Déplacements et auditions des rapporteurs


 

Déplacements sur place

15 février 2000

ACOSS : entretiens avec M. Jean-Louis Buhl, directeur et l'équipe de direction

8 mars 2000

URSSAF d'Arras : entretiens avec M. Michel Dollet, directeur et l'équipe de direction

 

Table ronde avec M. René Miroux de la SA Miroux, M. Claude Dreulle de la société Oldham, M. Alain Huret de la SA Bennes Huret, M. Régis Dhennin, expert comptable Société Secofinord, M. Philippe Daubresse, expert comptable Cabinet Desplanque, M. Gherrbrant, président et M. Chere, directeur général de la Chambre de commerce et d'industrie d'Arras, et Mme Duhomez, responsable des questions liées à la loi " Aubry II " au sein de cette CCI

Auditions des rapporteurs

Ministère de l'emploi et de la solidarité

15 février 2000

M. Dominique Libault, 5 ème sous-direction de la Direction de la sécurité sociale (DSS)

22 février 2000

Mme Annie Gauvin, M. Xavier Broseta, Mme Claude Scholzen, Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP)

23 février 2000

M. Claude Seibel, Direction de l'animation, de la recherche et des études statistiques (DARES)

22 février 2000

M. Didier Banquy, 6 ème sous-direction de la Direction du budget

Auditions dans le cadre de la commission (cf. travaux de la commission)

15 mars 2000

M. Bernard Caron, président et M. Jean-Louis Buhl, directeur de l'ACOSS

15 mars 2000

Mme Catherine Barbaroux, délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle

I. LA MULTIPLICATION DU NOMBRE DE MÉCANISMES D'EXONÉRATION DE COTISATIONS DE SÉCURITÉ SOCIALE : UN ENJEU CONSIDÉRABLE POUR LES FINANCES PUBLIQUES

Il convient de rappeler tout d'abord les raisons du " succès " des exonérations de cotisations de sécurité sociale, devenues le principal instrument de la politique de l'emploi.

A. L'EXONÉRATION DE COTISATIONS DE SÉCURITÉ SOCIALE EST UN OUTIL SÉDUISANT, PERMETTANT UNE BAISSE IMMÉDIATE DES CHARGES PESANT SUR LES ENTREPRISES

Deux raisons expliquent le succès des exonérations de cotisations de sécurité sociale.

1. Un mécanisme rapide

Par rapport à d'autres mécanismes visant à alléger les charges fiscales et sociales sur les entreprises (primes, aides, exonération fiscale), une exonération de cotisations de sécurité sociale est en elle-même " simple " à mettre en oeuvre.

Pour certaines exonérations, l'entreprise s'applique elle-même le mécanisme. Ainsi, elle n'a pas à supporter de délais d'attente pour être remboursée, ni de demande à instruire auprès des différentes administrations. L'exemple de l'allégement de charges sur les bas salaires (ristourne Juppé) montre le succès d'un mécanisme simple : l'entreprise se borne à renseigner la ligne " réduction bas salaires " sur le bordereau récapitulatif de cotisations (BRC). Elle doit, en outre, mentionner le nombre de salariés concernés et le montant de la réduction.

Certains mécanismes d'exonération nécessitent cependant une déclaration préalable, ou même la signature d'une convention avec un organisme faisant partie du " service public de l'emploi " : soit l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE), soit la Direction départementale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle (DDTEFP).

Exemples de formalités différentes

Déclaration préalable URSSAF

Déclaration préalable DDTEFP

Signature d'une convention DDTEFP

Signature d'une convention ANPE

Signature d'une convention DDTEPF - ANPE

- exonération premier salarié

- exonérations Aubry II

- zones de redynamisation urbaine

- exonérations Aubry I

- contrat de qualification

- contrats d'accès à l'emploi si licenciement motif économique dans les six mois précédents ;

- contrats emplois consolidés

- contrats initiative emploi

- contrats d'orientation

2. Un mécanisme universel

Une exonération de cotisations de sécurité sociale est également un mécanisme universel : toute entreprise employant des salariés s'acquitte de cotisations de sécurité sociale, alors qu'il existe nombre d'entreprises payant peu ou pas du tout d'impôts (l'impôt sur les sociétés n'est recouvré qu'à partir d'un seuil, par exemple).

En revanche, l'exonération de charges sociales visant à prendre en compte les difficultés de tel ou tel secteur n'échappe plus au contrôle de la Commission européenne sur les aides publiques à l'emploi. Dans le passé, les pouvoirs publics ont pu considérer qu'une exonération de charges sociales pouvait échapper à ce contrôle, à la différence d'une aide directe.

Le " plan textile " : une exonération de charges sociales
réservée à un secteur d'activité est une aide directe

L'article 99 de la loi n° 96-314 du 12 avril 1996 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier (DDOEF) avait institué une exonération spécifique au secteur du textile, de l'habillement, du cuir et de la chaussure. Cette exonération, faisant partie du " plan textile ", était applicable sous conditions jusqu'au 31 décembre 1998. Elle portait sur les salaires inférieurs à 1,5 fois le SMIC (au lieu de 1,2, puis 1,33 dans le cadre de la ristourne générale).

Le décret d'application n° 96-572 du 27 juin 1996 fixait la réduction à 734 francs par mois et par salarié pour les salariés rétribués au SMIC, pour diminuer progressivement jusqu'à disparaître pour les salariés rémunérés à hauteur de 1,5 fois le SMIC. Le coût total du dispositif s'élevait à un peu plus de 1,8 milliard de francs.

Conformément à la loi, des accords collectifs de branche ont été signés, ainsi que des conventions cadres relatives à l'emploi, avec chacune des branches professionnelles concernées.

La Commission européenne, dans sa décision 97/811/CE, a considéré que l'aide était illégale, dans la mesure où elle avait été mise en oeuvre avant que la Commission ne se soit prononcée à son sujet.

Le Gouvernement français a considéré que la Commission avait commis une erreur de droit, puisque les aides du plan textile étaient " compensées " ou " neutralisées " par des engagements des entreprises. De fait, seuls les deux tiers des entreprises, représentant une proportion égale de salariés, avaient adhéré au dispositif, le tiers restant estimant que les contreparties exigées par l'Etat étaient trop lourdes.

La Cour de justice des communautés européennes a rappelé, le 5 octobre 1999, sa jurisprudence constante (affaire C-251/97) :

- un dégrèvement partiel des charges sociales incombant aux entreprises d'un secteur industriel particulier constitue une aide au sens de l'article 92, paragraphe I, du Traité (arrêt du 2 juillet 1974, Italie/Commission, 173/73, Rec. p. 709) ;

- le caractère social des interventions étatiques ne suffit pas à les faire échapper d'emblée à la qualification d'aides au sens de l'article 92.

Les conditions de remboursement du plan textile ont été précisées par une circulaire du ministère de l'emploi et de la solidarité et du ministère de l'économie et des finances en date du 31 mars 2000. Seules les entreprises de plus de 50 salariés sont concernées, pour la partie de l'aide perçue au-delà de 656.000 francs (le principe d'interdiction des aides d'Etat ne s'appliquant pas aux aides dont le montant n'excède pas 656.000 francs sur trois ans). L'aide est majorée d'un intérêt moratoire de 6,01 %. Le remboursement, calculé par l'entreprise en tenant compte des allégements dont elle aurait pu éventuellement bénéficier, s'effectue en une seule fois et au plus tard le 1 er juillet 2000, s'il est inférieur à 10.000 francs. Si le montant du remboursement est plus élevé, le paiement peut être échelonné en versements trimestriels prenant fin au plus tard le 1 er avril 2003. Une déclaration dûment remplie doit être adressée à l'URSSAF. A défaut de déclaration, ou en cas d'insuffisance, l'URSSAF évalue forfaitairement à titre de provision les sommes à récupérer.

600 entreprises seraient concernées, pour un montant de 500 millions de francs.

B. LE DÉVELOPPEMENT DES MÉCANISMES D'EXONÉRATION S'EXPLIQUE PAR LA MULTIPLICATION DES OBJECTIFS POURSUIVIS

Un " recensement " des différents mécanismes fait apparaître la diversité des objectifs poursuivis.

1. Les différentes vagues des mécanismes d'exonération

Si le premier mécanisme d'exonération de charges sociales date de 1979, le véritable développement de ces exonérations remonte à une dizaine d'années.

Trois " générations " peuvent être distinguées :

- la première génération (1989-1992) est celle de mécanismes d'exonérations spécifiques, à destination de publics particuliers (chômeurs longue durée, chômeurs âgés, jeunes chômeurs...).

- la deuxième génération (1993-1996) est celle du développement massif et généralisé des exonérations , tout d'abord à travers la loi quinquennale de 1993 et la loi de 1995 instaurant la ristourne unique dégressive. Cette " explosion " est financièrement rendue possible par la loi du 25 juillet 1994, qui instaure le principe de compensation de ces exonérations par le budget de l'Etat : en effet, un développement massif des exonérations sans compensation aurait fortement menacé les finances sociales, déjà mises à mal par la crise économique ;

- la troisième génération (depuis 1996) est centrée autour de la réduction du temps de travail , à travers des dispositifs incitatifs (loi n° 96-502 du 11 juin 1996 tendant à favoriser l'emploi par l'aménagement et la réduction conventionnels du temps de travail, dite " loi de Robien ", loi Aubry I et loi Aubry II).

Historique des dispositifs d'exonération de charges sociales

Date

Nom du dispositif

1979

1. Contrat d'apprentissage

2. Soutien à la création d'entreprise (ex Aide à la création et à la reprise d'entreprises)

1984

3. Contrat de qualification

4. Contrat d'adaptation

1987

5. Associations intermédiaires

6. Emploi d'une aide à domicile par une personne âgée ou invalide

1989

7. Exonération premier salarié

8. Contrat de retour à l'emploi (supprimé en 1995 - demeure applicable aux contrats en cours)

1990

9. Contrat emploi-solidarité

1991

10. Contrat d'orientation

1992

11. Contrat emploi consolidé

12. Abattement 30 % pour les emplois à temps partiel

1994

13. Exonération de cotisations d'allocations familiales pour les entreprises nouvelles créées avant le 31.12.1999 et exonérées d'impôt

14. Entreprises d'insertion

15. Structures aide sociale

16. Exonération de cotisations d'allocations familiales pour certains régimes spéciaux de sécurité sociale

17. Emploi d'un jeune à l'étranger

1995

18. Contrat initiative-emploi (CIE) (a remplacé le contrat de retour à l'emploi)

19. Contrats d'accès à l'emploi (DOM)

20. Réduction dégressive bas salaires

21. Réduction dégressive bas salaires majorée pour hôtels, cafés, restaurants

22. Emplois de ville (supprimé au 1.01.1998 - demeure applicable aux contrats en cours)

23. Emploi de salariés occasionnels agricoles

24. Contrats d'insertion par l'activité dans les DOM

1996

25. ARTT de Robien

26. Exonérations de cotisations d'allocations familiales dans les ZRR

27. Exonération de cotisations d'allocations familiales pour les salariés des exploitants agricoles

1997

28. Réduction dégressive bas salaires majorée pour transports routiers " longue distance "

29. Création emplois jusqu'à 50 salariés en ZRR ou en ZRU

30. Exonérations zones franches urbaines

31. Emplois jeunes

32. Zone franche de Corse

1998

33. Aide forfaitaire à la RTT- Aubry I

1999

34. Entreprises de travail temporaire d'insertion

2000

35. Aides 35 heures

2. Une palette très large

Il existe aujourd'hui, selon les comptabilisations, trente-cinq ou trente-six mécanismes différents d'exonération de cotisations de sécurité sociale

Cinq grandes catégories peuvent être distinguées :

a) L'exonération de charges sociales poursuivant un objectif d'allégement du coût du travail

La réduction dégressive sur les bas salaires, instituée en septembre 1995, est le plus important dispositif d'exonération de charges sociales. Fusionné avec l'exonération de cotisations d'allocations familiales le 1 er octobre 1996, ce mécanisme a été pérennisé par l'article 115 de la loi de finances pour 1998, qui a baissé le seuil de 1,33 à 1,3 SMIC.

Cette catégorie comprend également l'exonération premier salarié (dispositif de 1989). Il s'agit d'inciter un travailleur indépendant ou un agriculteur, un gérant d'une entreprise dépourvue de salarié, d'embaucher un salarié. L'exonération est alors de 100 % des cotisations patronales de sécurité sociale pendant 24 mois (la durée du contrat si CDD). Elle est limitée, depuis la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999, à la partie de la rémunération égale au SMIC.

Enfin, l'exonération sur l'emploi de salariés occasionnels agricoles est réservée aux salariés occasionnels (au plus 110 jours par an et par employeur) et demandeurs d'emploi d'au moins quatre mois des exploitants agricoles. La réduction est de 58 % des cotisations patronales (hors cotisations d'allocations familiales).

b) L'exonération de charges sociales conditionnée à la réduction du temps de travail

Ces exonérations nécessitent la réduction du temps de travail dans l'entreprise. Elles tendent à " compenser " pour l'employeur le surcoût salarial en résultant.

L'allégement en faveur de l'aménagement et de la réduction conventionnels du temps de travail (loi de Robien), même s'il a été abrogé par la loi du 13 juin 1998, reste en vigueur, pour une durée de sept ans, pour les entreprises conventionnées avant l'entrée en vigueur de la loi Aubry I.

L'aide forfaitaire dégressive à la réduction du temps de travail (loi Aubry I) a une durée limitée à cinq ans.

La réduction élargie sur les bas salaires (loi Aubry II) fusionne la " ristourne Juppé " étendue à 1,8 SMIC et une aide forfaitaire (à raison de 4.000 francs par an et par salarié). Il s'agit d'un dispositif permanent.

L'abattement 30 % pour les emplois à temps partiel est entré en vigueur le 1 er septembre 1992. Cet abattement de 30 % vise les emplois à temps réduit dans les entreprises ayant réduit la durée du travail. Cet abattement est supprimé à compter du 31 décembre 2000 (loi du 19 janvier 2000).

c) L'exonération " sectorisée " visant à prendre en compte les difficultés particulières de tel ou tel secteur

Ces mesures d'exonération sont destinées à prendre en compte les difficultés particulières de tel ou tel secteur d'activité :

- réduction unique dégressive majorée pour les salariés relevant de dispositions particulières en matière de durée du travail (hôtels, cafés, restaurants et transports routiers " longue distance ") ;

- avantages en nature " repas " dans les hôtels, cafés et restaurants : comme le titre restaurant n'est pas utilisé dans ce secteur, les employeurs s'acquittent de cotisations sur la valeur forfaitaire du repas fourni au salarié (2,58 francs par repas et par salarié au 1 er juillet 1999). La réduction forfaitaire a d'abord été de 25 %, puis de 50 %, pour être relevée progressivement à 100 %.

Il convient de mentionner également les exonérations à destination du secteur agricole :

- exonérations de cotisations d'allocations familiales pour les salariés des exploitants agricoles ;

- réduction de cotisations pour les jeunes exploitants agricoles (article 8 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000, pérennisant et étendant un mécanisme de nature réglementaire institué en 1985) .

Entre également dans cette catégorie l' exonération de cotisations d'allocations familiales pour certains régimes spéciaux de sécurité sociale .

On peut enfin mentionner les exonérations qui s'attachent à la qualité de l'employeur : l'emploi d'une aide à domicile par une personne âgée (plus de 70 ans) ou invalide (justifiant des conditions d'attribution de la prestation dépendance) ou ayant des enfants handicapés.

Les associations et organismes employant une aide à domicile auprès d'une personne âgée ou invalide bénéficient d'une exonération de 100 % des cotisations patronales de sécurité sociale sur la partie de la rémunération versée au titre de l'activité réellement effectuée auprès du public visé.

d) L'exonération de charges sociales ciblée sur des publics particuliers poursuivant un objectif d'insertion sociale

Ces exonérations visent à " changer la file d'attente " du marché du travail, en avantageant l'embauche en contrat à durée indéterminée ou en contrat à durée déterminée de " publics " dont " l'employabilité " est limitée.

Plusieurs " publics " font l'objet de mesures d'exonération :

- les moins de 26 ans ;

- les demandeurs d'emploi de longue durée ;

- les chômeurs âgés.

Les contrats visant à qualifier les jeunes

Les exonérations sont, en général, de 100 % des cotisations patronales de sécurité sociale, dans la limite du SMIC et du nombre d'heures effectuées 33( * ) .

Le contrat d'apprentissage est un contrat à durée déterminée (CDD) de un à trois ans, qui s'adresse aux jeunes de 16 à 25 ans, préparant un diplôme de niveau V ou IV en alternance, employés par des entreprises artisanales, industrielles, commerciales, libérales et agricoles, et à titre expérimental, depuis 1992, par l'Etat, les collectivités territoriales et les établissements publics administratifs.

Le contrat de qualification est un CDD de six à vingt-quatre mois, destiné aux jeunes de 16 à 25 ans, sans qualification ou n'ayant pas pu obtenir un emploi, qui suivent une formation en alternance auprès d'un employeur privé. Le contrat de qualification a été étendu aux adultes, à titre expérimental, jusqu'en 2000. L'exonération est de 100 % des cotisations patronales de sécurité sociale, dans la limite du SMIC.

Le contrat d'orientation est destiné aux jeunes de 16 à 22 ans non diplômés de l'enseignement technique, ou ayant suivi un second cycle de l'enseignement général sans diplôme (CDD d'au plus six mois auprès d'un employeur du secteur privé), ainsi qu'aux moins de 25 ans diplômés de l'enseignement secondaire général, mais non diplômés de l'enseignement technique et ayant abandonné leurs études supérieures sans diplôme du premier cycle (CDD d'au plus neuf mois auprès d'un employeur du secteur privé).

Les contrats visant à l'insertion dans le secteur marchand

Le contrat initiative-emploi (CIE) s'adresse aux demandeurs d'emploi de longue durée (douze mois au moins), titulaires du revenu minimum d'insertion (RMI), travailleurs handicapés, bénéficiaires de l'allocation de solidarité spécifique (ASS), chômeurs âgés de plus de 50 ans demandeurs d'emploi depuis trois mois ou en congé de conversion, bénéficiaires de l'allocation veuvage, jeunes de 18 à 25 ans sans qualification ou au sortir du service national. L'embauche peut se faire sous la forme d'un CDI ou d'un CDD (douze à vingt-quatre mois).

Le contrat de retour à l'emploi concernait les chômeurs âgés de plus de 50 ans et demandeurs d'emploi depuis plus d'un an ou percevant le RMI et sans emploi depuis un an. Cette mesure emploi demeure applicable pour les contrats conclus avant le 1 er juillet 1995.

Les entreprises d'insertion disposent d'une exonération, visant à insérer dans le secteur marchand des personnes sans emploi rencontrant des difficultés sociales et professionnelles particulières (CDD renouvelables deux fois dans la limite de vingt-quatre mois).

Les entreprises de travail temporaire d'insertion bénéficient de la même exonération depuis la loi du 29 juillet 1998.

L'aide à la création et à la reprise d'entreprises (ACRE) est réservée également à des publics particuliers (chômeurs, bénéficiaires du RMI, etc.). Elle est subordonnée à l'accord d'un comité départemental, chargé d'apprécier la viabilité du projet.

Les contrats visant à l'insertion dans le secteur non marchand

Le contrat emploi-solidarité (CES) est un CDD à temps partiel (20 heures par semaine), à destination des mêmes publics que le contrat initiative-emploi, mais employés par les collectivités territoriales, les personnes morales de droit public, les associations, etc. L'exonération est de 100 % dans la limite des 20 heures et du SMIC.

Le contrat emploi consolidé a pris la suite logique du CES, s'adressant au même public, quelque peu élargi, et augmentant la durée minimum de travail à 30 heures.

Les emplois de ville constituaient le pendant des CES pour les jeunes de 18 à 25 ans sans qualification résidant dans les zones urbaines sensibles.

Des exonérations sont également prévues afin de faciliter l'embauche dans des structures très particulières, agréées par nature ou conventionnées par la DDTEFP. Les personnes bénéficiaires de l'aide sociale connaissant de graves difficultés et travaillant dans des structures agréées au titre de l'aide sociale ou assimilées par arrêté (communautés d'Emmaüs) font bénéficier ainsi d'une exonération de 100 %.

Les associations intermédiaires bénéficient également d'une exonération de 100 % des cotisations patronales dans la limite de 750 heures par salarié et par an. Le public visé est identique à celui des entreprises d'insertion et de travail temporaire d'insertion.

e) L'exonération de charges sociales " localisée ", poursuivant un objectif d'aménagement du territoire

L'exonération de cotisations d'allocations familiales pour les entreprises nouvelles créées avant le 31 décembre 1999 et exonérées d'impôts a été instituée par la loi du 20 décembre 1993. Elle est totale pour les rémunérations inférieures à 1,5 SMIC, et de moitié entre 1,5 et 1,6 SMIC.

L'exonération de cotisations d'allocations familiales dans les zones de revitalisation rurale (ZRR) est calculée selon les mêmes règles.

L'exonération de cotisations patronales joue pour les créations d'emplois jusqu'à 50 salariés en ZRR ou en zone de redynamisation urbaine (ZRU). Elle est limitée à une durée de douze mois.

Pour les zones franches urbaines (ZFU) , l'exonération est de 100 % des cotisations patronales, du FNAL et du versement transport, dans la limite du SMIC. L'aide durera cinq ans à compter du 1 er janvier 1997 ou de l'implantation en ZFU ou à compter de l'embauche effectuée entre le 1 er janvier 1997 et le 31 décembre 2001.

L'exonération s'appliquant à la zone franche de Corse est dégressive selon le montant de la rémunération mensuelle. Cette mesure, entrée en vigueur au 1 er janvier 1997, est applicable pendant cinq ans.

Le contrat d'accès à l'emploi est applicable aux DOM et à Saint-Pierre-et-Miquelon. Il est quasiment l'équivalent du contrat initiative-emploi.

L'exonération des entreprises des secteurs de production des DOM , entrée en vigueur le 1 er octobre 1994 et applicable jusqu'au 31 décembre 1999, concerne les établissements situés dans un DOM ou à Saint-Pierre-et-Miquelon dont l'activité (code APE) relève de l'agriculture, de la pêche, de l'industrie, de l'hôtellerie, de la presse ou de la production audiovisuelle.

Le contrat d'insertion par l'activité dans les DOM concerne les allocataires du RMI, conjoint ou concubin, dépendant des agences départementales d'insertion mises en place dans chaque DOM. L'agence peut employer directement ces personnes, ou les mettre à disposition d'utilisateurs (organismes pouvant conclure des CES) pour des tâches d'utilité sociale.

C. LES EXONÉRATIONS DE COTISATIONS DE SÉCURITÉ SOCIALE REPRÉSENTENT UNE " RECETTE " NON NÉGLIGEABLE POUR LA SÉCURITÉ SOCIALE

L'enjeu financier des exonérations a pris une véritable ampleur depuis la création du mécanisme de la ristourne dégressive ; le " bloc " remboursé par le " Fonds de financement de la réforme des cotisations patronales " représente désormais 65 % du montant global des exonérations de charges.

1. Les cotisations " effectives " : une appellation trompeuse

Les exonérations de cotisations représentent pour la sécurité sociale des pertes de recettes. Elles sont traitées -même si l'appellation est trompeuse- dans la catégorie " cotisations effectives " des prévisions de recettes de la loi de financement.

Le Parlement adopte, depuis la création des lois de financement de la sécurité sociale, des " prévisions de recettes par catégorie des régimes obligatoires de base de sécurité sociale et des organismes concourant à leur financement ". Quatre catégories principales ont été distinguées depuis 1996 :

- la catégorie " cotisations effectives " ;

- la catégorie " cotisations fictives " ;

- la catégorie " impôts et taxes " ;

- la catégorie " contributions publiques ".

Les exonérations compensées apparaissent non pas dans la catégorie " contributions publiques " (où l'on retrouve les subventions d'équilibre aux régimes spéciaux, mais également le remboursement de l'allocation adulte handicapé (AAH) et de la majoration de l'allocation de rentrée scolaire (ARS)), mais dans la catégorie " cotisations effectives ".

Votre commission avait soulevé ce problème dans le rapport d'information " Les lois de financement de la sécurité sociale : un acquis essentiel, un instrument perfectible " 34( * ) .

Extrait du rapport de M. Charles Descours
" Les lois de financement de la sécurité sociale ", 1999, p. 93-94.

La Cour des comptes, dans son rapport 1997, proposait au Gouvernement " d'étudier une présentation (...) faisant apparaître séparément les cotisations (sociales) réellement encaissées et les compensations d'exonérations " . La ministre de l'emploi et de la solidarité, répondant à une question de notre collègue M. Emmanuel Hamel, indiquait : " La présentation actuelle comptabilise en effet en cotisations les exonérations prises en charge par l'Etat et les régimes de sécurité sociale, et cela serait, selon la Cour des comptes, " source de confusion ". Cette proposition est actuellement à l'étude, car il est vrai que cette présentation introduit souvent une vision erronée de la structure du financement de la sécurité sociale. La part importante des cotisations dans les ressources de la sécurité sociale ne doit pas cacher qu'en réalité depuis une décennie la part de cotisations à la charge des employeurs a fortement baissé au profit d'un financement par le budget de l'Etat sous forme de " prise en charge de cotisations ". Toutefois la suggestion de la Cour appelle deux remarques. D'une part, la présentation actuelle est conforme aux normes internationales de comptabilité nationale, et, malgré ses inconvénients, elle a le mérite de garantir les comparaisons internationales sur la base de concepts standardisés. Il s'agit bien de " cotisations " prises en charge, calculées pour chaque cotisant, et non de transferts globaux comme le sont les flux de compensation ou les subventions.

D'autre part, la présentation actuellement retenue, tant dans le rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale que dans l'annexe de la loi de financement de la sécurité sociale, distingue clairement les cotisations payées effectivement par les assurés et les employeurs, et les cotisations prises en charge par l'Etat et les régimes de sécurité sociale. Seule l'annexe
[sic] de la loi de financement de la sécurité sociale agrège l'ensemble de ces cotisations en une ligne " cotisations effectives " et pourrait faire l'objet d'une présentation améliorée. "

Le détail de cette catégorie de recettes est précisé à l'annexe d) du projet de loi de financement :

Présentation des cotisations effectives 1998-2000 (ensemble des régimes) avant la discussion du PLFSS 2000

 

1998

1999

2000

Cotisations effectives :

1.050.535

1.073.570

1.113.855

- des actifs

972.506

995.464

1.016.699

Cotisations patronales des salariés

708.114

736.495

749.077

Cotisations salariales des salariés

202.648

195.851

203.144

Cotisations des actifs non salariés

61.744

63.118

64.478

- des inactifs

5.935

5.077

4.926

Cotisations sur revenus de remplacement

5.047

3.670

3.721

Cotisations des autres inactifs

888

1.408

1.205

- d'assurance personnelle

1.349

1.391

1.070

- prises en charge par l'Etat et le FOREC

62.748

64.898

83.908

- prises en charge par la sécurité sociale

7.797

6.739

7.251

- autres cotisations effectives

0

0

0

Source : annexe d) PLFSS 2000, p. 9.

L'expression " cotisations prises en charge par la sécurité sociale " peut également induire en erreur : il ne s'agit pas des exonérations de cotisations non compensées par l'Etat, mais principalement des cotisations des praticiens et auxiliaires médicaux (PAM), prises en charge par les régimes d'assurance maladie.

La loi du 25 juillet 1994 a prévu la compensation intégrale par l'Etat des exonérations de cotisations de sécurité sociale décidées à compter de l'entrée en vigueur de la loi (article L. 131-7 du code de la sécurité sociale). Cette mesure souhaitée par votre commission constitue un acquis essentiel dans la transparence des comptes Etat - sécurité sociale. Les " cotisations effectives " trouvent en loi de finances leur pendant exact, c'est-à-dire des dépenses budgétaires inscrites au budget du ministère de l'emploi et de la solidarité 35( * ) .

Par ailleurs, des exonérations de cotisations de sécurité sociale -correspondant à des mesures antérieures à 1994- restent non compensées, pour un montant prévu de 18,9 milliards de francs en 2000. Ces exonérations n'apparaissent pas dans les " recettes " de la loi de financement.

Exonérations non compensées - prévisions pour 2000

CES

2.903

CES consolidés

2.139

Contrats d'orientation

28

CRE

23

Embauche premier salarié

2.864

Emplois familiaux (exonérations emplois familiaux, chèque emploi-service, aide à domicile)


7.400

Abattement temps partiel

3.100

Autres

500

Total

18.957

Selon le rapport de la Commission des comptes de mai 2000, ces exonérations seraient en progression depuis 1997, en raison principalement du développement des exonérations au titre des emplois familiaux et des associations intermédiaires.

Exonération de cotisations non compensées
1997-2000

(en milliards de francs)

1997

1998

1999

2000

16,3

17,4

18,5

19,0

Source : CCSS mai 2000

2. La création du " fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale " : un bouleversement des règles comptables

Le " fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale ", qui répond à l'abréviation de " FOREC ", a pour but de rembourser aux régimes de sécurité sociale les exonérations de charges sociales liées :

- à la ristourne bas salaires, " étendue " en cas d'accord 35 heures ;

- aux allégements incitatifs de la loi Aubry I ;

- à l'allégement structurel ou forfaitaire de la loi Aubry II.

On notera que le périmètre du fonds ne repose pas sur une philosophie très précise ; il ne retrace pas l'exhaustivité des allégements de charges conditionnées à la réduction du temps de travail, puisque l'allégement de Robien reste en loi de finances.

Ce Fonds est financé par un conglomérat de différentes impositions et une contribution de l'Etat.

" L'équilibre " en 2000 du fonds de financement
de la réforme des cotisations patronales

Recettes

 

Dépenses

 

Droits sur les tabacs

39.500

Ristourne bas salaires

39.500

Taxe générale sur les activités polluantes

3.250

Extension ristourne bas salaires

7.500

Contribution sociale sur les bénéfices

4.250

Allégements incitatifs Aubry I

11.500

Droits sur les alcools

5.600

Allégement forfaitaire Aubry II

6.000

Contribution de l'Etat

4.300

 
 

Taxe sur les heures supplémentaires

(p.m. : annulée par le Conseil constitutionnel)

7.000

 
 

TOTAL

56.900

 

64.500

Conséquence de la création de ce fonds, les 40 milliards de francs correspondant à la compensation de la ristourne bas salaires " disparaissent " du budget de l'Etat. Ainsi, ce qui était auparavant traité comme une dépense du budget de l'Etat devient une recette de la sécurité sociale .

La création du " Fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale " a eu pour conséquence de modifier profondément le traitement comptable des exonérations de charges sociales.

Cette modification n'est intervenue qu'en première lecture à l'Assemblée nationale du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000. M. Jérôme Cahuzac, rapporteur pour avis de la commission des finances, a fait remarquer opportunément au Gouvernement que le fonds était un " organisme concourant au financement des régimes obligatoires de base " au sens du 3° de l'article L.O. 111-3 du code de la sécurité sociale. La première mouture de l'article fixant les prévisions de recettes était contraire à la loi organique du 22 juillet 1996.

Prévisions de recettes par catégorie de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000

(en milliards de francs)

Catégorie de recettes

Montant

PLFSS

2000 initial

Modifications comptables

Montant PLFSS 2000 corrigé

Cotisations effectives

1.106,6

désagrégation du bloc " cotisations prises en charge par l'Etat " : les recettes du FOREC apparaissent en " impôts et taxes "

1.043,7

Cotisations fictives

201,5

 

200,7

Contributions publiques

62,8

intégration " contribution Etat " au FOREC

68,8

Impôts et taxes affectés

461,8

intégration fiscalité affectée au FOREC

516,8

Transferts reçus

4,7

 

4,7

Revenus des capitaux

1,7

 

1,7

Autres ressources

34,1

intégration versement Caisse des Dépôts

37,1

Total des recettes

1.873,2

 

1.873,5

Dès lors, les recettes du fonds ont été comptabilisées dans les prévisions de recettes de la loi de financement.

Les exonérations de cotisations sont désormais éclatées en trois catégories :

- les impôts et taxes affectés au fonds apparaissent désormais dans la catégorie " impôts et taxes affectés " ;

- la " contribution " de l'Etat fait désormais partie de la catégorie " contributions publiques " ;

- le reste des exonérations de cotisations demeure dans la catégorie " cotisations effectives ".

Au regard des finances publiques, six cas de figures existent :

Exonérations des cotisations et finances publiques

 

Loi de financement

Loi de finances

Exonérations de cotisations non compensées

non mentionné

non mentionné

Exonérations de cotisations compensées (cas général)

Catégorie cotisations effectives (sous rubrique : prises en charge par l'Etat)

Inscrites en dépenses

chapitres budgétaires 45-70, 44-70, 44-77

Exonérations de cotisations ristourne bas salaires + RTT

Catégorie Impôts et taxes

Catégorie Contributions publiques

non mentionné

Inscrite en dépenses chapitre 44-77 budgétaire

Le contrôle du Parlement est également " éclaté " :

- il vote l'autorisation de percevoir les impôts et taxes -même celles affectées au FOREC- en loi de finances ;

- il vote les dépenses budgétaires correspondant aux chapitres ;

- il vote les " lignes de recettes " de la loi de financement, les exonérations figurant sur trois lignes différentes.

Le montant des exonérations compensées représenterait 80 milliards de francs en 2000 (pour le seul régime général).

Exonérations compensées

(Source : CCSS septembre 1999)

 

2000
tous régimes

2000
Régime général

Contrat d'apprentissage

4.721

3.678

Contrat de qualification jeune

2.660

2.554

CIE

4.517

4.336

CRE

65

61

Allégement bas salaires et RTT

66.000

63.000

ARTT loi de Robien

3.053

2.931

Contrat de qualification adulte

397

381

Zones franches urbaines

940

940

Zones urbaines et zones rurales

390

195

Zones franches Corse

300

288

Exonérations HCR

350

350

Exonérations AF

386

371

Travailleurs indépendants

15

0

Correspondants locaux de presse

1

0

Insertion par l'économique

non précisé

non précisé

Secteurs de production dans les DOM

1.000

1.000

Total

84.795

80.084

Les dispositifs d'exonération en loi de finances se retrouvent dans trois chapitres budgétaires différents : les chapitres 43-70 (Financement de la formation professionnelle), 44-70 (Dispositifs d'insertion des publics en difficulté) et 44-77 (Compensation de l'exonération des cotisations sociales).

Mesures d'exonération compensées par l'Etat inscrites en loi de finances

 

Loi de Finances 2000
(vert budgétaire)

Contrat d'apprentissage

4.721

Contrat de qualification jeune

2.660

CIE

4.517

CRE

65

Allégement RTT

4.300

ARTT loi de Robien

2.720

Contrat de qualification adulte

397

Zones franches urbaines

900

Zones urbaines et zones rurales

356

Zones franches Corse

300

Exonérations HCR

350

Exonérations AF

460

Travailleurs indépendants

15

Correspondants locaux de presse

1

Insertion par l'économique

381

Secteurs de production dans les DOM

1.000

Total

23.143

Source : Budget voté de 2000 - Emploi et solidarité - I - Emploi

Dénommé en loi de financement " contribution de l'Etat au fonds de financement de la réforme des cotisations patronales ", le versement de l'Etat de 4,3 milliards de francs prend une tout autre appellation en loi de finances : " exonération de cotisations sociales au titre de l'incitation à la réduction du temps de travail ".

Bel exemple d'illisibilité des comptes publics.

L'évaluation de cette contribution (4,3 milliards de francs) correspond aux " retours " pour les finances de l'Etat de la création d'emplois liée aux trente-cinq heures. Une clef de répartition avait, en effet, été définie par le ministère de l'économie et des finances.

Clef de répartition des " retours " pour les finances publiques

UNEDIC

50 %

Sécurité sociale

32 %

Etat

18 %

La contribution de l'UNEDIC, ainsi que la contribution des régimes sociaux ayant été abandonnées, la contribution de l'Etat reste ainsi " orpheline ", perdant toute signification.

La répartition par chapitre budgétaire

Deux logiques différentes président à l'établissement des chapitres budgétaires :

- une logique " fonctionnelle ", regroupant par objectif les crédits du ministère : les exonérations de cotisations font alors partie d'un ensemble plus vaste où l'on retrouve également les dépenses directes assurées par l'Etat ;

- une logique " institutionnelle ", isolant les exonérations de cotisations de sécurité sociale.

Les chapitres 43-70 et 44-70 rendent compte de la logique " fonctionnelle ", tandis que le chapitre 44-77 est consacré exclusivement à des exonérations de cotisations de sécurité sociale.

L'existence des lois de financement de la sécurité sociale plaide pour que la logique " institutionnelle " soit retenue, par un regroupement des exonérations de cotisations dans un seul chapitre budgétaire, correspondant à la ligne prévue à cet effet à l'annexe d) du projet de loi de financement.

Le chapitre 43-70 (Financement de la formation professionnelle) finance notamment les exonérations liées aux contrats d'apprentissage, aux contrats de qualification jeunes et aux contrats de qualification adultes.

Le chapitre 44-70 (Dispositifs d'insertion des publics en difficulté) est constitué pour partie des exonérations liées aux contrats initiative-emploi, à l'insertion par l'économique (entreprises d'insertion, associations intermédiaires et entreprises d'intérim insertion), et aux contrats de retour à l'emploi.

Le chapitre 44-77 (Compensation de l'exonération des cotisations sociales) finance la " contribution " de l'Etat au fonds de financement, les exonérations de Robien, les exonérations zones rurales, zones urbaines et zones franches, les exonérations spécifiques à la zone franche Corse, les exonérations prévues pour les correspondants locaux de la presse régionale ou départementale, les exonérations au titre de l'article L. 241-14 (hôtels, cafés, restaurants), les exonérations liées aux secteurs de production dans les DOM, les exonérations de cotisations d'allocations familiales, les exonérations prévues pour les travailleurs indépendants créant ou reprenant une activité...

Les mesures emploi sont " évaluées ", dans des conditions qui apparaissent parfois plus " politiques " que réellement " statistiques ". Il apparaît difficile d'évaluer la montée en charge, le succès ou le demi-échec de tel ou tel dispositif. L'exemple désormais célèbre est celui de la ristourne bas salaires, dont le succès en 1997 a surpris le ministère de l'emploi et de la solidarité 36( * ) .

La prévision des dépenses du " fonds de financement de la réforme des cotisations patronales " a été probablement très généreuse, ce qui explique l'absence de disposition prise par le ministère de l'emploi et de la solidarité à la suite de la disparition, pour cause d'inconstitutionnalité, de la taxe sur les heures supplémentaires.

Les informations transmises par l'ACOSS en février 2000, si elles correspondent au montant global prévu par les lois de finances et de financement (80 milliards de francs), sont parfois, dans le détail, sensiblement différentes.

Exonérations compensées du régime général en 2000

 


(source ACOSS - février 2000)


(source CCSS -septembre 1999)

Contrat d'apprentissage

3.913

3.678

Contrat de qualification jeune

2.562

2.554

CIE

4.551

4.336

CRE

85

61

Allégement bas salaires et RTT

61.315

63.000

ARTT loi de Robien

3.100

2.931

Contrat de qualification adulte

non précisé

non précisé

Zones franches urbaines

1.261

940

Créations d'emploi en ZRR

245

195

Créations d'emploi en ZRU

85

 

Zone franches Corse

285

288

Exonérations HCR

350

350

Exonérations AF

451

371

Insertion par l'économique

381

non précisé

Exonérations DOM

1.313

1.000

Total

80.022

79.704

L'écart le plus significatif est relatif aux allégements bas salaires et RTT (presqu'1,7 milliard de francs d'écart).

On remarquera aussi l'incertitude liée à l'exonération de Robien ; l'ACOSS l'estime à 3,1 milliards de francs pour le seul régime général, alors que la loi de finances n'a finalement prévu que 2,72 milliards de francs (cf. vert budgétaire).

Enfin, le montant des exonérations " Insertion par l'économique " (381 millions de francs selon l'ACOSS) n'a pas été précisé par le rapport fourni à la Commission des comptes de septembre 1999.

Le total des exonérations prises en charge et non prises en charge avoisine pour la première fois le montant de 100 milliards de francs.

Exonérations prévues en 2000 (régime général)

- Cotisations prises en charge par l'Etat

17.200 + 4.300 = 21.500

- Cotisations prises en charge par le FOREC

63.000 - 4.300 = 58.700

- Cotisations non prises en charge

19.000

TOTAL

99.200

N.B. : La " contribution de l'Etat au FOREC " a été individualisée.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page