D. DES ÉCHÉANCES COMMÉMORATIVES IMPORTANTES QUI NE DOIVENT PAS ÊTRE COMPROMISES

1. Contre une confusion des mémoires dans une date unique

Lors des récentes cérémonies du 11 novembre 2011, le Président de la République a annoncé son intention de faire du 11 novembre la date commémorative non plus seulement de la Grande Guerre mais de tous les morts pour la France. Il est du devoir de notre société d'entretenir aussi le souvenir des soldats morts pour la France dans le cadre des opérations extérieures (Opex). Pourtant, ce n'est pas la bonne solution. Il ne faut pas tout confondre et ainsi diluer l'hommage à la première génération du feu et sa mémoire.

Il n'est pas dans l'intérêt de notre société de remettre en cause les principales célébrations du calendrier mémoriel 3 ( * ) et encore moins de les regrouper dans une sorte de memorial day à la française. Cette idée, émise en 2008 dans le rapport Kaspi 4 ( * ) , est, depuis, régulièrement évoquée dans le débat public. Lors de son audition, le secrétaire d'Etat chargé des anciens combattants a assuré à votre commission qu'il n'était aucunement question de mettre en oeuvre cette proposition 5 ( * ) . Il convient néanmoins de rester très vigilant à ce sujet, c'est pourquoi votre rapporteure tient à marquer son opposition la plus ferme à un tel projet qui méconnaîtrait la complexité mais également la richesse de notre mémoire collective et la spécificité de chacun des sacrifices faits pour la France au cours du siècle dernier.

2. Préparer les échéances à venir

Par ailleurs, les années à venir vont marquer plusieurs anniversaires d'importance dont, pour certains, le souvenir est encore douloureux.

L'année 2012 sera tout d'abord celle du souvenir de la bataille de Bir Hakeim, soixante-dix ans après ce succès des Forces françaises libres, avec des manifestations organisées par la DMPA et, éventuellement, selon l'évolution de la situation en Libye, une cérémonie sur le champ de bataille. Ce sera également celle de la rafle du Vel d'Hiv', qui eut lieu les 16 et 17 juillet 1942 et entraîna l'arrestation de près de quinze mille juifs promis à la déportation. Selon la DMPA, un important travail de mémoire à destination du grand public, par des articles et des documentaires, devrait être conduit.

Elle constituera surtout le cinquantième anniversaire du cessez-le-feu qui a marqué l'arrêt des hostilités principales de la guerre d'Algérie le 19 mars 1962, consécutif à la signature, la veille, des accords d'Evian. Cette date symbolique pour celle qu'on nomme la troisième génération du feu, plus de 1,5 million de Français, appelés ou militaires d'active, qui ont participé au conflit, est aujourd'hui délaissée au profit du 5 décembre, date officielle de commémoration sans valeur historique. C'est pourquoi votre rapporteure espère que les autorités participeront officiellement à cet anniversaire en 2012 afin que le souvenir de cette guerre, encore si présent pour certains de nos concitoyens, soit correctement honoré. Alors que la fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie, des combats du Maroc et de Tunisie, créée par la loi du 23 février 2005, tarde à se mettre en place, les difficultés politiques et les divergences historiques ne doivent pas empêcher que cette date clé fasse l'objet d'une commémoration à la hauteur de son importance historique. Votre rapporteure prend donc position pour une révision de la date officielle de la journée nationale d'hommage aux morts de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie afin qu'elle ait dorénavant lieu le 19 mars et non le 5 décembre.

Enfin, à l'approche du centenaire de la Première Guerre mondiale, il est important que les différents acteurs attachés à la mémoire de ce conflit se coordonnent. L'Etat, les collectivités locales concernées ainsi que les représentants des différents belligérants qui ont combattu sur le sol français doivent s'entendre sur un programme ambitieux qui rappelle aux générations actuelles les sacrifices consentis tout comme le caractère inhumain des combats, sans en occulter les zones d'ombre ou les questions douloureuses, notamment le sort réservé aux mutins de 1917 et les dissensions qui ont pu exister, dans chaque pays, sur la conduite de la guerre. Il faut espérer que ce travail de mémoire insistera également sur la réconciliation des ennemis d'hier.


* 3 Cf. supra p. 11.

* 4 Rapport de la commission de réflexion sur la modernisation des commémorations publiques, sous la présidence d'André Kaspi, novembre 2008.

* 5 Cf. infra, compte rendu de l'audition de Marc Laffineur du 3 novembre 2011, p. 47.

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