TROISIÈME PARTIE
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LA GESTION DES EXONÉRATIONS
DE COTISATIONS DE SÉCURITÉ SOCIALE

Les débats parlementaires sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 ont principalement porté sur le financement des trente-cinq heures et la création du " fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale " . A cette occasion, votre commission avait dénoncé " la confusion entre politique de l'emploi et financement de la sécurité sociale " .

L'économie générale du dispositif, morcelée entre trois textes différents (loi de financement de la sécurité sociale, loi de finances, loi sur la réduction du temps de travail), était difficilement lisible. De plus, le 13 janvier 2000, dans sa décision sur la loi sur la réduction du temps de travail, le Conseil constitutionnel a annulé la taxe sur les heures supplémentaires, dont le produit -estimé à 7 milliards de francs- représentait plus de 10 % des recettes du Fonds.

Jusqu'à présent, les exonérations de cotisations sociales étaient soit ciblées (et donc incitatives), soit générales dans le cadre de l'abaissement des charges sur les bas salaires.

La réduction du temps de travail -en dehors même du coût financier supplémentaire qu'elle représente 31( * ) - a introduit un mélange des genres en instaurant un mécanisme pérenne d'allégement des charges en contrepartie d'un accord 35 heures. Si la loi n° 98-461 du 13 juin 1998 d'orientation et d'incitation relative à la réduction du temps de travail (dite loi Aubry I) s'inscrit encore dans un système incitatif et sous conditions, la loi n° 2000-37 du 19 janvier 2000 relative à la réduction négociée du temps de travail (dite loi Aubry II) s'apparente à la juxtaposition d'une contrainte -la RTT- et d'une mesure d'allégement des charges sur les bas salaires. La philosophie des dispositifs d'exonération de cotisations est ainsi profondément modifiée. Cette confusion caractérise désormais non seulement la politique menée, sa mise en oeuvre sur le terrain par les URSSAF et les services déconcentrés du ministère de l'emploi et de la solidarité, mais également son évaluation et son contrôle par le Parlement, à travers une présentation budgétaire (en loi de financement de la sécurité sociale et en loi de finances) particulièrement complexe.

En outre, les aides aux trente-cinq heures et l'équilibre du Fonds de financement ont été conçues dans un contexte financier très particulier : celui du " retour pour les finances publiques ", et singulièrement pour les organismes de protection sociale (UNEDIC et régimes obligatoires de base) 32( * ) . Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, opposait volontiers la ristourne Juppé, dont les effets sur l'emploi étaient incertains, et le mécanisme Aubry I, permettant la comptabilisation administrative " un par un " des emplois créés ou sauvegardés.

Avec le mécanisme Aubry II, cette comptabilisation est définitivement impossible ; mais la théorie du " retour " n'a pas été abandonnée.

Aussi a-t-il paru à votre Commission utile de faire le point sur la façon dont concrètement cette politique était mise en oeuvre et comment ses résultats pouvaient être appréciés.


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