B. LA GUADELOUPE : LE CLIMAT SOCIAL, UN FREIN POUR L'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE

La plupart des secteurs d'activité ont connu un exercice 2001 en léger retrait par rapport à l'année 2000. Les conditions climatiques ont été mauvaises et les entraves habituelles ont persisté tant en ce qui concerne les conflits sociaux -nombreux et longs- que l'organisation des marchés.

1. Une activité en demi-teinte

La filière de la banane -premier produit d'exportation pour la Guadeloupe, en volume comme en valeur- a souffert de la sécheresse, le manque d'infrastructures en matière d'irrigation rendant cette culture très vulnérable aux aléas climatiques. Néanmoins, les exportations vers la métropole ont continué de progresser, mais à un rythme moindre (+ 2,87 % en 2001 au lieu de + 5,36 % en 2000).

La culture de la canne à sucre progresse depuis 1990 et représente près de 29 % de la surface agricole utile (SAU). En raison de la sécheresse, 510.585 tonnes de canne ont été récoltées et broyées soit une baisse de 24 %, mais l'amélioration du rendement moyen a permis d'enregistrer une perte proportionnellement moins forte, s'agissant de la récolte du sucre. En outre, en 2001, la commercialisation du rhum enregistre une baisse importante (- 29,7 % en raison de la baisse tant des exportations que des ventes sur le marché local).

Selon la direction régionale des affaires maritimes, la production halieutique est restée stable en 2001. Mais l'aquaculture et la pêche ne permettent toujours pas de couvrir les besoins de la consommation locale estimée entre 13.000 et 15.000 tonnes par an. Le secteur de la pêche reste très insuffisamment structuré, et l'importance du travail non déclaré nuit à cette réorganisation. Les structures de commercialisation restent traditionnelles et éclatées sur 150 ports de débarquement, ce qui nuit à la nécessaire amélioration des conditions sanitaires.

L'activité industrielle en 2001 aura été en demi-teinte et marquée par les conflits sociaux. Ainsi, l'activité a enregistré un net repli, suite au blocage du port de Jarry et aux grèves à EDF.

Le secteur du BTP se caractérise par une faible activité en 2001, hormis lors du dernier trimestre qui marque une amélioration de la conjoncture. Ainsi, les budgets consacrés à la construction de bâtiments publics régressent fortement (- 28,6 % en 2001).

S'agissant du tourisme, qui constitue l'un des axes de développement de la Guadeloupe, les résultats de l'année 2001 sont décevants. Le département souffre d'une perte d'intérêt, du fait d'une promotion insuffisante et surtout d'une image de marque qui s'est fortement dégradée, en raison notamment de la succession de conflits sociaux paralysant l'activité économique et d'un climat d'insécurité largement répandu. En outre, les structures hôtelières sont vieillissantes et les professionnels cherchent à se désengager. Ainsi, plusieurs hôtels n'ont pas trouvé de repreneur après une fermeture ou une liquidation judiciaire, et le groupe Nouvelles-Frontières se retirerait également de la Guadeloupe. Il faut noter, dans ce secteur, le poids de la masse salariale (47 % du chiffre d'affaires), ratio le plus élevé de la zone Caraïbe et plus élevé qu'en métropole.

Parmi les arguments avancés par les professionnels pour expliquer les raisons de la crise touristique profonde constatée en Guadeloupe, il faut citer la perte d'attrait de l'île, la cherté et l'insuffisance des dessertes aériennes, ainsi que l'insuffisante productivité des moyens en personnel.

Comme la Martinique, et malgré la constante augmentation du tourisme de croisière, la Guadeloupe connaît une baisse de fréquentation générale depuis plusieurs années. Outre la politique commerciale « très agressive » pratiquée par les voisins de la Caraïbe, la Guadeloupe doit également prendre en compte la percée de l'Amérique Centrale et de l'Amérique Latine qui se sont équipées d'installations portuaires performantes et adaptées à la clientèle nord américaine.

2. Une relative amélioration de l'emploi

La baisse du nombre de demandeurs d'emploi se poursuit en 2001 (- 5,2 %) même si le taux de chômage reste encore élevé (23,6 %).

Ce sont les jeunes de moins de 25 ans qui bénéficient le plus de cette diminution (- 14,1 % entre 2001 et 2000) en partie grâce à leur niveau de formation et à la mise en place des mesures favorisant l'emploi des jeunes. Le chômage de longue durée diminue également, ce qui traduit l'impact positif des dispositifs d'aide à l'emploi.

Le nombre des bénéficiaires du RMI s'élève à 30.123 en 2001 en hausse de 2,7 %, et représente désormais 15,68 % de la population active .

3. Une balance commerciale structurellement déficitaire

En millions d'euros

1999

2000

2001

Variations 2001/2000

Importations

1 580

1 820

1 835

+ 0,82 %

Exportations

144

138

169

+ 22,46 %

Balance commerciale

- 1 436

- 1 681

- 1 666

+ 0,89 %

Taux de couverture

9,1 %

7,6 %

9,2 %

Source : Direction générale des douanes

Le solde commercial reste structurellement déficitaire, évoluant d'année en année au gré du niveau des productions agro-industrielles.

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