2. Des conséquences inéluctables pour le secteur en France

Les mutations du secteur de la distribution des voyages s'effectuent avec un temps de retard en France. En effet, les Français ont un usage d'Internet qui s'est développé plus tardivement que celui de leurs voisins d'Europe du Nord et des Américains, et ils partent moins à l'étranger que les Allemands, les Britanniques, les Belges ou les Hollandais. De ce fait, ils étaient, jusque là, moins disposés à recourir aux intermédiaires que sont les agences de voyages pour organiser leurs vacances . Ces raisons placent davantage la France dans l'ensemble formé par les pays du Sud de l'Europe en ce qui concerne le secteur du voyage. Mais les modes de consommation touristique s'uniformisent sous la pression notamment de quelques groupes à l'échelle européenne tels que TUI , Thomas Cook mais aussi Lastminute , Travelocity ou encore Easyjet ...

La France peut ainsi connaître au cours des prochaines années une évolution comparable à celle constatée aux États-Unis ou en Grande-Bretagne , c'est-à-dire une concentration extrême du marché du voyage avec la disparition d'une grande partie des agences de voyages traditionnelles concomitante au renforcement des réseaux subsistants .

L'évolution des marchés anglo-saxons

Aux États-Unis , où la commission de base a été supprimée et la distribution Internet représente près de 35 % du marché, 40 % des distributeurs licenciés ARC (équivalent américain de IATA) ont disparu en deux ans. L'ASTA, le principal syndicat des agences de voyages américaines, a perdu la même proportion d'adhérents. Néanmoins, les agences de voyages génèrent toujours 75 % des ventes de billets d'avion et un billet sur deux donne encore lieu à une commission (la commission de base, supprimée en 2003, a été remplacée par des accords spécifiques, de compagnie à agence). Cette politique a accéléré la concentration de la distribution : le nombre des agences de voyages américaines de moins de 1 million de dollars de chiffre d'affaires a diminué de 25 %, tandis que celui des agences de plus de 1 million de dollars de chiffre d'affaires a augmenté de 10 %. Ainsi aujourd'hui, 95 % des agences américaines appartiennent à un réseau intégré ou volontaire . En cumulant les super-commissions (environ 1 %) et ce qu'elles facturent au client, les agences américaines qui ont subsisté ont à peu près reconstitué leurs revenus antérieurs.

En Grande-Bretagne , pays où l'essor des compagnies low cost a été très important il y a quelques années, British Airways a été la seconde compagnie européenne à réduire la commission de base : le 1 er décembre 2003, elle a introduit un taux de commission de base fixé à 1 %. On estime qu' à la suite de cette réforme , un quart des agences de voyages britanniques a disparu . Toutefois, comme aux États-Unis, la fin des commissions aériennes n'a pas entraîné de baisse généralisée des marges des agences : en effet, si beaucoup d'entre elles ont disparu, celles qui ont su s'adapter ont plutôt amélioré leurs marges .

Source : Ministère délégué au tourisme

C'est vraisemblablement vers ce modèle que se dirige le secteur français des agences de voyages, compte tenu des contraintes auxquelles le soumettent ses partenaires commerciaux. A cet égard, M. Jean-Pierre Mas, président du réseau Afat , estime que de 15 à 25 % des agences françaises auront disparu d'ici trois ans . C'est dire la responsabilité des pouvoirs publics pour accompagner les professionnels dans leur entreprise de restructuration et d'adaptation aux nouvelles conditions d'exercice de leurs activités .

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