CHAPITRE PREMIER -

PANORAMA DE L'OUTRE-MER

I. L'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE DES DÉPARTEMENTS D'OUTRE-MER, SAINT-PIERRE ET MIQUELON ET MAYOTTE

A. LA MARTINIQUE : LA POURSUITE DE L'AMÉLIORATION, EXCEPTÉ DANS LE SECTEUR DU TOURISME

En 2001, comme en 2000, un calme social relatif a prévalu dans l'île. La hausse des prix -quoique supérieure à celle de la métropole (+ 2,4 %)- est restée maîtrisée.

Sur le plan sectoriel, la mise en oeuvre de la loi d'orientation pour l'outre-mer s'est traduite par un certain nombre de dispositifs d'appui aux secteurs productifs, mais l'activité touristique enregistre une chute importante de fréquentation pour la troisième année consécutive.

1. L'activité des principaux secteurs économiques

En matière agricole, la valorisation de la production agricole végétale et animale atteignait 307,1 millions d'euros en 2000, en progression de 7 % par rapport à 1999. Ceci résulte d'évolutions contrastées avec une forte valorisation de la production végétale mais une diminution sensible de la valeur de la production animale.

En 2000, la production brute de bananes -une des principales ressources économiques de l'île- a progressé de 4 % et sa valorisation, estimée à 164,3 millions d'euros, a progressé de 16 % grâce à la remontée des cours.

Le rendement annuel moyen s'est amélioré avec la mécanisation et l'amélioration des techniques appliquées dans les plantations. Ceci a été notamment permis par les appuis à l'investissement pour la filière banane dans le cadre du contrat de plan. En 2001, l'aide publique totale pour l'investissement a atteint 1,6 million d'euros dont 1,3 financé par le FEOGA.

On note également des efforts faits par la profession pour se regrouper et promouvoir une stratégie d'images et faciliter la politique de commercialisation. Mais les perspectives restent préoccupantes pour les producteurs antillais du fait de la suppression des contingents tarifaires à compter de 2006.

Avec 5.727 tonnes de sucre roux produit, soit une augmentation de 4 % par rapport à 2000, la production est pour l'essentiel commercialisée sur le marché local et elle couvre 40 % de la consommation.

La production de rhum traditionnel est en hausse significative depuis 1996, date à laquelle le rhum de Martinique a obtenu l'appellation d'origine contrôlée. Elle s'est orientée vers des produits de haut de gamme à forte valeur ajoutée. L'impact commercial de cet AOC s'est fortement amplifié au cours des trois dernières années.

En 2001, la production d'alcool pur est restée équivalente à celle de 2000 et le faible tonnage de cannes destinées à l'usine - malgré leur très bonne qualité - a pénalisé la production de rhum industriel. Les ventes en direction de la métropole ont continué de progresser (+ 6 %) et représentent plus de la moitié des ventes de rhum. Le volume des ventes locales, grâce au tourisme, a poursuivi également sa progression.

La branche du BTP en Martinique -cinquième activité de l'île- a bénéficié, en 2001, d'une conjoncture favorable mais un ralentissement a été observé en fin d'année qui pourrait se prolonger en 2002. Ainsi, on note la forte diminution du nombre d'appels d'offre publiés en fin d'année, alors que les grands chantiers publics, en cours d'exécution, sont quasiment achevés.

Le secteur de la distribution a également poursuivi sa croissance, et plus particulièrement les hypermarchés.

Depuis 1998, la baisse de la fréquentation touristique en Martinique est continue avec près de 300.000 visiteurs de moins sur quatre ans. En 2001, le recul est très préoccupant puisqu'il atteint 18,6 % touchant toutes les catégories de touristes à l'exception de l'hébergement en mer. Pour la première fois depuis 1997, le nombre d'hébergement à terre est inférieur à 500.000.

S'agissant du tourisme d'excursion, qui concerne les personnes demeurant moins de 24 heures dans l'île, le nombre de visiteurs est estimé à 249.520 en chute de 30,2 %. Sont avancées -pour expliquer ce recul continu depuis trois ans- des raisons liées à des infrastructures inadaptées, le manque de choix et de professionnalisme pour l'organisation des excursions à terre et des problèmes de sécurité.

L'absence d'attractivité de la destination des Antilles est d'autant plus dommageable que le marché mondial de la croisière est en pleine expansion (+ 8 % par an), notamment dans la Caraïbe.

De plus, la fin de l'année 2001 a été fortement marquée par les conséquences des attentats du 11 septembre, ce qui laisse augurer de mauvais résultats en 2002. La situation économique du secteur est très préoccupante, et on constate que les principaux opérateurs et groupes hôteliers réduisent leur activité à l'instar de Nouvelles Frontières ou encore d'Accor, groupe qui envisagerait de se désengager de la Martinique en mars 2003.

Au-delà des causes conjoncturelles clairement identifiées, l'insuffisante desserte de la destination -et les aléas qui pèsent sur la poursuite de l'activité d'Air Liberté aggravent le problème-, le prix des billets d'avion et la concurrence des autres pays de la Caraïbe sont des causes structurelles exogènes à prendre en compte.

Mais plus fondamentalement, votre rapporteur pour avis considère que c'est l'ensemble de l'offre touristique qui doit être repensée pour définir un produit attractif. Ce sentiment, désormais partagé par l'ensemble des acteurs socio-économiques antillais, doit permettre, dans les plus brefs délais, d'arrêter un plan de sauvetage élaboré en concertation avec les socio-professionnels et les élus locaux. En juin 2002, l'Agence française de l'ingénierie touristique (AFIT) a rendu un rapport formulant plusieurs propositions qui pourraient servir de base à ce plan de rénovation de l'offre touristique.

2. Une situation sociale structurellement fragile

En dépit d'un niveau de formation devenu équivalent à celui de la métropole, et des moyens financiers consacrés à la lutte contre l'exclusion, le chômage demeure structurellement élevé (24 % à fin décembre 2001). La très grande fragilité des petites entreprises freine l'initiative par la création d'entreprises et les exigences de productivité dans les secteurs plus structurés pèsent sur les embauches.

Cependant en 2001, comme en 2000, la reprise de l'emploi se poursuit et le nombre des chômeurs a diminué de 7,6 %. Entre 1999 et 2001 le nombre de demandeurs d'emplois est passé de 48.667 à 40.233.

Cette diminution résulte d'évolutions contrastées. On enregistre ainsi, comme en 2000, une progression du nombre d'inscriptions à l'ANPE (+ 15,9 %), mais également une progression des offres d'emploi (+ 12 %) et surtout une hausse des placements réalisés par l'ANPE (+ 2,5 %).

On constate enfin une forte baisse du chômage de longue durée (- 22,9 % par rapport à 2000), et la part des chômeurs de moins de 25 ans diminue de 11,4 %.

Malgré cette amélioration constatée sur le marché du travail, le nombre d'allocataires du revenu minimum d'insertion (RMI) a augmenté de 4 % et il s'élève à 31.189. L'effectif des allocataires du RMI représentait environ 18 % de la population active en Martinique, contre 16 % pour l'ensemble des DOM et 3 % environ en métropole.

3. Le déficit en hausse de la balance commerciale

Le commerce extérieur de la Martinique reste structurellement déséquilibré et il atteint 1.576,6 million d'euros en 2001, soit une hausse de 9 % sur un an.

En millions d'euros

1999

2000

2001

Variations 2001/2000

Importations

1 617

1 741

1 885

8,3 %

Exportations

262

294

309

4,9 %

Balance commerciale

- 1 355

- 1 447

- 1 576

9 %

Taux de couverture

16,1 %

16,9 %

16,4 %

- 3,1 %

Source : Direction générale des douanes

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