II. UN FLEURON DES INDUSTRIES CULTURELLES FRANÇAISES

A. UNE PRODUCTION AUX MULTIPLES VISAGES

1. Des oeuvres françaises variées aux coûts maîtrisés

En 2014, l'activité de production de films cinématographiques a subi de nouveau une baisse par rapport aux années précédentes. 258 films ont été agréés par le CNC 7 ( * ) , soit douze films de moins qu'en 2013 et vingt et un de moins qu'en 2012. Cette diminution concerne aussi bien les films d'initiative française que les films à majorité étrangère . Le niveau de production constaté en 2014 demeure toutefois supérieur à la moyenne des dix dernières années.

Évolution de la production cinématographique (nombre de films)

films d'initiative française

dont films intégralement français

et films de coproduction

films à majorité étrangère

total films agréés

2005

187

126

61

53

240

2006

164

127

37

39

203

2007

185

133

52

43

228

2008

196

145

51

44

240

2009

182

137

45

48

230

2010

203

143

60

58

261

2011

207

152

55

65

272

2012

209

150

59

70

279

2013

209

154

55

61

270

2014

203

152

51

55

258

Source : CNC

Le nombre de films agrées d'initiative française (203 en 2014) se maintient au-delà de 200 depuis 2010 ; 95 % d'entre eux sont tournés en langue française et 74,7 %, soit 152 films en 2014, intégralement financés par les dispositifs nationaux , notamment les obligations incombant aux chaînes.

Le nombre de premiers films a diminué légèrement pour atteindre soixante films en 2014. Les premiers et deuxièmes films représentent 46,8 % des films d'initiative française, contre 51,2 % en 2013.

Le nombre de films tournés en vidéo numérique continue en revanche de progresser : 95,1 % des films d'initiative française sont tournés en vidéo numérique en 2014 (contre 89,5 % en 2013).

Cette relative stabilisation du nombre d'oeuvres doit être mise en perspective avec la diminution observée des investissements , qui atteint 22,7 % par rapport à son niveau de 2013. Les investisseurs français ont réduit leur participation de 19,7 %, les étrangers de 47,6 %. Avec moins de 800 millions d'euros investis au total , 2014 se rapproche du montant atteint en 2002. Cette évolution n'est nullement compensée par des investissements plus élevés dans les films d'initiative française réalisés dans le cadre d'une coproduction étrangère, puisqu'eux-mêmes ont enregistré un recul de près de 17 %. En outre, les mandats (distribution en salles, édition vidéo, exploitation à l'étranger) pour les films français reculent de 45 %.

Financement des films d'initiative française
(%)

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

investissements français

89,7

89,8

90,4

93,2

91,9

91,6

89,5

90,7

91,4

94,3

producteurs français

29,5

34,4

28,3

28,4

31,0

29,3

28,4

29,7

29,3

29,9

SOFICA

3,1

3,5

3,9

2,8

3,8

4,3

3,0

4,0

3,1

3,9

soutien automatique du CNC

5,8

5,8

4,8

4,2

4,3

4,3

2,7

2,7

2,9

3,3

aides sélectives du CNC

2,9

2,6

2,6

2,1

2,5

2,7

2,1

2,3

2,7

3,6

aides régionales

1,3

1,5

1,6

1,8

2,0

1,9

1,7

1,5

2,1

2,0

coproductions TV

3,8

3,3

3,8

3,2

3,7

3,6

4,2

4,2

3,3

4,9

préachats TV

25,5

25,3

26,8

24,5

28,7

28,9

28,3

27,7

24,0

29,7

mandats groupés

-

-

-

9,8

8,8

5,2

7,0

10,6

8,6

7,8

distributeurs France

9,7

7,4

9,5

2,3

3,3

4,4

4,4

1,7

1,3

1,3

éditeurs vidéo France

3,1

2,2

2,1

1,7

0,7

0,9

1,3

0,8

0,7

0,9

mandats étrangers (part française)

5,1

3,8

7,2

12,4

3,0

6,0

6,4

5,5

13,5

7,1

investissements étrangers

10,3

10,2

9,6

6,8

8,1

8,4

10,5

9,3

8,6

5,7

mandats étrangers (part étrangère)

0,3

0,4

1,0

0,4

0,2

0,6

0,6

0,7

0,5

0,2

total

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

Source : CNC

Le niveau de production n'est maintenu qu'au travers de la diminution conjointe du montant du devis moyen. Il s'établit à 3,94 millions d'euros en 2014, soit 19,3 % de moins qu'en 2013 et le niveau le plus faible depuis 1999. Pour la moitié des films d'initiative française, le devis est inférieur à 2,8 millions d'euros.

L'année 2014 voit une moindre bipolarisation de la production avec une diminution du nombre de films à devis très élevé (trois films seulement dépassent 15 millions d'euros contre douze films en 2013) et moins de devis inférieurs à 2 millions d'euros. Toutefois, les trente-six films d'initiative française dont le devis est supérieur à 7 millions d'euros recueillent 51,4 % des financements, alors qu'ils ne représentent que 17,7 % des titres produits.

Avec 35 films sur les 37 agréés (36 films sur 38 en 2013), le nombre de documentaires d'initiative française s'est en revanche maintenu à un niveau élevé en 2014. Le devis moyen (570 000 euros) constaté en 2014 est, là aussi, le plus faible de la décennie.

En outre, sur les neuf films d'animation agréés en 2014, cinq sont d'initiative française . Le devis moyen s'établit à 6,9 millions euros, à un niveau plus raisonnable que les 20,2 millions d'euros de 2013 biaisé par les près de 60 millions d'euros affichés par Le Petit Prince de Mark Osborne.

Pour 2015, les premiers chiffres connus indiquent une progression de la production : dix-neuf films de plus ont déjà été agréés par le CNC par rapport au bilan de 2014 à la même date. Les investissements progressent de 34,5 % dans les films d'initiative française , hausse plus importante que celle, parallèle, du nombre de films, ce qui conduit mécaniquement à une augmentation du devis moyen à 4,41 millions d'euros . D'ores et déjà, quatre films agréés affichent un devis supérieur à 15 millions d'euros.

2. Une concurrence sérieuse pour le cinéma américain

Avec 663 films ayant fait l'objet d'une première sortie commerciale, soit une moyenne de treize par semaine , l'année 2014 se place au niveau le plus élevé depuis 1981. 32 % sont des drames et 57,6 % sont recommandés Art et Essai.

Nombre de films sortis en première exclusivité

films français

films américains

films européens

autres films

total

2005

237

149

106

58

550

2006

242

174

105

68

589

2007

262

174

79

58

573

2008

240

155

99

61

555

2009

270

163

97

58

588

2010

272

144

120

43

579

2011

289

139

110

56

594

2012

300

149

100

66

615

2013

330

152

105

67

654

2014

343

150

104

66

663

Source : CNC

Sur ce total, le nombre de films français s'établit à 343, soit, cette fois, le niveau le plus élevé enregistré depuis 1975. Pour la deuxième année consécutive, ils représentent plus de la moitié des oeuvres en première exclusivité , contre 22,6 % pour les films américains.

Outre leur nombre élevé, les films français ont, en 2014, bénéficié d'un véritable succès commercial. Ainsi, leur part de marché s'est établie à 44,4 % avec un total de 91,2 millions d'entrées . Ce résultat particulièrement satisfaisant, et inédit ces trente dernières années, doit toutefois être nuancé : il s'explique essentiellement par le fait que les trois premières places du box-office ont été occupés par des films français : Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? (12,34 millions d'entrées), Supercondriaque (5,7 millions d'entrées) et Lucy (5,2 millions d'entrées).

En outre, le chiffre d'affaires du cinéma américain en France, dont le nombre de films diffusés est moins élevé, s'il chute de 8,6 points à 45,5 % et 93,37 millions d'entrées , demeure plus élevé.

Les bons résultats du cinéma français en 2014 masquent également la concentration toujours plus forte des entrées sur quelques titres . Les dix films les plus performants concentrent 22,8 % des entrées. Cette proportion atteint 43,9 % pour les films français, constat qui a pour corollaire que nombre de productions nationales ne trouvent pas le succès en salles .

Selon les premières estimations, l'année 2015 devrait être moins exceptionnelle , tout en affichant une fréquentation proche de 200 millions d'entrées, même si l'arrivée du dernier Star Wars sur les écrans à la mi-décembre pourrait attirer trois à cinq millions de spectateurs supplémentaires. Les espoirs de la profession sont également élevés pour 2016 , si l'on en croit les propos tenus par Alain Süssfeld, directeur général du groupe UGC, lors de son audition par votre rapporteur pour avis, s'agissant des premières bandes annonces dévoilées par les distributeurs lors du congrès annuel de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), qui s'est tenu fin septembre à Deauville.


* 7 Selon la méthodologie retenue par le CNC, seule est ici comptabilisée la production de films français ayant obtenus un agrément des investissements ou un agrément de production. Les films financés par un producteur français mais ne pouvant être qualifié d'oeuvres européennes, ainsi que les films ne faisant appel à aucun financement encadré ni au soutien financier de l'État et dont la production n'est pas terminée en sont exclus.

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