5. Un accès très inégal à la formation

Force est de noter que la loi de 1971 n'a pas contribué à améliorer de manière sensible la situation des moins diplômés : si 43 % des cadres ont recours à la formation professionnelle continue, ce taux n'est que de 22 % pour les ouvriers qualifiés, de 14 % pour les ouvriers non qualifiés et seulement de 2,5 % pour ceux employés dans des entreprises de moins de 50 salariés 2 ( * ) .

Ce constat est d'autant plus regrettable que la formation professionnelle peut contribuer à l'évolution de l'entreprise, à l'employabilité interne, mais aussi à la mobilité professionnelle.

La récente étude menée par le CEREQ à partir d'une enquête de l'INSEE " Formation continue 2000 " répartit par objectifs les quelque 9 millions de personnes de moins de 65 ans, soit 28 % du total, sorties du système scolaire, qui ont suivi au moins une action de formation entre janvier 1999 et février 2000 :

- pour 69 % de l'ensemble, et 80 % des actifs, l'objectif poursuivi est de s'adapter à l'emploi ;

- pour 10 % des formés et plus de la moitié des chômeurs, il s'agit de changer d'emploi ou d'en obtenir un ;

- 8 % des formés ont pour objectif l'acquisition d'un diplôme ou d'une qualification, soit 700 000 personnes.

L'enquête révèle en outre que 25 % des formations à visées professionnelles sont prises en tout ou en partie en dehors du temps de travail.

Les tableaux ci-après font apparaître les taux d'accès à la formation continue, par catégorie socioprofessionnelle, par statut et par sexe :

TAUX D'ACCÈS DES CATÉGORIES SOCIOPROFESSIONNELLES
À LA FORMATION CONTINUE

Ouvriers non qualifiés :

14 %

Ouvrier qualifiés :

22,2 %

Employés :

24 %

Techniciens :

45 %

Cadres :

43,2 %

Ensemble :

28,8 %

TAUX D'ACCÈS À LA FORMATION CONTINUE
(EN % DE CHAQUE CATÉGORIE)

Salariés du secteur public

Hommes :

Femmes :

45 %

45 %

Salariés du secteur privé

Hommes :

Femmes :

32 %

30 %

Chômeurs

Hommes :

Femmes :

22 %

23 %

Travailleurs indépendants

Hommes :

Femmes :

17 %

22 %

Inactifs

Hommes :

Femmes :

11 %

9 %

Ensemble

Hommes :

Femmes :

29 %

26 %

Par ailleurs, si les salariés non qualifiés sont susceptibles d'occuper des postes qualifiés, ils ne peuvent le faire que dans leur entreprise d'origine grâce à la promotion interne ; s'ils se retrouvent sur le marché du travail, ils éprouvent les plus grandes difficultés à faire valoir leurs années d'expérience acquise " sur le tas " et sont les plus touchés par le chômage, comme en témoigne le tableau ci-après :

TAUX DE CHÔMAGE SELON LE DIPLÔME

1996

2000

Sans diplôme ou CEP

17,2 %

16,2 %

BEPC, CAP, BEP

11,4 %

9,4 %

Baccalauréat

10,4 %

8,9 %

Bac + 2

7,5 %

5,3 %

Diplôme supérieur

7,4 %

5,7 %

Le chômage des non-qualifiés reste ainsi à un niveau élevé en dépit de la relance récente de la croissance économique et des pénuries de main d'oeuvre qui se manifestent dans nombre de secteurs d'activité.

Nul doute qu'un développement de la validation des acquis professionnels permettrait en partie de répondre à cette situation, même si l'obtention d'un diplôme ne saurait apparaître comme la panacée.

On rappellera, comme il a été dit, que les syndicats veulent encore aller plus loin et demandent l'instauration d'un droit individuel et transférable à la formation continue, les employeurs se rangeant à une formule moins ambitieuse consacrant un droit à la qualification.

* 2 S'agissant du taux d'accès à la formation selon les secteurs, celui-ci est proche de 50 % dans les banques et les assurances mais seulement de 8  % dans le bâtiment. Par ailleurs, seules 10 % des très petites entreprises organisent une formation alors qu'elles emploient un quart des salariés. Enfin, les femmes accèdent moins que les hommes à la formation, notamment parce qu'elles occupent les emplois les moins qualifiés dans les PME : dans ce domaine, on est loin de la parité...

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