B. TV5

Chaîne généraliste francophone multilatérale créée en 1984, TV5 constitue aujourd'hui le 2 e réseau mondial de télévision internationale après MTV. Potentiellement reçue par plus de 176 millions de foyers dans le monde, elle traverse une phase d'incertitude liée au lancement de France 24 et à la volonté française de réformer l'organisation de son audiovisuel extérieur.

Les subventions versées à TV5 en 2008 devraient s'élever à 65,72 millions d'euros.

a) Une position mondiale de première importance

En termes d'audience, la dernière synthèse des études menées auprès de 87 % de son public potentiel permet de créditer TV5 d'une audience cumulée hebdomadaire de 73,7 millions de téléspectateurs dans le monde.

TV5 a incontestablement acquis une position mondiale de première importance et malgré l'explosion du nombre de chaînes dans le monde, elle conserve un niveau de notoriété important. Ce bon ancrage dans le paysage audiovisuel mondial lui vaut de faire jeu égal ou supérieur avec d'autres chaînes internationales de premier plan telles que CNN ou BBC World dans certaines zones, en Amérique latine par exemple.

L'Europe reste néanmoins le principal bassin de réception de la chaîne avec 110 millions de foyers desservis pour 15 millions sur le continent américain, 18 millions en Asie, 18 millions dans le monde arabe, 15 millions en Afrique. Présente sur une soixantaine de canaux satellites dont 36 bouquets satellitaires, elle est en outre reprise par plus de 6 000 réseaux câblés.

b) Perspectives

TV5 a bénéficié pendant plusieurs années d'un effort budgétaire soutenu de la part du ministère des affaires étrangères (+80 % entre 1998 et 2002) mais depuis lors, c'est seulement par redéploiement que la chaîne a pu enregistrer de nouvelles avancées, grâce essentiellement à la rationalisation de son dispositif satellitaire.

Les marges financières permises par le passage de la diffusion analogique à la diffusion numérique étant aujourd'hui épuisées, et un effort significatif des gouvernements francophones étant peu probable, TV5 devra sans doute reconsidérer le poids de certaines charges (l'information, la dimension de son réseau) pour maintenir l'essentiel de ses positions et financer la priorité que constitue un sous-titrage plus systématique de ses programmes.

C. RADIO FRANCE INTERNATIONALE

Les subventions versées à Radio France Internationale pour 2008 devraient s'élever à 71,13 millions d'euros.

a) Une entreprise condamnée à se réformer

Le modèle traditionnel de la radio internationale, né de la guerre froide et sur lequel repose encore largement l'organisation de RFI, ne correspond plus à l'état du monde ni aux modes de consommation actuels de la radio. Il doit aujourd'hui être fondamentalement remis en question. Dans les prochaines années, RFI va devoir mener un effort sans précédent pour s'adapter aux attentes de publics beaucoup plus exigeants qu'auparavant dans le contexte d'une offre médiatique sans cesse croissante, en concurrence directe non plus seulement avec les autres grandes radios internationales, mais aussi avec des radios locales très professionnelles et surtout les médias plus récents que sont la télévision et l'Internet, qui traversent désormais les frontières et dont la consommation progresse chaque année de façon soutenue.

Dans ce contexte, l'objectif de RFI ne devrait donc plus être de rechercher une couverture mondiale par la voie hertzienne, mais d'optimiser l'impact de ses programmes, zone par zone, à partir d'une analyse lucide de ses forces et de ses faiblesses. Ce processus doit conduire à mettre fin à l'éparpillement actuel des moyens de RFI, autour de deux principes :

- une présence hertzienne renforcée (diffusion 24h/24, dans des langues adaptées, enrichie de programmes de proximité) dans les zones où RFI a - ou pourrait avoir - un impact significatif ;

- une présence multilingue et enrichie sur l'Internet en direction de toutes les zones où la diffusion hertzienne est condamnée à la marginalité.

Pour financer cet indispensable effort de réorganisation en profondeur, des marges de redéploiement existent, mais, à l'exception du contrat TDF ondes courtes, (dont la renégociation a enfin abouti), elles reposent essentiellement sur des coûts de personnel (rédactions en langue étrangère, rédaction en français, personnels techniques). Des économies significatives ne pourront donc être dégagées que par l'intermédiaire d'un plan social, que les tutelles ont jusqu'ici exclu.

b) La seule société de l'audiovisuel public à ne pas avoir signé de contrat d'objectifs et de moyens

Les tutelles demandent avec insistance à RFI de procéder aux réformes internes indispensables et dans un même mouvement d'élaborer un COM (contrat d'objectifs et de moyens) pour se conformer à la loi et donner les signaux forts que requiert la relance de l'entreprise. Au coeur de ce COM doit s'inscrire la nécessaire adaptation des langues étrangères aux nouvelles réalités géopolitiques. Mais ce n'est pas tout : pour éviter une sclérose progressive, l'entreprise ne peut renoncer aux réformes indispensables et se contenter d'assurer la paix sociale en maintenant les choses en l'état.

Autrement dit, le chantier stratégique (langues, zones géographiques, modes de diffusion, contenus) doit être articulé avec un plan véritable d'économies, de redéploiements et de synergies , qui doit être immédiatement engagé et qui devra s'appliquer sans tarder pour pallier les contraintes budgétaires qui pèsent et pèseront sur le budget de l'entreprise.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page