3. Trouver les moyens d'un meilleur équilibre entre création et diffusion artistiques

Notre pays doit parvenir à résoudre le paradoxe bien connu suivant : nous encourageons une création riche et foisonnante mais dont la diffusion laisse souvent à désirer, même si nous mesurons bien les efforts de chacun pour l'améliorer. Car une création, qui a mobilisé des fonds publics et des talents, mérite d'être « donnée en spectacle » aussi souvent que possible.

Ainsi par exemple, une étude réalisée par la SACD voilà trois ans et portant sur les CDN - afin de connaître, à partir des programmes, des lieux, la place de la création contemporaine francophone ainsi que la diffusion de ces oeuvres - a montré que si globalement la création contemporaine française avait sa place, en revanche, la moyenne de représentation des spectacles était faible : une oeuvre chorégraphique serait jouée en moyenne 3 fois ; cette moyenne serait de 7 pour les oeuvres théâtrales.

Certes, ce discours hérisse parfois les artistes, qui craignent que la liberté de création soit entravée par des exigences, souvent relayées par les élus, en termes d'impact social, culturel et éducatif de leurs oeuvres. La commission a entendu leur inquiétude d'un relatif effacement de l'artistique face aux demandes socioculturelles et aussi aux exigences de rentabilité demandées.

En réalité, il y a un équilibre à trouver entre toutes les missions de service public des structures, ce qui est sans doute plus difficile en période de contraintes budgétaires. S'agissant des orchestres permanents, par exemple, il convient sans doute d'amplifier les mutualisations et une organisation plus fluide de la diffusion, y compris dans leur propre région.

Mais nous ne pouvons pas nous contenter de ce constat. Tout d'abord, force est de constater que lorsque la culture est une priorité clairement assumée par les élus, les budgets sont sauvegardés. Et ceci n'est pas une question d'appartenance politique, mais de conviction et de sensibilité culturelle, comme le montrent les exemples de régions telles que la Bretagne, le Nord, Rhône-Alpes, des départements et de nombreuses communes très actives. D'où la nécessité de compréhension mutuelle et de concertation.

Ceci étant, les perspectives d'évolution des budgets des collectivités territoriales sont inquiétantes et n'incitent pas votre rapporteure à l'optimisme.

Bien entendu, la situation varie selon les filières. Pour les professionnels des arts du cirque, par exemple, le vrai souci n'est pas tant la diffusion que la précarité de la production. Les élus doivent y être sensibilisés et leurs associations ont une responsabilité dans ce domaine.

Mais, de façon générale, les travaux du groupe de travail ont conduit à souhaiter que les dispositifs induisent des comportements encore davantage orientés vers une meilleure circulation des spectacles. Priorité doit être donnée à la structuration des réseaux, avec les salles et les compagnies, pour la création et la diffusion.

A cet égard, la politique de contractualisation entre l'État et les établissements est positive. Elle doit être incitative, vertueuse et bien entendu faire l'objet d'une évaluation rigoureuse et partagée. Mais les collectivités territoriales devraient être davantage associées , notamment lorsqu'elles assument une part majeure du financement.

D'ailleurs, les collectivités, elles aussi, mettent de plus en plus souvent en place des dispositifs incitatifs , en conditionnant leurs subventions au respect de critères de diffusion. Votre rapporteure en a des exemples dans son département, le Finistère ; de même, notre collègue Jean-Jacques Pignard avait évoqué auprès de notre groupe de travail des exemples similaires dans le Rhône.

A cet égard, ainsi que des représentants des scènes publiques l'ont indiqué à votre rapporteure, la nécessité - pour partie pour des raisons financières - de créer de plus en plus sous forme de coproduction , permet d'assurer un plus grand nombre de représentations. En effet, la zone d'attractivité du public pour un spectacle coproduit se trouve démultipliée, grâce à la couverture territoriale que permet d'atteindre l'ensemble des établissements concernés.

Enfin, le savoir-faire des professionnels français est un atout puissant, qu'il faut sans doute mieux valoriser à l'étranger, et donc exporter . Il est du devoir de l'Institut français de faciliter et développer ce rayonnement à l'étranger.

Cependant, on peut noter le succès à l'international du secteur des arts de la rue et des arts du cirque . La reconnaissance de l'excellence et de la créativité françaises, ainsi que le langage spécifique de ces arts, expliquent cet attrait et justifieraient qu'ils fassent l'objet d'une attention soutenue. A cette fin, une meilleure prise en compte des professions concernées par le code du travail contribuerait à la reconnaissance de ces secteurs.

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