2. Comment donner toutes ses chances au processus décisionnel européen en matière de défense ?

Elargir le champ d'application des coopérations renforcées aux décisions ayant des implications militaires

Le rapport de la présidence allemande, préparatoire au Conseil européen de Cologne, précise que " les décisions concernant des missions de gestion de crises, en particulier les décisions qui ont des implications militaires ou en matière de défense devront être prises conformément à l'article 23 du traité sur l'Union européenne ". L'article 23 du traité prévoit que de telles décisions seraient " prises par le Conseil statuant à l'unanimité " et ménage la possibilité d'une abstention constructive , en ce que l'abstention d'un ou plusieurs Etats n'empêcherait pas l'adoption des décisions. Un tel Etat peut assortir son abstention d'une déclaration formelle lui permettant de ne pas appliquer la décision tout en n'y faisant pas obstacle. Toutefois, si les Etats adoptant une telle attitude (abstention et déclaration formelle) représentent plus du tiers des voix pondérées, la décision ne peut être prise.

Ce dispositif n'empêche certes pas que des décisions soient prises dans l'hypothèse ou une majorité d'Etats seraient déterminés à agir dans le cadre d'une action européenne " ayant des implications militaires ".

Il importe toutefois que, dans la logique de la volonté exprimée à Cologne et dans le souci d'écarter la tentation du recours prioritaire à l'OTAN, un dispositif plus souple soit mis en place, permettant un positionnement politique européen plus visible, débouchant plus aisément, le cas échéant, sur une implication opérationnelle.

Il serait donc opportun d'inscrire désormais la politique étrangère et de sécurité commune, singulièrement dans ses implications militaires, dans le champ d'application des coopérations renforcées prévues par le traité d'Amsterdam, quitte à assouplir certaines des conditions de leur mise en oeuvre, notamment par la réduction du nombre minimal d'Etats, actuellement fixé à huit, nécessaire au déclenchement d'une coopération renforcée.

Donner toute leur mesure aux nouvelles instances décisionnelles

Les aménagements institutionnels prévus à Cologne pour mettre en oeuvre un processus décisionnel européen simple et efficace en matière de défense s'articuleront autour :

- d'un conseil " affaires générales " auquel participeraient les ministres de la défense ;

- d'un comité politique et de sécurité, organe permanent siégeant à Bruxelles, sur la base du comité politique prévu à l'article 25 du traité sur l'Union européenne ;

- d'un comité militaire ;

- d'un état-major de l'Union européenne.

Ces éléments s'apparentent, peu ou prou, aux instances existant actuellement à l'UEO -Conseil permanent, comité militaire, état-major international- qui pourraient être, le moment venu, transférés à l'Union européenne dans le cadre de l'intégration programmée de celle-là dans celle-ci après décision unanime du Conseil. De même s'apparentent-ils au dispositif décisionnel de l'OTAN : Conseil de l'Atlantique-Nord au niveau des ambassadeurs, -Comité militaire-, Etat-major international.

Pour leur conférer l'efficacité et la visibilité nécessaires, il conviendrait que le Comité politique et de sécurité rassemble des représentants permanents distincts des actuels représentants permanents de chaque nation auprès de l'Union européenne, et soient exclusivement chargés des questions de politique européenne de défense, à l'instar de ce qui prévaut au Conseil atlantique. De même serait-il souhaitable que les ambassadeurs siégeant à ce comité politique et de sécurité soient, pour tous les Etats membres, distincts de ceux qui siègent au Conseil de l'Atlantique Nord.

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