3. Des données incertaines concernant les autres dommages liés à l'usage de drogues

En dehors du suivi des maladies infectieuses et de celui des décès, l'état de santé des usagers de drogues est mal connu. La prévalence des maladies psychiatriques (angoisse, dépression, troubles de la personnalité et troubles psychotiques) est ainsi soulignée par les Caarud (45 % des usagers fréquentant les centres se déclarent en mauvaise santé psychique) mais imparfaitement documentée. On ignore ainsi la relation entre ces troubles et la consommation de drogues. Dans quelle proportion sont-ils préexistants, aggravés, révélés, voire produits par l'usage de drogues ? Si l'on sait qu'un nouveau cas de schizophrénie sur deux est associé à la consommation de cannabis, une étude précise de l'interaction entre l'ensemble des substances illicites et les maladies psychiatriques reste à faire. Votre commission vous propose donc un amendement tendant à ce qu'une étude scientifique soit conduite sur cette question. Elle pourrait être confiée à l'OFDT, et permettrait une prise en charge plus efficace des usagers de drogues, tant pour l'amélioration de leur état de santé que dans la perspective d'une sortie de leur toxicomanie.

Des pathologies somatiques autres que les pathologies infectieuses VIH et VHC paraissent également fréquentes, notamment les bronchites et rhumes et les maladies de la peau (abcès, mycoses, plaies, ulcères cutanés...), les pathologies d'ordre digestif (ulcères, pathologies du foie...) ainsi que des problèmes cardiaques. Les pratiques d'injections peuvent également être cause d'infections lourdes telles des septicémies, des endocardites et des arthrites.

La précarité sociale reste le principal dommage associé à la consommation de drogue. La part importante de jeunes de moins de vingt-cinq ans « désaffiliés » parmi les usagers problématiques de drogues est une tendance particulièrement inquiétante des dernières années. Leurs « conditions de précarité souvent extrêmes » , selon l'expertise collective de l'Inserm 4 ( * ) , et les conduites d'usage radical (polyconsommation et injection), auxquelles s'ajoute une prise de risque accrue (notamment partage du matériel d'injection sur la voie publique pour ne pas être arrêté en possession du produit) rendent particulièrement dramatique leur situation sanitaire. La présence croissante, depuis 2002, d'une population féminine parmi les jeunes désaffiliés pose des problèmes spécifiques sur le plan socio-sanitaire : violences, grossesses non désirées, prostitution..., pour lesquelles il n'existe à l'heure actuelle aucune réponse institutionnelle organisée.

Le bilan contrasté de la politique française en matière de drogues fait apparaître la nécessité d'une approche qui soit simultanément répressive, thérapeutique et sociale. Dans ce cadre, il convient de mesurer la place qui doit être faite à la politique de réduction des risques chez les usagers de drogues.


* 4 Réduction des risques infectieux chez les usagers de drogues, Inserm, Expertise collective, octobre 2010, pages 50-51.

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