- Par M. Xavier de VILLEPIN
au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées - Notice du document
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II. LES PREMIERS ENSEIGNEMENTS MILITAIRES DE L'OPÉRATION " FORCE ALLIÉE "
A. LES LEÇONS IMMÉDIATES D'UN CONFLIT FONDÉ SUR L'EMPLOI DE L'ARME AÉRIENNE
Par
delà le débat sur la légitimité et
l'efficacité de la stratégie purement aérienne
adoptée durant l'opération " Force alliée ",
l'arme aérienne a parfaitement confirmé son adaptation à
la gestion de crises. Par la rapidité de son déploiement d'abord.
Par sa souplesse d'emploi ensuite, qui permet de faire évoluer, en
permanence, les points d'application des frappes, de choisir les
catégories de cibles, d'interrompre, éventuellement, au dernier
moment, les missions engagées. Sa capacité d'adaptation permet
enfin -au prix des améliorations techniques plus ou moins rapides
à travers, notamment, les programmes d'urgence- d'acquérir des
capacités nouvelles diversifiant d'autant les menaces pesant sur
l'adversaire.
Ces caractéristiques font de l'arme aérienne un outil
particulièrement précieux pour la gestion politique d'une crise
en permettant une adaptation et une réaction rapides aux
évolutions qui peuvent se dérouler, parallèlement, sur le
terrain diplomatique.
1. Les missions aériennes effectuées
L'action
aérienne sur le territoire de la RFY a impliqué, de la part de
l'OTAN, un total maximal de 786 aéronefs, toutes catégories
confondues. Parmi les alliés, la France a consenti un effort
considérable en déployant 97 aéronefs de toute nature,
dont 76 avions de combat ; dans le cadre des seuls alliés
européens, notre pays a mis en oeuvre, en terme de capacités
aériennes, le premier dispositif.
Le tableau ci-après récapitule, par type de mission et type
d'aéronef, la contribution de la France au sein du dispositif OTAN,
entre le 24 mars et le 31 mai 1999.
Types de missions |
Otan |
France |
% |
Missions offensives (Mirage 2000 D, Jaguar, Super Etendard) |
8 676 |
1 110 |
12,8 % |
Défense aérienne (Mirage 2000 C) |
5 551 |
396 |
7,1 % |
Reconnaissance (Mirage IV, F 1 CR, Etendard IV P, drones Crécerelle et CL 289 |
1 371 |
277 |
20,2 % |
Renseignement électronique (C160 Gabriel, DC 8 Sarigue) |
527 |
43 |
8,2 % |
Ravitaillement en vol (C135) |
6 265 |
518 |
8,3 % |
Détection aéroportée (SDA E 3 F) |
798 |
47 |
5,9 % |
SEAD (Missions anti-radars) |
3 731 |
0 |
0,0 % |
Commandement aéroporté |
258 |
0 |
0,0 % |
Transport et soutien (C 160, C 130, A 310) |
5 499 |
1 200 |
21,8 % |
Divers (C SAR, Forces spéciales) |
446 |
12 |
2,7 % |
TOTAL |
33 122 |
3 603 |
10,9 % |
On
relèvera que notre pays a effectué, en pourcentage, davantage de
missions offensives et surtout de reconnaissance et de soutien par rapport
à sa moyenne de participation ; en revanche, faute de moyens
adaptés, nos forces n'ont pu participer ni aux missions de
commandement aéroporté, ni à celles
destinées à la suppression de la défense
aérienne ennemie (SEAD9(*)).
Il est par ailleurs intéressant de comparer le nombre de sorties
offensives effectuées à l'occasion du conflit du
Kosovo (du 24 mars au 10 juin 1999), avec le bilan de ce qui avait
été fait au cours de la guerre du Golfe.
Guerre
du Golfe
|
Kosovo
|
|
Avions de combat déployés |
1 470 |
786 (le 18 mai) |
Pourcentage d'avions de combat français |
2,7 % |
10,5 % |
Activité totale |
107 411 sorties |
31.280 sorties réalisées (hors transport). |
Sorties offensives |
66 650 |
19 150 |
Durée de la campagne aérienne |
43 jours |
79 jours |
Sorties offensives/jour |
1 580 |
Moyenne
quotidienne 400 (maximum de 430 |
Le pourcentage d'avions de combat français (10,5 %) est à rapporter à la participation aérienne étrangère. Celle-ci lors de la guerre du Golfe s'élevait, pour les Etats-Unis et la Grande-Bretagne respectivement à 82 % et 4 %. Le conflit du Kosovo a conduit à un engagement à hauteur de 65,2 % pour les Etats-Unis, de 4,8 % pour la Grande-Bretagne, 5,3 % pour l'Italie, 2,1 % pour l'Allemagne, les quatorze autres alliés totalisant 12,1 %.


