3. Mettre la délinquance financière au coeur du contrôle

Etendre les compétences de tous les régulateurs financiers à la surveillance de la délinquance financière . Les organes de contrôle des banques, des assurances, des marchés financiers, les institutions multilatérales, les banques régionales de développement : tous les organes de l'architecture financière internationale doivent avoir compétence, mais aussi acquérir la culture et les qualifications techniques, éventuellement à l'aide de magistrats ou de policiers, pour lutter contre la criminalité financière. Leur point de vue est encore trop économique et financier, et insuffisamment policier à cet égard.

Dans les ratios prudentiels, les crédits accordés à des organismes situés offshore devront également être pondérés en fonction des risques particuliers que ces flux font courir à l'ensemble du système financier. La BRI pourrait définir ces pondérations.

Coordonner l'action de tous les organes de régulation . L'exemple FIMACO a fait apparaître qu'un dialogue plus approfondi entre le FMI, la Commission bancaire et la Commission des opérations de bourse françaises, la commission des valeurs mobilières de Jersey, ainsi que la Banque centrale de Russie, aurait sans doute permis d'éviter tout ou partie des dévoiements observés.

Il est nécessaire que les multiples institutions financières nationales et internationales forment un véritable réseau de contrôleurs. Les flux financiers internationaux passent souvent par un grand nombre de pays et de transactions : un maillage serré de contrôleurs rendrait les recoupements inévitables. Pour cela, il serait utile d'approfondir, en la pérennisant, une structure du type du Forum de stabilité financière.

4. France : balayer devant notre porte

Le groupe de travail tient enfin à formuler quelques recommandations à l'égard de notre pays. Au sujet de la régulation financière internationale, le Gouvernement est en effet prompt à de grandes déclarations et à multiplier les propositions soumises à nos partenaires, que ce soit sur la dette, l'architecture financière internationale, ou les paradis fiscaux. Mais qu'en est-il de son action ?

Au sujet de la corruption, la France est classée dixième dans l'Europe des Quinze par Transparency international , et sa note s'est détériorée de 1998 à 1999. La lutte contre la corruption doit d'abord commencer chez nous. Des mesures de rapprochement avec les normes les plus élevées doivent être prises.

La France abrite elle-même des paradis fiscaux , dans ses collectivités outre-mer. Le moins admissible est Saint-Martin, qui peut être considérée comme une véritable zone offshore . Il faut, à tout le moins, rétablir à Saint-Martin le droit commun fiscal appliqué dans les DOM.

S'agissant du blanchiment , la France est classée par le Narcotic bureau parmi les pays où se déroule une intense délinquance financière. Les Etats-Unis reconnaissent la ferme volonté de lutte du Gouvernement. Mais ils déplorent la relative clémence des peines encourues, notamment du fait de la confusion des incriminations et des peines. Contre la délinquance financière internationale, il conviendrait peut-être d'appliquer un droit largement partagé par la communauté internationale.

A cet égard, et sous réserve des positions que votre commission prendra à ce sujet, le groupe de travail considère que les mesures proposées dans le projet de loi sur les nouvelles régulations économiques vont dans le bon sens. Certaines de ces mesures, relativement aux restrictions ou interdictions des relations avec les centres offshore , sont toutefois subordonnées à l'établissement des listes des centres les moins coopératifs. La France se référera probablement à la typologie établie par le GAFI.

Le projet prévoit en outre une généralisation de la déclaration de soupçon aux transactions dont les opérateurs ne peuvent être identifiés, et une généralisation des relations des autorités publiques avec Tracfin, service de renseignement contre le blanchiment.

Enfin, tout en donnant des leçons de transparence , la France n'en fait guère preuve elle-même . Sur l'affaire FIMACO, notre pays ne s'est guère vanté de sa faible efficacité au sujet des transactions douteuses de la Banque centrale de Russie. Le président de la commission des finances et votre rapporteur ont posé à ce sujet une question écrite au ministre de l'économie, des finances et de l'industrie en septembre 1999. La réponse se fait toujours attendre...

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