CHAPITRE III - LE PROJET « INDUSTRIE DU FUTUR » : ÉTAT DES LIEUX ET RECOMMANDATIONS

Le projet d'industrie du futur - on parle parfois aussi abusivement d'industrie 4.0 en s'inspirant du nom du projet analogue développé en Allemagne - a été officiellement lancé en avril 2015 par le Président de la République. Ce projet constitue un axe émergent de la politique industrielle française, doté d'outils de pilotage et de crédits spécifiques, dont l'objectif est d' encourager la transformation en profondeur du tissu productif industriel national par l'intégration des technologies du numérique . Le présent rapport en rappellera la genèse et les enjeux, avant d'en présenter les outils et de formuler quelques recommandations.

I. LA GENÈSE DU PROJET D'INDUSTRIE DU FUTUR

A. UNE PRISE DE CONSCIENCE DE LA PERTE DE COMPÉTITIVITÉ DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE ET DE LA NÉCESSITÉ D'OPÉRER UN REDRESSEMENT

Au début des années 2010, l'impasse économique que constitue le modèle d'une société de services « post-industrielle » apparaît manifeste. En avril 2011, une mission commune d'information du Sénat publie ainsi un rapport intitulé : « Réindustrialisons nos territoires » 14 ( * ) . La remise du rapport Gallois, en novembre 2012, va dans le même sens et souligne la faiblesse de la productivité globale des facteurs, ainsi que le vieillissement excessif de l'outil industriel français du fait d'une insuffisance des investissements de productivité depuis le début des années 2000. Il met notamment en lumière le retard de la France dans la robotisation par rapport aux concurrents allemand et italien. En France, 34 500 robots industriels, avec une moyenne d'âge élevée, sont en service, contre 62 000 en Italie et 150 000 en Allemagne.

En novembre 2013, dans le prolongement du rapport Gallois, le Gouvernement lance le projet de Nouvelle France industrielle (NFI), articulé autour de 34 plans de « reconquête industrielle » . Il s'agit d'une démarche originale pour définir de manière collaborative, à travers un dialogue associant industriels, chercheurs et pouvoirs publics, les thématiques prioritaires devant guider l'effort national d'innovation et d'investissement industriels. Cette élaboration collaborative a conduit à définir des feuilles de route validées par le Gouvernement en juillet 2014.

Au printemps 2015, la maturation des différents projets conduit le ministre de l'économie à décider une transformation de l'organisation et des objectifs de la Nouvelle France industrielle . Les 34 plans initiaux deviennent :

- un projet transversal, le projet Industrie du futur , qui irrigue le travail de toutes les filières ;

- neuf « solutions industrielles » destinées à répondre à des marchés en plein essor 15 ( * ) .

Cette réorganisation de la Nouvelle France industrielle correspond pour partie à une volonté de rationalisation administrative : rendre plus lisible et plus cohérente une démarche un peu foisonnante dispersée en 34 plans. Mais il y a plus. La définition du projet d'industrie du futur en 2015 témoigne aussi d'une évolution de fond : la prise de conscience véritable des bouleversements que les technologies du numérique vont entraîner dans l'activité industrielle et des opportunités que cela offre à un pays comme la France .


* 14 Mission commune d'information sur la désindustrialisation des territoires, rapport n°403, Réindustrialisons nos territoires, M. Bourquin (Président) et A. Chatillon (Rapporteur), Sénat.

* 15 Economie des données, Objets intelligents, Confiance numérique, Alimentation intelligente, Nouvelles ressources, Ville durable, Mobilité écologique, Médecine du futur et Transports de demain

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