Appartenance politique :
Membre du Groupe du Rassemblement pour la République
État civil :
Né le 9 octobre 1906
Décédé le 21 février 2001
Profession :
Inspecteur principal des Douanes
Département :
Martinique
Vème République

Ancien sénateur de la Ve République


Travaux parlementaires

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République

MARIE-ANNE (Georges)

Né le 9 octobre 1906 au Carbet (Martinique)

Décédé le 21 février 2001 à la Martinique

Sénateur de la Martinique de 1959 à 1977

Né le 9 octobre 1906 à la Martinique, Georges Marie-Anne intègre la fonction publique après des études secondaires, qui l'ont mené jusqu'au baccalauréat, et un service militaire dans l'infanterie de marine et les transmissions. Il est nommé vérificateur des douanes puis inspecteur central dans le même service. C'est par l'action syndicale qu'il accède à la politique. Secrétaire général adjoint du Syndicat du personnel sédentaire des douanes, il devient après guerre secrétaire général du puissant Cartel des syndicats de fonctionnaires et agents des services publics de l'Etat, du département et des communes exerçant à la Martinique. Il publie plusieurs articles dans le Journal du Cartel et dans la revue Dialogue, notamment en novembre 1957 une étude socio- économique intitulée « La Martinique dans la conjoncture » qui retient l'attention du public local. Il entre également au Comité de coordination des syndicats de fonctionnaires des DOM. Candidat aux élections municipales partielles de Fort-de-France le 10 février 1957, il accède au conseil municipal et se voit réélu lors des élections municipales du 8 mars 1958. Il siège dans cette assemblée jusqu'en 1962. Il se présente sans succès aux sénatoriales du 22 juin 1958 mais est élu au deuxième tour lors des sénatoriales du 26 avril 1959. Sans être inscrit à aucun parti politique, Georges Marie-Anne ne cache pas ses sympathies pour le général de Gaulle revenu au pouvoir l'année précédente. Il est vrai que le nouveau sénateur affiche depuis toujours son engagement assimilationniste, c'est-à-dire milite pour l'intégration pleine et entière de la Martinique dans le giron français (acquise sur le plan constitutionnel par la départementalisation de 1945). Or, cette ligne politique, après avoir été défendue par le parti communiste jusqu'en 1955, est désormais portée par le courant gaulliste.

Au Palais du Luxembourg, Georges Marie-Anne est nommé le 8 octobre 1959 membre de la commission des affaires sociales. Il y siège jusqu'à son départ du Sénat en 1977. Efficace défenseur des intérêts ultramarins, il intervient régulièrement lors des débats sur le projet de loi de finances en veillant à ce que les Martiniquais et plus généralement les Antillais ne soient pas oubliés de la Métropole. Son action couvre prioritairement trois domaines. Tout d'abord les questions sociales et plus précisément familiales : l'ancien syndicaliste fait en sorte que les Antillais bénéficient de la totalité des prestations familiales attribuées aux Métropolitains (allocations familiales, supplément familial de traitement, etc.). Les questions douanières ensuite : l'ancien inspecteur central des douanes veille à ce que le régime de licences d'importation n'affaiblisse pas l'activité économique insulaire mais la protège d'une concurrence déloyale. Les questions agricoles, enfin : Georges Marie-Anne défend les petits producteurs de bananes, ananas et cannes à sucre contre la menace grandissante de la concurrence africaine (notamment de la Côte d'Ivoire dans le cadre des accords de Lomé) et contre les aléas climatiques (demandant par exemple le soutien de l'Etat après les ravages du cyclone en septembre 1963). Nommé secrétaire du Sénat le 5 octobre 1965, il est facilement réélu sénateur dès le premier tour le 22 septembre 1968 sur une liste UDR.

Apparenté au groupe UDR, il s'inscrit au groupe RPR le 2 avril 1977 et intègre le comité central du parti gaulliste en mai de la même année. Nommé secrétaire de la commission des affaires sociales le 4 octobre 1974, il est élu vice-président du Sénat le 6 avril 1976. Cet inlassable défenseur de l'agriculture antillaise sait jouer de ses amitiés politiques en Métropole pour défendre les causes qui lui sont chères. Avec son ami le sénateur UDR François Duval, il est ainsi reçu en 1969 par le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas et obtient de ce dernier que le rhum martiniquais bénéficie dans le cadre du Marché commun du label « appellation contrôlée ». Il multiplie les coups médiatiques pour faire connaître les produits ultra-marins à Paris. En décembre 1969, il parvient ainsi à faire entrer le rhum martiniquais à l'Elysée après avoir fait constater à Georges Pompidou que la France était le seul pays du Marché commun à ne pas offrir de punch martiniquais lors de ses réceptions officielles...

Le sénateur cumule les responsabilités au sein de diverses institutions. Il est désigné en août 1961 comme membre de la délégation française à l'organisation des Caraïbes. En 1968, il est élu par les maires des DOM pour les représenter au comité directeur du Fonds d'action locale. Fin 1973, il rejoint comme membre de droit le nouveau Conseil régional de la Martinique. Il préside la commission de synthèse et de financement de cette même institution, ainsi que sa commission de développement économique et sociale. Dans les années 1960, il publie divers articles dans L'Almanach de la Martinique et le Courrier du Parlement dans lesquels il expose la place des DOM-TOM au sein du Marché commun et se fait connaître des milieux économiques par une étude intitulée « Vérités sur la conjoncture martiniquaise » qui actualise sa réflexion de 1957. Il correspond aussi avec le journal Combat de Fort-de-France qui défend la « départementalisation des vieilles colonies ». Il en devient le directeur en 1968. Au début des années 1970, il signe quelques textes dans le périodique gaulliste Le Démocrate. Il est régulièrement sollicité pour s'exprimer sur les Antilles dans diverses revues françaises et étrangères. Il évoque ainsi son département dans la revue Armée et Défense et s'exprime sur « Les Antilles françaises d'Amérique » dans le National Geographic.

Durant ses deux mandats au Sénat, Georges Marie-Anne ne cesse de défendre et illustrer ses convictions assimilationnistes. Avec les députés gaullistes et indépendants comme Camille Petit, Victor Sablé et Michel Renard, et les sénateurs Edmond Valcin et Roger Lise, il pourfend les prises de positions autonomistes, voire indépendantistes de leurs adversaires. Ainsi les déclarations autonomistes du député-maire de Fort-de-France, Aimé Césaire, à l'occasion de la visite aux Antilles du ministre Billotte début avril 1968, le font réagir vivement. Il dénonce dans L'Aurore du 8 avril 1968 (et y revient lors d'une séance au Sénat le 7 novembre 1972) « une poignée d'intellectuels atteints de ce virus qui s'appelle l'africanite » et leur reproche de s'obstiner à définir le problème des Martiniquais comme politique alors qu'il serait, selon lui, de nature socio-économique et trouverait sa solution « dans le grand ensemble national qu'est la République française ». La rivalité avec le Parti progressiste martiniquais et le parti communiste se poursuit tout au long des années 1970. La thèse défendue par le sénateur Marie-Anne est toujours la même : l'autonomie serait une régression par rapport à la départementalisation de 1945 et conduirait le département vers une indépendance rejetée par une majorité d'insulaires et économiquement suicidaire. La Martinique, qui dépend de la solidarité nationale, entretient avec la Métropole « des liens d'histoire, de coeur et d'intérêt » (France-Antilles, 2 mars 1973).

Le sénateur s'inquiète régulièrement de la montée du chômage à la Martinique, surtout après la crise de 1973, et qui affecte plus particulièrement les jeunes sans qualifications. Pour ces 40 000 chômeurs ne bénéficiant souvent d'aucune aide directe ou indirecte, la situation est de plus en plus délicate et alimente une certaine radicalité politique et syndicale. Georges Marie-Anne fait partie de ceux qui demandent au Gouvernement la mise en place d'une organisation aidant et encadrant les Martiniquais désireux de travailler en Métropole. Cela aboutit au lancement, en 1961, du BUMIDOM (bureau pour la migration des DOM), qui favorise l'accès annuel de 2 500 jeunes Martiniquais au marché du travail métropolitain. Mais cette structure est coûteuse et Georges Marie-Anne s'efforce à partir de 1976 d'augmenter les ressources financières de la Martinique via une proposition de loi adoptée par le Sénat le 22 juin 1976 et augmentant légèrement les recettes fiscales des conseils régionaux en Outre Mer. Le sénateur garde toutefois à l'esprit la nécessité pour les DOM de conserver leur main d'oeuvre locale, ce qui suppose de diversifier l'économie insulaire en développant notamment les secteurs de l'agriculture et du petit équipement.

Georges Marie-Anne s'insurge régulièrement contre les injustices fiscales dont souffrent notamment les fonctionnaires martiniquais par rapport aux métropolitains. Il dénonce ainsi le fait que la loi du 22 août 1946 portant réforme du régime des prestations familiales en Métropole n'ait pas été appliquée aux DOM. Un fonctionnaire servant en TOM ou en coopération à l'étranger bénéficie d'une majoration de traitement ainsi que du droit aux allocations prénatales, le même servant en DOM n'y a pas droit. Pour le sénateur martiniquais, ce « régime byzantin » trahit la mauvaise volonté du Gouvernement à l'égard des insulaires. Les mêmes droits donc, mais aussi les mêmes devoirs. Georges Marie-Anne insiste pour que le service militaire, qui jusqu'alors restait très virtuel aux Antilles (faute de crédits, l'appelé était souvent renvoyé à sa famille au bout de deux jours de caserne), devienne effectif. Le service militaire permet, selon lui, d'améliorer l'apprentissage professionnel du jeune Martiniquais qui profitera de son séjour en caserne pour découvrir un métier. Il émancipe aussi le jeune en l'arrachant à l'influence jugée excessive du milieu maternel. Georges Marie-Anne insiste en effet beaucoup sur l'influence, à ses yeux néfaste aux Antilles, de « la matriarcalité ». Lors d'une séance du 28 juin 1966, il pose les bases du problème. Si dans les DOM, le taux de fécondité est deux fois plus élevé qu'en Métropole, le taux de nuptialité y est d'un tiers inférieur. L'âge moyen au mariage y est de 31 ans pour 23 ans en Métropole. Il naît donc beaucoup d'enfants, mais la part des enfants illégitimes est très importante. Pour l'élu, rien de bon ne peut advenir pour un enfant « grandi dans un milieu matrifocal marqué par le passage épisodique de concubins ». Il demande donc au Gouvernement d'inciter à la formation d'unions légitimes par l'institution d'une prime de nuptialité et l'octroi de prêts au mariage financés sur les ressources du fonds d'action sociale obligatoire particulier aux DOM créé par l'article 19 de la loi de finances rectificative du 31 juillet 1963. Il obtient finalement gain de cause, le Gouvernement instaurant cette prime par l'intermédiaire de la Sécurité sociale, indépendamment du prêt destiné à inciter les jeunes à se marier.

Au Sénat, Georges Marie-Anne est absent lors du vote le 4 février 1960 de la loi autorisant le Gouvernement à prendre certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'Etat, à la pacification et à l'administration de l'Algérie. Il approuve la loi du 13 juillet 1965 portant réforme des régimes matrimoniaux et celle du 28 décembre 1967 - loi Neuwirth - relative à la régulation des naissances et abrogeant les articles L. 648 et L. 649 du code de santé publique. Il vote la loi du 5 juillet 1972 portant création et organisation des Régions et la loi Royer du 27 décembre 1973 d'orientation du commerce et de l'artisanat. Il approuve la loi du 5 juillet 1974 fixant à 18 ans l'âge de la majorité ainsi que la loi Veil du 17 janvier 1975 relative à l'interruption volontaire de grossesse. Il soutient enfin la loi du 11 juillet 1975 portant réforme du divorce.

Âgé de 70 ans, Georges Marie-Anne ne se représente pas aux élections sénatoriales de 1977. Il se retire de la vie publique et décède dans sa 95e année. Sa mémoire paraît de nos jours quelque peu oubliée en Martinique. Il est vrai que son engagement assimilationniste radical est aujourd'hui contesté à l'heure de l'hommage rendu par toute une île au poète disparu Aimé Césaire et à son exaltation de l'identité martiniquaise.

Elu le 26 avril 1959
Réélu le 22 septembre 1968
Fin de mandat le 2 octobre 1977 (ne se représente pas)

Vice-président du Sénat
Secrétaire du Sénat
Secrétaire de la commission des affaires sociales

Membre de la commission des affaires sociales
Membre du Groupe du Rassemblement pour la République

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de Georges MARIE ANNE

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