taux réels à 3 mois atteignant ainsi 8% en 1992).

Evolution des taux d'intérêt réels et du taux de croissance réelle



Source : Comptes nationaux, « base 80 »

Si ces taux réels ont décru depuis 1992, ils ont entraîné une augmentation du coût réel de la dette. Le coût moyen réel de la dette est ainsi supérieur au taux de croissance réelle depuis la seconde moitié des années 1980, entraînant année après année un alourdissement en termes de richesse nationale de l'endettement public au 31 décembre de l'année précédente et des intérêts associés. En effet, pour un emprunt donné, le nominal et les intérêts qu'il induit progressent plus rapidement que la richesse nationale 22( * ) lorsque les taux d'intérêt sont supérieurs au taux de croissance de l'économie.



Source : Comptes nationaux, « base 80 », calculs DP

Afin de mettre en relief cet alourdissement mécanique, on peut comparer la situation actuelle à la situation théorique où les taux d'intérêt sont égale année après année au taux de croissance. Si les taux d'intérêt avaient été égaux au taux de croissance du PIB de 1980 à 1997, le ratio d'endettement public aurait à peine dépassée 40 points de PIB en 1997 (contre 58,1 points). Une analyse selon la décomposition présentée dans la partie II souligne les caractéristiques suivantes :

- Financée par des emprunts dont la rémunération aurait été égale au taux de croissance courant de la richesse nationale, la dette initiale de 1980 n'aurait pas contribué à l'accroissement du ratio d'endettement. La contribution à l'accroissement n'a été que de 2,9 points de PIB, ce faible niveau résultant du financement initial à des taux d'intérêt réels négatifs de la dette au 31 décembre 1979.

- Financés par des emprunts dont la rémunération est égale au taux de croissance courant, les déficits primaires structurels enregistrés depuis 1980 n'auraient contribué qu'à hauteur de 17,1 points de PIB à l'augmentation du ratio d'endettement, contre 29,3 actuellement. L'écart atteint alors 12,2 points de PIB, les déficits primaires structurels ayant été quasi continuellement financés à des taux d'intérêt supérieurs au taux de croissance.

Décomposition du ratio d'endettement brut de 1997

(en points de PIB)



Calculs DP

B. LE RALENTISSEMENT DES PRIX AU COURS DES ANNÉES 1980 A TRANSITOIREMENT ENTRAÎNÉ UNE AUGMENTATION DU COÛT RÉEL DES EMPRUNTS EN COURS

Le ralentissement des prix, particulièrement marqué au cours des années 1980 23( * ) , a influé l'évolution des taux nominaux. Or, la dette publique en France est principalement une dette à taux fixe et dont la maturité moyenne atteint plusieurs années (en 1997, la durée de vie moyenne de la dette de l'Etat est supérieure à six ans). Les taux courants nominaux ne s'appliquent donc pour l'essentiel qu'au financement des nouveaux déficits et à la partie de la dette qui arrive à échéance. Ils se répercutent donc avec une certaine inertie 24( * ) sur le coût moyen nominal. Dès lors, la désinflation peut avoir un effet transitoire sur le niveau du coût réel de la dette.

Plus précisément, la forte désinflation des années 1980 a entraîné une augmentation du coût réel des emprunts publics courants 25( * ) . On peut estimer que, si le coût nominal de la dette avait suivi instantanément la désinflation 26( * ) , le poids dans le ratio d'endettement de 1997 des déficits primaires enregistrés entre 1980 et 1997 serait de 26,1 points de PIB contre 30,2 27( * ) actuellement.

Poids des déficits primaires dans le ratio d'endettement brut de 1997

(en points de PIB)



Calculs DP

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