B. UN SERVICE PUBLIC DE L'ÉDUCATION QUI DOIT CONTINUER DE S'OUVRIR À L'ENSEMBLE DE LA COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE

Dans ce contexte de profondes réformes, le soutien de l'ensemble de la communauté éducative est nécessaire. Aux yeux de votre rapporteur, cela suppose d'associer chacun des piliers du système scolaire aux décisions : tous ne soutiendront pas les réformes, mais en s'agrégeant, les bonnes volontés permettront d'aller plus vite et plus loin.

1. Rassembler l'ensemble des personnels

Votre rapporteur tient à rappeler tout d'abord que la communauté éducative comprend l'ensemble des personnels, qui ne se limitent pas, malgré l'importance numérique et symbolique de cette dernière catégorie, aux seuls enseignants.

La mise en oeuvre des politiques éducatives suppose en effet la mobilisation de tous les corps qui concourent, ensemble, au bon fonctionnement du service public de l'éducation.

Or la situation de certains d'entre eux est préoccupante. Votre rapporteur pense en particulier aux personnels médico-sociaux, qui sont encore nombreux à manquer dans les établissements. Leur recrutement pose en effet des difficultés récurrentes, comme en témoignent les tableaux figurant ci-dessous.

RECRUTEMENT D'INFIRMIÈRES PAR CONCOURS DEPUIS 2002

Année

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Nb postes offerts

702

666

466

327

628

642

660

Nb postes pourvus

488

430

340

255

486

492

% couverture

69.5%

64.6%

73%

78%

77%

77%

Source : Ministère de l'éducation nationale

RECRUTEMENTS DE MÉDECINS PAR CONCOURS DEPUIS 2002

Année

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Nb postes offerts

97

63

28

42

105

113

113

Nb postes pourvus

91

55

28

34

105

68

% couverture

93.8%

87.3%

100%

80.9%

100%

60%

Source : Ministère de l'éducation nationale

RECRUTEMENT D'ASSISTANTS SOCIAUX PAR CONCOURS DEPUIS 2002 *

Année

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Nb postes offerts

339

200

169

115

119

115

150

Nb postes pourvus

159

119

103

68

98

101

% couverture

46.9%

59.5%

60.9%

59.1%

82.4%

87.8%

* programmes 214 et 230

Source : Ministère de l'éducation nationale

Les difficultés de recrutement rencontrées par le ministère de l'éducation nationale sont donc manifestes. Elles tiennent pour l'essentiel au manque d'attractivité des carrières offertes aux personnels médico-sociaux publics.

S'agissant des médecins et des infirmières scolaires, l'exercice libéral apparaît ainsi largement préférable aux personnels concernés, qui renoncent donc bien souvent à se présenter aux concours de recrutement lorsqu'ils ont eu connaissance de leur existence.

Votre rapporteur estime nécessaire d'apporter rapidement une réponse à ces difficultés. En effet, le suivi médical et psychologique des élèves est l'une des conditions de leur réussite. Il conviendrait donc, partout où une pénurie existe, de passer des conventions avec le secteur libéral et de garantir ainsi qu'il n'y aura pas d'interruption de service.

A plus long terme, une réflexion doit s'engager sur la refonte éventuelle de ces carrières, afin de leur permettre d'une part de s'articuler à une éventuelle première carrière libérale et d'autre part de garantir leur attractivité.

A cet égard, il est désormais temps d'agir. Les déséquilibres de recrutement sont désormais bien connus, il faut leur apporter des réponses.

Par ailleurs, votre rapporteur souhaite attirer l'attention du ministère de l'éducation nationale sur les documentalistes. Les travaux 6 ( * ) menés par notre collègue David Assouline au nom de votre commission ont été l'occasion de constater que ces derniers avaient le plus souvent le sentiment de ne pas voir leur travail reconnu à leur juste valeur.

Par ailleurs, si leurs missions sont très larges et justifient leur recrutement par la voie d'un CAPES spécifique, certaines d'entre elles ne semblent pas assurées faute d'un intérêt suffisant du reste de la communauté éducative.

Votre rapporteur souhaite en conséquence que des évolutions soient envisagées de ce point de vue, afin de mieux tirer parti des compétences dont le ministère dispose.

A l'heure où les élèves semblent avoir une foi presque aveugle dans les informations qu'ils lisent sur Internet, une éducation aux nouveaux médias semble une priorité.

Dans le cadre de l'accompagnement éducatif ou de l'intersemestre prévu par la réforme du lycée général et technologique, les documentalistes pourraient donc être mobilisés, afin de participer à l'éveil de la conscience critique des élèves.

2. Reconnaître la contribution apportée par les classes sous contrat au service public de l'éducation

Votre rapporteur souhaite également rappeler que la communauté éducative comprend les établissements privés sous contrat ainsi que les personnels qui la composent. Dès lors qu'un contrat est passé, l'établissement qui le met en oeuvre participe en effet au service public d'éducation et doit à ce titre jouir d'une pleine considération.

Le temps de la guerre scolaire est en effet clos et votre rapporteur souhaite que toutes les conséquences en soient tirées. A cet égard, il tient à souligner que les engagements que l'État prend vis-à-vis des établissements privés ne sont pas d'une autre nature que ceux qu'il peut prendre vis-à-vis des fonctionnaires ou des établissements publics.

Cela signifie que lorsqu'une disposition légale ou règlementaire prévoit la revalorisation régulière d'une subvention, celle-ci doit être effectuée et n'a pas à être « lissée » sur plusieurs années.

S'agissant ainsi de la part du forfait d'externat versée par l'État aux collèges et aux lycées privés sous contrat, celle-ci doit faire l'objet d'une revalorisation triennale. Celle-ci devait venir à échéance en 2009. Après négociation, il a été convenu que celle-ci serait « lissée » sur deux années, 4,8 millions d'euros étant prévus à ce titre en 2009 et 17 millions devant également être ouverts en 2010.

Aux yeux de votre rapporteur, il serait souhaitable que cette revalorisation puisse avoir lieu dès 2009 ou qu'une part plus substantielle en soit versée dès cette année.

L'effet des « différés » de paiement s'ajoute en effet aux mécanismes bien connus de sous-évaluation des financements dus au privé :

- les coûts moyens des élèves dans le public sont fixés à des niveaux qui, aux yeux de votre rapporteur, lui semblent particulièrement bas ;

- la prise en compte tardive des enquêtes aboutit à prévoir qu'à l'année n+2 ou n+3 , les forfaits versés aux établissements privés seront équivalents à ce qu'ils étaient à l'année n pour le public.

Votre rapporteur estime ces pratiques difficilement justifiables, puisqu'elles consistent à étendre aux opérateurs privés de l'État les pratiques budgétaires qui ont cours en son sein. Or votre rapporteur tient à souligner qu'à la différence des négociations budgétaires qui ont lieu dans les services de l'État, les relations de l'État avec ses opérateurs sont le plus souvent régies par des bases légales, règlementaires ou contractuelles.

Sauf exception, la mise en oeuvre des engagements qu'elles prévoient ne devrait donc pas devenir un sujet de négociation sans fin. L'État entretient ainsi sa réputation, pour une part méritée, de « mauvais payeur » et compromet ce faisant le crédit spontanément attaché à sa parole.

Enfin, votre rapporteur relève les limites de la coutume que constitue le traitement budgétaire paritaire de l'enseignement public et de l'enseignement privé.

Ce traitement paritaire, parfaitement légitime dans son principe, a en effet pris la forme d'une parité arithmétique, plus connue comme sous le nom de règle des 80-20. Elle consiste à répercuter les hausses ou les baisses d'emploi prévues pour le public à hauteur d'1/5 e sur le privé sous contrat.

Si votre rapporteur ne sous-estime pas la valeur politique d'une telle règle, qui a permis l'apaisement des débats que suscitaient chaque budget de ce point de vue, il s'interroge sur sa rationalité.

Elle revient en effet à postuler que les effectifs de personnels et d'élèves du public et du privé sous contrat doivent évoluer de manière parallèle. Or si les évolutions démographiques ne peuvent qu'affecter chacune de ces composantes, il peut également se produire des déplacements d'élèves de l'une à l'autre selon le principe des vases communicants.

Telle quelle, la règle paritaire revient donc à figer l'enseignement privé sous contrat à un certain niveau de développement, contraignant ainsi celui-ci à financer toute progression supplémentaire des effectifs sur des fonds propres, c'est-à-dire sur ceux des familles.

Aux yeux de votre rapporteur, une telle situation n'est que peu satisfaisante. Il conviendrait donc d'engager la réflexion sur des modalités de calcul plus pertinentes, afin de ne pas empêcher artificiellement le développement des établissements privés sous contrat et limiter l'exercice effectif de la liberté de choix que la Constitution reconnaît aux familles.

Les établissements privés, en vertu des obligations contractuelles qui pèsent sur eux, participent en effet à la mise en oeuvre du service public de l'éducation : rien ne justifie donc de limiter ainsi artificiellement la progression du nombre d'élèves qu'ils accueillent.

3. Associer les parents d'élèves à la réflexion

Votre rapporteur estime également nécessaire d'associer plus étroitement les familles à la réflexion sur les politiques éducatives. Si l'école joue un rôle décisif dans l'éducation de la jeunesse de la nation, son action serait inutile si elle ne trouvait le relais des familles qui demeurent les premières concernées par l'avenir de leurs enfants.

Il doit donc être mieux tenu compte de leurs interrogations et de leurs demandes. Bien souvent, les parents d'élèves sont prêts à soutenir les réformes, pour peu que celles-ci leur soient clairement expliquées et que les personnels éducatifs les associent mieux à la prise de décision.

Sur ce point, votre rapporteur estime que le ministère de l'éducation nationale devrait faire preuve d'une plus grande clarté sur la nature des accompagnements individualisés qu'il propose : plutôt que de rendre obligatoires les différents dispositifs reposant actuellement sur la base du volontariat, il vaut en effet mieux prendre le temps d'expliquer aux familles le bénéfice que leurs enfants en tireront. Cela peut demander quelquefois de la persévérance aux personnels du ministère de l'éducation nationale, même si cet effort d'explication et de pédagogie fait partie de leurs missions.

Par ailleurs, indépendamment de la question du volontariat, votre rapporteur partage le sentiment, exprimé par certains de ses interlocuteurs, d'un manque de lisibilité des différents dispositifs prévus : un effort d'articulation et de clarification devrait être engagé, via la rédaction chaque année d'un livret à destination des parents, sur le modèle de celui qui a été distribué sur les nouveaux programmes scolaires.

4. Concevoir les réformes avec les collectivités territoriales qui auront à les mettre en oeuvre

Comme votre rapporteur le rappelait plus haut, les collectivités territoriales financent désormais près d'un quart de la dépense publique d'éducation. Trop souvent, elles ont pourtant le sentiment de ne pas être associées aux décisions dont elles auront à assumer les coûts financiers directs ou indirects.

Il conviendrait donc de concevoir avec elles toutes les réformes qui impliqueront à un titre ou un autre les collectivités territoriales. Votre rapporteur tient à le rappeler, c'est là désormais la première condition de leur réussite. La mise en place du service d'accueil le démontre : la concertation et l'explication sont nécessaires, afin de prendre en compte les difficultés pratiques que peuvent connaître les collectivités et favoriser ainsi le succès des réformes.

Car le plus souvent, les élus locaux sont a priori favorables aux actions engagées. Ce sont leurs modalités de mise en oeuvre qui alimentent leurs inquiétudes. Votre rapporteur souhaite donc que soit constitué un comité consultatif permanent auprès du ministre, qui permettrait d'associer systématiquement les collectivités aux prises de décision.

Cela n'aurait au demeurant rien que très légitime : l'attachement des élus locaux à leurs établissements scolaires est ancien et viscéral. Il trouve ses premières racines dans la place éminente tenue depuis toujours par l'école communale, qui avec la décentralisation s'est désormais doublée d'une attention grandissante des conseils généraux et régionaux aux collèges et lycées.

Cet attachement doit être le fondement d'une véritable coopération, qui permettra de prendre parfaitement en compte la singularité des territoires.

Votre rapporteur estime en effet que si les politiques pédagogiques et la gestion des personnels enseignants et assimilés doivent être pour l'essentiel de la seule compétence de l'État, les collectivités ont un rôle à jouer dans la mise en oeuvre des politiques scolaires.

Au surplus, toute inquiétude liée à un éventuel essor des inégalités scolaires en raison d'une implication grandissante des collectivités doit clairement être balayée. Car pour l'heure, l'absence de prise en compte différenciée des besoins locaux conduit au maintien, voire à la croissance d'inégalités territoriales réelles.

Les statistiques relatives au baccalauréat le démontrent : les taux de réussite varient ainsi très fortement d'une académie à l'autre. Dans l'académie d'Amiens, le taux de réussite des séries générales est ainsi de 84 % ; dans celle de Grenoble, il atteint 91,8 %. Il en va de même pour les séries professionnelles, où le taux maximal en France métropolitaine est atteint dans l'académie de Rennes (85,9 %) et le taux minimal dans l'académie de Créteil (57,2 %).

De même, certaines académies, comme celle de Rennes, parviennent à conduire plus de 70 % d'une généralisation au baccalauréat. Dans les académies de Lille, d'Amiens ou dans celle de Corse, ce taux est inférieur à 60 %.

Les inégalités territoriales sont donc bien réelles. Les surmonter suppose de prendre en compte les singularités et les difficultés locales, en associant les collectivités aux politiques scolaires.

DEMANDES D'ORIENTATION À L'ISSUE DE LA TROISIÈME GÉNÉRALE
DANS LES ACADÉMIES

Redoublement

Seconde générale et technologique

Voie professionnelle sous statut scolaire

Voie professionnelle par l'apprentissage

Voie professionnelle total

GUADELOUPE

1,14

LILLE

54,43

PARIS

22,08

REUNION

0,35

PARIS

22,82

MARTINIQUE

1,24

GUYANE

54,87

CORSE

26,15

MARTINIQUE

0,69

VERSAILLES

28,27

REUNION

1,40

AMIENS

56,91

NICE

26,25

PARIS

0,74

TOULOUSE

29,27

STRASBOURG

1,55

GUADELOUPE

57,16

GRENOBLE

26,56

GUADELOUPE

0,84

GRENOBLE

30,75

DIJON

1,60

AIX-MARS

57,76

TOULOUSE

26,75

LILLE

1,18

CRETEIL

31,08

REIMS

1,65

MARTINIQUE

58,12

VERSAILLES

26,80

GUYANE

1,32

RENNES

31,62

NANCY-METZ

1,72

STRASBOURG

59,45

RENNES

27,76

VERSAILLES

1,47

CORSE

31,69

GRENOBLE

1,75

CAEN

60,14

CRETEIL

29,07

CRETEIL

2,01

NICE

32,44

CRETEIL

1,85

ROUEN

60,41

BORDEAUX

29,26

NANCY-METZ

2,23

LYON

32,86

POITIERS

1,87

CLERMONT FD

60,87

LYON

29,60

TOULOUSE

2,52

BORDEAUX

32,87

NANTES

1,89

REUNION

61,30

MONTPELLIER

30,27

MONTPELLIER

2,63

MONTPELLIER

32,90

LILLE

1,90

REIMS

61,32

LIMOGES

30,27

BESANCON

3,06

BESANCON

33,43

AMIENS

2,07

ORL-TOURS

61,66

BESANCON

30,38

LIMOGES

3,17

LIMOGES

33,45

ORL-TOURS

2,08

NANTES

61,87

NANTES

30,41

LYON

3,27

NANCY-METZ

33,70

RENNES

2,12

POITIERS

61,89

ORL-TOURS

30,51

METRO + DOM

3,27

METROPOLE

33,92

DEMANDES D'ORIENTATION À L'ISSUE DE LA TROISIÈME GÉNÉRALE DANS LES ACADÉMIES

Redoublement

Seconde générale et technologique

Voie professionnelle sous statut scolaire

Voie professionnelle par l'apprentissage

Voie professionnelle total

METRO + DOM

2,18

DIJON

62,00

METROPOLE

30,52

METROPOLE

3,40

METRO + DOM

34,16

MONTPELLIER

2,20

METRO + DOM

63,26

CAEN

30,88

AMIENS

3,48

POITIERS

35,68

METROPOLE

2,21

METROPOLE

63,47

METRO + DOM

30,89

CLERMONT FD

3,49

ORL-TOURS

35,73

ROUEN

2,25

BESANCON

63,67

DIJON

31,21

BORDEAUX

3,61

NANTES

36,07

VERSAILLES

2,39

LIMOGES

63,78

NANCY-METZ

31,47

REIMS

3,67

DIJON

36,17

BESANCON

2,41

BORDEAUX

64,02

POITIERS

31,69

RENNES

3,86

CLERMONT FD

36,33

CAEN

2,42

LYON

64,09

ROUEN

32,46

POITIERS

3,99

REIMS

36,71

NICE

2,45

NANCY-METZ

64,10

CLERMONT FD

32,84

GRENOBLE

4,18

CAEN

36,85

LYON

2,51

MONTPELLIER

64,31

REIMS

33,04

ROUEN

4,57

ROUEN

37,03

LIMOGES

2,57

NICE

64,68

STRASBOURG

33,36

STRASBOURG

4,91

REUNION

37,30

CLERMONT FD

2,58

CORSE

65,45

AIX-MARS

33,63

DIJON

4,96

STRASBOURG

38,26

BORDEAUX

2,65

RENNES

66,10

AMIENS

36,50

AIX-M

5,01

AIX-M

38,64

CORSE

2,68

CRETEIL

66,74

LA REUNION

36,95

ORL-TOURS

5,22

MARTINIQUE

39,17

AIX-MARS

2,96

GRENOBLE

67,11

MARTINIQUE

38,49

CORSE

5,54

GUYANE

39,84

GUYANE

3,03

TOULOUSE

67,46

GUYANE

38,52

NANTES

5,67

AMIENS

39,97

TOULOUSE

3,09

VERSAILLES

68,94

GUADELOUPE

40,71

CAEN

5,97

GUADELOUPE

41,56

PARIS

3,15

PARIS

73,61

LILLE

42,49

NICE

6,19

LILLE

43,67

Source : Ministère de l'éducation nationale

Ce sont en effet les collectivités qui sont le mieux à même de prendre en compte les singularités locales, qui expliquent, en raison du contexte socio-économique, mais aussi des habitudes et traditions locales, que 1,14 % des familles de Guadeloupe demandent le redoublement pour leur enfant en fin de 3 e , contre 3,15 % à Paris.

Il en va de même pour le taux de demande d'orientation vers la voie professionnelle, qui est le double dans l'académie de Lille de ce qu'il est dans l'académie de Paris.

Votre rapporteur souhaite en conséquence que ces inégalités de fait soient mieux prises et que des réponses leur soient apportées. Cela suppose également de répondre aux exigences singulières de certains contextes locaux : l'existence d'une carte scolaire a ainsi moins d'importance à Paris, où la fluidité des affectations est un fait ancien, que dans les zones de montagne ou les zones rurales, où l'existence de la sectorisation garantit le maintien d'une école de proximité.

En associant les collectivités à la prise de décision, le ministère de l'éducation nationale pourrait donc anticiper les difficultés que posent certaines réformes dans des contextes particuliers et y répondre d'emblée.

BACCALAURÉAT 2007 : TAUX DE RÉUSSITE, RÉPARTITION PAR FILIÈRE
ET PROPORTION DE BACHELIERS DANS UNE GÉNÉRATION
(France métropolitaine + DOM)

Académies

Taux de réussite au baccalauréat

Répartition des bacheliers par filière

Proportion de bacheliers dans une génération selon le lieu

Général

Techno-logique

Professionnel

Général

Techno-logique

Professionnel

Résidence

Scolarisation

Aix-Marseille

86,5

79,5

77,9

54,0

25,2

20,8

62,3

65,0

Amiens

84,0

73,0

76,8

50,3

28,0

21,7

59,6

58,1

Besançon

88,6

79,3

80,6

51,1

26,1

22,7

65,3

65,5

Bordeaux

88,5

84,9

83,2

53,7

24,9

21,4

64,5

64,3

Caen

87,5

82,6

84,4

52,3

24,8

22,9

64,4

64,8

Clermont-Ferrand

88,3

79,3

79,9

53,6

24,2

22,1

64,4

63,8

Corse

88,1

65,3

67,9

63,0

25,9

11,1

56,8

55,8

Créteil

81,8

70,0

67,2

52,8

29,3

17,9

61,6

58,0

Dijon

89,6

81,3

80,7

51,7

27,1

21,2

63,3

65,0

Grenoble

91,8

85,7

84,8

56,1

26,2

17,6

68,6

69,2

Lille

85,4

76,8

75,1

49,9

28,9

21,2

59,5

59,7

Limoges

87,5

75,8

79,9

51,1

27,8

21,0

63,3

66,0

Lyon

89,6

82,0

80,6

55,3

24,2

20,5

63,6

63,0

Montpellier

86,2

75,0

78,7

54,8

25,8

19,4

59,8

58,2

Nancy-Metz

89,1

80,4

80,3

49,6

28,3

22,1

64,1

64,0

Nantes

91,1

87,9

82,8

52,0

25,7

22,3

68,1

68,0

Nice

86,9

79,0

77,6

59,5

23,4

17,1

63,1

61,6

Orléans-Tours

87,1

80,6

78,5

53,9

26,8

19,2

64,5

63,7

Paris

88,3

75,9

72,1

67,3

17,4

15,2

67,4

83,5

Poitiers

87,7

79,2

81,7

52,2

26,0

21,8

63,6

62,9

Reims

84,0

78,0

78,0

50,6

26,6

22,8

62,3

62,8

Rennes

91,6

85,2

85,9

51,0

27,8

21,1

72,6

73,4

Rouen

86,0

76,1

77,2

49,1

28,9

22,0

63,1

63,6

Strasbourg

91,6

85,1

82,7

52,9

27,0

20,0

61,8

61,8

Toulouse

90,1

81,6

81,8

53,9

26,6

19,5

63,0

62,9

Versailles

88,3

78,8

76,0

58,2

25,0

16,8

69,1

66,0

France métropolitaine

87,9

79,5

78,9

53,9

26,1

20,0

64,2

64,2

Guadeloupe

81,5

72,3

71,5

50,9

27,0

22,1

Guyane

71,8

63,6

58,2

47,7

29,9

22,5

Martinique

81,8

69,2

61,7

46,1

30,7

23,2

La Réunion

84,1

79,5

75,6

52,4

29,2

18,4

DOM

82,0

73,7

68,9

50,2

29,0

20,8

France métro. + DOM

87,7

79,3

78,5

53,7

26,2

20,0

Source : Ministère de l'éducation nationale

La réforme de la semaine scolaire le montre : convenablement anticipées, ses difficultés d'application, notamment en termes d'organisation des transports, auraient pu être résolues. Les collectivités auraient alors soutenu cette action ambitieuse, qui sur le fond paraît indiscutable, puisqu'elle permet d'offrir aux élèves en difficulté le soutien individualisé dont ils manquaient jusque-là.

5. Construire une école ouverte sur le monde socio-économique

Votre rapporteur estime également nécessaire que le monde socio-économique soit plus largement associé aux politiques éducatives.

D'ores et déjà le plan régional de développement des formations (PRDF) permet de nourrir un dialogue fructueux sur les politiques de formation mises en oeuvre dans les différents bassins d'emploi. Il ne lui manque plus pour devenir pleinement opérationnel que d'avoir valeur d'engagement pour tous les partenaires qui participent à son élaboration. Votre rapporteur souhaite en conséquence que cette évolution soit rapidement envisagée.

Par ailleurs, le dialogue entre le monde socio-économique et l'école tend désormais à se systématiser, sous la forme d'initiatives locales particulièrement remarquables.

Votre rapporteur souhaite en citer deux, qui lui paraissent exemplaires :

- l'opération « les boss invitent les profs » permet désormais de dissiper régulièrement les préjugés qui compliquent parfois les relations entre le monde de l'entreprise et celui de l'école. Cette opération est en effet marquée par le souci, partagé par chacune des parties prenantes, de faire l'effort nécessaire pour dépasser ses a priori et découvrir un univers qu'il ne connaît que peu ;

- dans son ensemble, le « challenge éducation entreprise », qui a donné lieu à la publication d'un guide pratique particulièrement riche, permet d'intensifier, sous des formes diverses, les relations entre l'école et l'entreprise, qui restaient encore insuffisantes. Cette opération peut prendre plusieurs formes, dont notamment la participation à l'option de découverte professionnelle de 3 heures, proposée à tous les élèves en classe de 3 e , ou l'organisation des stages en entreprise désormais obligatoires pour tous les futurs enseignants.

Votre rapporteur se réjouit de ces initiatives, qui témoignent d'une volonté indiscutable du monde économique de se faire mieux connaître d'un monde éducatif qui, en retour, s'ouvre de plus en plus. Loin de toute ingérence, l'intensification de ces relations permet une meilleure compréhension et, partant, une meilleure coopération.

Aux yeux de votre rapporteur, cela est d'autant plus essentiel que l'orientation ne pourra devenir une priorité que si l'ensemble des personnels éducatifs connait suffisamment le monde socio-économique pour donner des conseils judicieux aux élèves.

* 6 « Les nouveaux médias : des jeunes libérés ou abandonnés ? » Rapport d'information n° 46 (2008-2009) de M. David Assouline au nom de la commission des affaires culturelles.

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