VI. UNE FILIÈRE D'EXCELLENCE EN ADAPTATION CONSTANTE

A. LES PERFORMANCES APRÈS LA RÉNOVATION DE LA VOIE PROFESSIONNELLE

1. Des taux d'insertion professionnelle et de poursuite d'études appréciables

La qualité des formations dispensées par l'enseignement agricole et leur adéquation avec les besoins des entreprises et des territoires sont unanimement reconnues par les professionnels.

Les dernières enquêtes sur l'insertion des anciens élèves et apprentis de l'enseignement agricole montrent que plus de 85 % des titulaires d'un baccalauréat professionnel de l'enseignement agricole sont insérés dans l'emploi , quarante-cinq mois après leur sortie de formation et environ 93 % des diplômés d'un BTSA , trente-trois mois après. Dans un contexte de grave crise économique et de refonte profonde des formations, il convient de saluer ces résultats.

Insertion professionnelle 9 ( * ) des diplômés de l'enseignement agricole

Taux d'insertion (%)

DIPLÔME

enquêtes

population

filles

garçons

total

CAPA

2011

élèves

59

73,8

66,5

2011

apprentis

60,1

79,9

77,4

BEPA

2008

élèves

74,6

86,9

79,1

2008

apprentis

75

91,4

89

Baccalauréat professionnel

2012

élèves

83,7

88,7

85,7

2012

apprentis

81,9

91,3

89,3

2009

élèves

79,1

94,6

90,4

2009

apprentis

78,6

93,8

90,8

Baccalauréat technologique

2012

élèves

Résultats non significatifs

2009

élèves

57,6

69

65,4

BTSA

2010

étudiants

87,9

96,2

93,7

2010

apprentis

89

94,3

92,7

Source : Ministère de l'agriculture

Selon l'enquête de 2012, le taux d'insertion moyen des bacheliers professionnels issus de la voie scolaire, hors apprentissage, est de 85,7 % mais varie selon les secteurs professionnels.

Votre rapporteur pour avis souligne pour s'en féliciter que l'écart entre l'insertion professionnelle des garçons et des filles au niveau du bac professionnel a diminué de 10 points entre 2009 et 2012 . Demeurent cependant des écarts d'insertion encore trop importants au niveau des autres diplômes, tant le CAPA que le BTSA.

Cette différence provient certainement de la prédominance des jeunes filles dans les filières tertiaires, qui recrutent moins que les secteurs de production, où les jeunes gens sont majoritaires. Très majoritairement issues de l'option « services en milieu rural », les femmes occupent prioritairement des postes d'employées (80,6 %) dans le secteur de la santé, du social et des services aux personnes. Les hommes, qui s'insèrent plutôt sur des postes d'ouvriers (61,2 %), travaillent essentiellement dans le secteur agricole (29 %), en tant qu'ouvrier paysagiste (19,4 %), ou dans l'industrie agroalimentaire (12,8 %).

Poursuite d'études des diplômés de l'enseignement agricole

Taux de poursuite d'études (%)

DIPLÔME

enquêtes

population

filles

garçons

total

CAPA

2011

à 33 mois

élèves

68,7

53,1

62,4

2011

à 33 mois

apprentis

51,4

49,7

49,4

BEPA

2008

à 45 mois

élèves

81,8

87,5

84,4

2008

à 45 mois

apprentis

nd

nd

80,5

Baccalauréat professionnel

2012

à 33 mois

élèves

61,6

55,7

59,2

2012

à 33 mois

apprentis

58,6

37,8

43,1

2009

à 45 mois

élèves

61,7

51,7

54,5

2009

à 45 mois

apprentis

54,1

36,5

40,3

Baccalauréat technologique

2012

à 33 mois

élèves

93,2

92,8

93

2009

à 45 mois

élèves

93,8

95

94,6

Bac S

2012

à 33 mois

élèves

98,5

99

98,8

2009

à 45 mois

élèves

nd

nd

99,2

Source : Ministère de l'agriculture

Une majorité d'élèves poursuit des études après l'obtention du diplôme, les apprentis dans une moindre mesure. Ce constat concerne tous les niveaux de diplôme. Les filles sont plus nombreuses que les garçons à prolonger leur parcours de formation.

Il convient également de souligner la réussite des élèves se présentant aux concours des écoles nationales agronomiques et vétérinaires publiques. Le concours A s'adresse aux étudiants ayant suivi une classe préparatoire 10 ( * ) , ce qui en tout état de cause limite l'accès après l'enseignement agricole aux seuls bacheliers S. Le concours C est préparé par les étudiants titulaires d'un BTSA, d'un DUT ou d'un BTS dans certaines options, dans le cadre d'une classe préparatoire en un an. Enfin, le concours C2 est ouvert aux seuls titulaires du DUT, directement après l'obtention de ce diplôme.

Réussite aux concours 2012 avec la part du nombre d'élèves diplômés
de l'enseignement agricole

Concours

École nationale supérieure agronomique

École nationale d'ingénieurs des travaux agricoles

École nationale vétérinaire

A

949 intégrés dont 9 bac S « biologie écologie »
soit 0,9% des intégrés

376 intégrés dont 6 bac S « biologie écologie »
soit 1,6 % des intégrés

C

21 intégrés dont 5 BTSA soit 23,8% des intégrés

62 intégrés dont 29 BTSA
soit 46,8 % des intégrés

36 intégrés dont 10 BTSA soit 27,8 % des intégrés

C2

127 intégrés dont 7 bac S « biologie écologie » et 4 bac STAV, soit respectivement 5,5%, et 3,1% des intégrés

Source : Ministère de l'agriculture

En 2012, 1 325 jeunes, soit 24 de moins que l'année précédente, ont intégré une école nationale supérieure agronomique (ENSA), une école nationale d'ingénieurs des travaux agricoles (ENITA) ou une école nationale vétérinaire (ENV) par les concours A. Seuls 1,1 % d'entre eux étaient titulaires d'un baccalauréat de l'enseignement agricole. Ce pourcentage a décru au cours des quatre dernières années.

Les concours C constituent traditionnellement un outil de promotion d'étudiants issus de l'enseignement agricole . C'est pourquoi votre rapporteur pour avis ne peut que s'inquiéter de la chute brutale des résultats des BTSA. À la session 2011, ils représentaient 61,5 % des intégrés à l'ENSA et 47,2 % à l'ENV, tandis qu'à la session 2012, ils ne représentaient plus respectivement que 23,8 % et 27,8 % des admis. Sur des promotions exiguës, il n'est pas rare d'observer de fortes variations annuelles. Pourtant, des baisses des résultats de l'ordre de 40 points à l'ENSA et de 20 points à l'ENV dépassent a priori les fluctuations habituelles.

Alors que la rénovation de la voie professionnelle conduit à un accroissement sensible des inscriptions en BTSA, votre rapporteur pour avis souhaite que le ministère de l'agriculture veille à préserver la qualité de ces formations.

2. L'impact de la rénovation de la voie professionnelle

La rénovation de la voie professionnelle a été mise en place à compter de la rentrée 2009. Elle s'est concrètement traduite par l'ouverture de cinq secondes professionnelles : « Productions animales », « Productions végétales - Agroéquipement », « Nature - Jardin - Paysage - Forêt », « Conseil vente », « Bio industries - Laboratoire ».

Ces secondes constituent la première année du cursus en trois ans conduisant au baccalauréat professionnel. Huit spécialités de baccalauréats professionnels ont été complètement rénovées ou créées pour une entrée en vigueur en classe de première de baccalauréat professionnel à la rentrée 2010. Il s'agit des spécialités suivantes : « Gestion des milieux naturels et de la faune », « Aménagements paysagers », « Conduite et gestion de l'exploitation agricole », « Laboratoire contrôle qualité », « Agroéquipement », « Technicien conseil vente en animalerie », « Technicien conseil vente en produits de jardin », « Technicien conseil vente en alimentation ».

Cette rénovation s'est poursuivie à la rentrée 2011, par son application dans les filières hippiques, animalier de laboratoire et services en milieu rural et à la personne. Il a fallu pour chacun de ces secteurs professionnels définir la seconde professionnelle, les référentiels des diplômes de BEPA rénovés servant de certification intermédiaire et les référentiels des baccalauréats professionnels correspondants.

En outre, à la rentrée 2011, quatre autres spécialités de baccalauréat professionnel ont été rénovées. Il s'agit des spécialités « Productions horticoles », « Productions aquacoles », « Conduite et gestion de l'entreprise du secteur canin et félin » et « Forêt ».

À la rentrée 2012, les classes de première relatives aux spécialités « Technicien en expérimentation animale », « Services aux personnes et aux territoires » et « Conduite et gestion de l'entreprise hippique » ont été créées. Le chantier s'est achevé à la rentrée 2013 avec la mise en place des classes de terminale dans ces trois spécialités.

Les résultats aux sessions 2012 et 2013 aux examens, auxquels se présentaient pour la première fois des candidats ayant suivi un parcours préparant au baccalauréat professionnel en 3 ans montrent que l'objectif de conduire davantage de jeunes au baccalauréat est atteint. Environ 3 900 candidats supplémentaires ont ainsi accédé au baccalauréat entre 2011 et 2013.

Cependant, même si les résultats globaux restent satisfaisants (82 % de réussite à la session 2013), une baisse sensible du taux de réussite aux examens, de l'ordre de 10 %, est observée entre 2011 et 2013 pour les spécialités préparées en 3 ans dans le cadre rénové.

Cette dégradation préoccupante est cependant très variable selon les spécialités. Certaines comme l'option « forêt » affichent un taux de réussite de 90%, alors que d'autres, dans le secteur de la production agricole notamment, se situant juste au-dessus de 70 %.

Le ministère de l'agriculture a indiqué à votre rapporteur pour avis que les résultats des sessions 2012 et 2013 font l'objet d'une expertise de l'inspection de l'enseignement agricole, afin d'identifier les mesures nécessaires pour consolider le dispositif et améliorer l'accompagnement des jeunes vers à la réussite à l'examen.


* 9 L'insertion professionnelle est considérée 45 mois après la sortie de formation, hormis pour le BTSA où l'enquête porte sur l'insertion après 33 mois.

* 10 Filière Biologie-Chimie-Physique et Sciences de la Terre (BCPST).

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