CHAPITRE III : LES PRINCIPALES ACTIVITES DE L'ASSEMBLEE DE L'UEO EN DEHORS DES SESSIONS POUR 1998

A. Le colloque de Madrid sur l'identité européenne de sécurité et de défense (4 au 6 mai 1998)

Ont participé à ce colloque pour la délégation française : MM. Jacques BAUMEL (RPR), Raymond FORNI (S), Georges LEMOINE (S) Guy LENGAGNE (S) et Jean VALLEIX (RPR) pour l'Assemblée nationale ; Mme Josette DURRIEU (S), Présidente de la délégation, MM. Michel ALLONCLE (RPR), Marcel DEBARGE (S) et Pierre JEAMBRUN (RDSE) pour le Sénat.

• Au cours de la première séance, ouverte par M. TRILLO FIGUERO, Président de la Chambre des Députés, M. Javier SOLANA, Secrétaire général de l'OTAN a estimé que le dialogue transatlantique ne pourra s'intensifier que par le développement de l'IESD, garantissant une Europe plus forte. M. Alexandre VERSHBOW, Ambassadeur des Etats-Unis à l'OTAN, a approuvé ce principe de renforcement des capacités opérationnelles de l'Europe à la condition que celui-ci se réalise par la biais de l'IESD, de concert avec l'OTAN. M. José CUTILEIRO, Secrétaire général de l'UEO, a constaté que le rôle de l'UEO n'apparaissait pas clairement alors que cette Organisation ne saurait constituer une alternative à l'OTAN, mais un organe complémentaire capable d'intervenir lorsque les Etats-Unis ne le souhaitent pas. MM. Stelios PERRAKIS, Secrétaire général chargé des affaires européennes au Ministère des Affaires étrangères de Grèce, puis Przemyslaw GRUDZINSKI, sous-secrétaire d'Etat du Gouvernement polonais, qui a notamment souhaité l'inclusion des missions dites de Petersberg dans les Traités de l'Union européenne, ont également pris la parole.

• La deuxième séance, consacrée à la coopération entre l'UEO, l'OTAN et les groupes de forces interarmées multinationales (GFIM), a débuté par l'intervention de M. Akis TSOHATZOPOULOS, Ministre de la Défense de Grèce, qui a insisté sur la complémentarité de l'OTAN et de l'UEO : les Européens et les Américains devant oeuvrer de concert afin d'être à même de gérer tout conflit susceptible d'éclater de l'Afrique du Nord à l'Asie centrale, sans oublier le Proche-Orient. Le Ministre a par ailleurs souligné la nécessité de renforcer des capacités particulières à l'UEO afin d'agir pour le compte de l'Union européenne, avec ou sans l'OTAN, en regrettant à cet égard l'absence de l'UEO dans l'opération de stabilisation en Albanie. M. Heinrich RENTMEISTER, Directeur-adjoint de la planification au Ministère allemand de la défense, a cité l'ensemble des nouveaux facteurs constituant le cadre d'un partenariat transatlantique rénové : l'euro, l'élargissement de l'Union européenne comme de l'OTAN, les GFIM, la réaffirmation américaine en faveur d'un partenariat actif avec l'Europe conjuguée à la volonté des Européens de jouer un rôle plus dynamique au sein de l'OTAN. Le capitaine de vaisseau Jean DUFOURCQ, expert en relations internationales à l'Etat-major des Armées, représentant le Ministère français de la défense, a estimé tout à fait normal que les Européens utilisent les capacités de l'OTAN, dont ils assume 65 % des moyens. Il a souhaité que l'UEO puisse également disposer de moyens propres dans le cadre de l'IESD. Sont également intervenus MM. Rafael ESTRELLA (Espagne), Vice-président de l'Assemblée de l'Atlantique Nord (AAN) et Robert WIJK, expert néerlandais.

• La troisième séance, présidée par M. Jacques BAUMEL, député (RPR) en sa qualité de Président de la commission politique de l'Assemblée de l'UEO, a plus spécifiquement traité de la question des forces multinationales et de leurs relations avec l'OTAN et l'UE. L'Amiral de MORALES, Directeur de la cellule de planification de l'UEO et le Général OLIVER, premier adjoint au Commandant du Corps européen à Strasbourg ont décrit les niveaux opérationnels auxquels est parvenue l'UEO et les moyens à sa disposition, tout en regrettant que ses capacités réelles restent méconnues.

L'Amiral LOPEZ, commandant en chef des forces alliées du sud-Europe (Afsouth), après avoir décrit la complexité des situations en Méditerranée, Mer Noire et Mer Caspienne, a apporté des précisions sur les premiers exercices de GFIM en rappelant que l'OTAN et l'UEO avaient déjà collaboré à l'occasion de l'opération " Sharp guard ".

Le Général Jean-Paul RAFFENNE, de l'Etat-major des armées françaises, a évoqué les risques inhérents à la prolifération des armes de destruction massive et au terrorisme. Il a mis l'accent sur les potentialités importantes de l'UEO et de l'Union européenne réunies et a invité les Européens à consolider et à intégrer leurs industries d'armement. En se référant à son expérience d'ancien chef du bureau des plans d'opération de la SFOR en Bosnie, le Général a également souligné l'existence des liens unissant la France à l'OTAN.

MM. Anders BJORK, député, ancien Ministre de la défense de Suède et Petre ROMAN, Président du Sénat de Roumanie, sont également intervenus.

Au cours des débats, M. BAUMEL a interrogé la Commandant en chef de l'Afsouth sur le conflit du Kosovo. Dans sa réponse, l'Amiral LOPEZ a souhaité que l'examen de ce problème par le Groupe de contact débouche sur une solution de dialogue politique car, à défaut, des perspectives très inquiétantes se dessineraient avec l'extension à la Macédoine et à l'Albanie et des afflux de réfugiés dans des pays tels que l'Italie et la Grèce.

M. Jean VALLEIX a pour sa part évoqué la question de l'inter-opérabilité industrielle en soulignant que, parmi les risques venus du sud figure celui des missiles : l'Europe ayant accompli des progrès technologiques, notamment dans le domaine de la défense antimissile, il s'est interrogé sur la volonté des responsables politiques et militaires de se saisir des moyens disponibles.

En conclusion à ce colloque, M. Armand de DECKER, Président de la commission de défense, a constaté que l'IESD se développait simultanément à l'intérieur comme à l'extérieur de l'OTAN : à l'intérieur, car aucun pays européen ne souhaite l'abandon par les Américains de l'Europe, mais aussi à l'extérieur, car l'Union européenne se doit de défendre ses intérêts propres. Il reste donc indispensable que, dans le cadre de la PESC, les Européens réforment les procédures de prise de décision.

M. Luis-Maria de PUIG, Président de l'Assemblée de l'UEO, a rappelé que l'IESD concernait toutes les institutions européennes. Il a souligné que tout dépendait de la volonté des gouvernements et de l'affirmation politique de l'Union européenne elle-même, qui ne s'est guère montrée disposée, dans le passé, à promouvoir en son sein l'IESD.

Le 7 mai, les membres de la commission technique et aérospatiale de l'Assemblée de l'UEO ont visité le Centre satellitaire de l'UEO à Torrejon (région de Madrid).

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