2. De nouveaux acteurs s'installent sur le marché

a) La grande distribution

C'est dans le courant des années 90 que les enseignes de la grande distribution ont commencé à s'intéresser au secteur du tourisme, estimant que leur positionnement sur le marché de la consommation de masse devait leur permettre d'obtenir rapidement une visibilité auprès d'une clientèle sensible aux effets-prix.

En 2003, les résultats des agences appartenant à la grande distribution ont été mitigés : si Leclerc Voyages , le leader du secteur (en 10 ème position sur l'ensemble du marché français), a maintenu le rythme de croissance de son volume d'affaires ( + 10 % à 253 M€ ), les difficultés financières de Carrefour Vacances ont entraîné une baisse de 2 % de son chiffre d'affaires, ramené à 218 M€ . L'écart s'est ainsi creusé entre les deux concurrents (passant de 3 à 14 %), tandis que le numéro 3 du créneau, Casino Vacances , demeure loin derrière avec seulement 19 M€ de volume d'affaires .

Reste que si la présence de ces filiales des enseignes est globalement limitée en terme de part de marché, leur adossement à de grands groupes leur permet de se poser en concurrentes immédiates des petites agences de voyages traditionnelles .

b) Les grands groupes intégrés internationaux

Les tour-opérateurs se constituent en groupes importants qui leur confèrent une puissante capacité de négociation tarifaire . Ainsi, les années récentes ont vu la formation de grands groupes intégrés européens d'opérateurs touristiques : Preussag devenu TUI (Allemagne), Condor&Neckermann ( C&N ) devenu Thomas Cook (Allemagne), Airtours devenu MyTravel (Royaume-Unis), Rewe (Allemagne), First Choice Holidays (Allemagne), Kuoni (Suisse). Ces groupes se sont développés par des opérations de fusions-acquisitions selon une rigoureuse stratégie d'intégration verticale. S'implantant sur tous les marchés, ils ont peu à peu acquis en France des participations ou la totalité du capital des plus grands tour-opérateurs de l'Hexagone , à l'exception de Fram , cette entreprise n'étant pas cotée en bourse.

Toutefois, la crise survenue dans le secteur du tourisme après les attentats du 11 septembre 2001 a provoqué une pause dans les opérations d'acquisitions chez les tour-opérateurs et une remise en cause partielle du modèle d'intégration des grands groupes de tourisme européens . Ce modèle, trop rigide, empêche en effet les groupes de s'adapter rapidement aux changements, car ils se heurtent à de coûteuses situations de surcapacité quand la demande se réduit.

C'est pourquoi, aujourd'hui, c'est l' intégration horizontale qui contribue à la consolidation des marchés de la production et de la distribution traditionnelles de voyages : les accords commerciaux entre les différents acteurs (tour-opérateurs, fournisseurs, distributeurs) sont privilégiés pour obtenir plus de flexibilité, améliorer l'adaptabilité de l'offre à la demande, et faciliter l'accès aux stocks de produits entre partenaires grâce aux recours aux nouvelles technologies de la communication et de l'information.

Ainsi, en 2004, les deux plus grands groupes européens investis sur le marché français ont lancé chacun leur tour-opérateur : TUI France d'une part, et Thomas Cook Voyages d'autre part. Ces nouveaux venus durcissent la concurrence du secteur en se positionnant sur le créneau du tourisme de masse où l'offre est déjà abondante. Leur arrivée déstabilise les accords de distribution qui liaient les réseaux d'agences et les voyagistes .

En effet, les produits Thomas Cook seront privilégiés dans le réseau éponyme, leader de la distribution de loisirs en France. Quant à TUI France , il devient un partenaire privilégié de l' Alliance T en entrant au capital de Selectour Finances à hauteur de 5 % ( Selectour et Accor conservant chacun 45,71 % du capital). Cependant, la prise de participation de 28,9 % d' Accor dans le capital du Club Med en juin 2004 pourrait à nouveau modifier ces accords de distribution. En effet, Jet Tours , filiale du Club Med depuis juin 1999, se positionnant sur le même créneau que TUI France , Accor pourrait décider de favoriser son nouveau tour-opérateur plutôt que le réseau TUI au sein de l' Alliance T .

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