DEUXIÈME PARTIE :

OBSERVATIONS DES COMMISSIONS PERMANENTES

Comme chaque année, les six commissions permanentes du Sénat ont établi un bilan de l'application, en fin d'année parlementaire (30 septembre), des lois relevant de leur champ respectif de compétences. Ces bilans, fort complets, donnent lieu à une communication du président de chaque commission, dont on trouvera le compte rendu en annexe au présent rapport.

Les observations formulées par les commissions permanentes permettent d'attirer l'attention sur les carences les plus regrettables. Mais elles aboutissent aussi, dans des cas spécifiques, mais bien trop rares, à des conclusions positives.

Cette année, il est nécessaire, à titre liminaire, d'insister sur la portée de trois phénomènes.

1) De très nombreux textes réglementaires ont été publiés entre les deux tours de l'élection présidentielle (21 avril - 5 mai 2002). Comme d'habitude, le Premier ministre cherche à solder sa gestion.

Ainsi en a-t-il été de la réforme du licenciement économique, incluse dans la loi du 17 janvier 2002 de modernisation sociale.

Trois décrets, du 3 mai 2002, assortis d'une volumineuse circulaire, ont été publiés au Journal Officiel du 5 mai 2002, portant respectivement :

- sur le doublement du montant des indemnités ;

- sur les modalités du recours à un médiateur en cas de désaccord, entre l'entreprise et les syndicats, sur la mise en oeuvre des plans sociaux ;

- sur les conditions du congé de reclassement dans les entreprises de plus de 1 000 salariés.

Mais ce qui a été fait peut toujours être défait.

Le gouvernement actuel a ainsi décidé de présenter un projet de loi suspendant plusieurs articles de cette même loi de modernisation sociale. Ne vaut-il pas mieux agir ainsi, plutôt que de laisser s'embourber le suivi réglementaire, comme cela fut, pendant cinq ans, le cas de la loi du 25 mars 1997 sur les plans d'épargne-retraite ?

La commission des finances souligne les progrès constatés dans l'application des lois, attribuant peut-être leur origine au changement de législature, « le gouvernement précédent souhaitant accélérer l'entrée en vigueur de mesures pouvant être confrontées à l'incertitude des élections législatives ».

2) On observe, d'une façon générale que le recours, de plus en plus fréquent depuis deux années parlementaires, à des textes de loi au contenu disparate, affecte tout bilan du suivi réglementaire : tel est bien le cas de l'application de la loi du 17 juillet 2001 portant diverses dispositions d'ordre social, éducatif et culturel, dont le recensement de la publication des innombrables décrets à venir tend, comme le signale la commission des affaires sociales , « à introduire un élément de cohérence » sur des dispositions pourtant très étrangères, par leur contenu, les unes aux autres.

3) Il serait souhaitable de poursuivre et d'amplifier les voies de concertation entre les parlementaires et les ministres en charge du suivi réglementaire. Ces derniers devraient d'ailleurs veiller, plus fréquemment, à publier des échéanciers de sortie des textes.

Ceci dit, les observations des commissions permanentes confirment les évolutions suggérées par les statistiques et ne marquent pas de rupture avec les lourdes tendances antérieures :

- on identifie quelques exemples, occasionnels, de bonnes pratiques ;

- on assiste, attristé, à la sortie, après de trop longs délais, de textes d'application, sous l'effet de facteurs traditionnels, constituant autant de blocages ;

- on ne perçoit pas de réelle amélioration sur le suivi réglementaire des lois votées après déclaration d'urgence, et, comme à l'accoutumée, la procédure censée accentuer la célérité de la publication des textes ne produit pas les effets escomptés ;

- on déplore les carences de publication, par le gouvernement, des rapports demandés par le Parlement ;

- on souligne toutes les vertus de l'opiniâtreté des sénateurs à contrôler les conditions de l'application des lois.

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