B. ...QU'EFFICACE

1. Une production florissante, qui s'exporte avec un relatif succès
a) Une production prolifique

En 2016, 283 films de long métrage ont obtenu un agrément du CNC, soit dix-sept de moins qu'en 2015, dont 221 films d'initiative française . Sur ce dernier total, quarante-et-un sont des documentaires et dix des films d'animation. Par ailleurs, quatre-vingt sont des premiers films.

Nombre de films agréés selon le genre

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

Le devis moyen des films d'initiative française enregistre une hausse de 25 % par rapport à 2015, pour s'établir à 5,47 millions d'euros . Toutefois, si ne sont pas pris en considération les superproductions Valerian et la cité des mille planètes et The Lake , ce montant atteint 4,32 millions d'euros, soit un niveau proche de celui de 2015.

Devis moyen des films d'initiative française (M€)

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

Par ailleurs, la dispersion des devis des films d'initiative française tend à se réduire : avec un devis médian de 2,8 millions d'euros , la moitié des productions affichent un coût compris entre 740 000 euros et 6 millions d'euros. Seuls quarante films affichent un devis supérieur à 7 millions d'euros, soit onze de moins que l'an passé.

Films d'initiative française selon le devis

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

Le dynamisme de la création cinématographique française, s'il doit évidemment être salué d'un point de vue artistique et culturel, rend cependant plus incertaine la visibilité des oeuvres lors de leur sortie en salle. Ainsi, en 2016, 7 796 longs-métrages, dont 716 inédits, ont été programmés dans les salles françaises mais 71,8 % des films ayant bénéficié de l'avance sur recettes du CNC sont sortis avec moins de cent copies. Peu étonnant dès lors que la moitié des quelques 320 films français produits en 2015 aient enregistré moins de 20 000 entrées en salle , soit 50 % de plus qu'il y a dix ans. Cinquante d'entre eux ont même été vus par moins de 1 000 spectateurs.

Une amélioration de ce déséquilibre est cependant attendue par les professionnels avec la mise en place de l'accord sur les engagements de programmation et de diffusion signé le 13 mai 2016 dans le cadre du deuxième volet des Assises du Cinéma relatif à la diffusion des films en salle. Il affiche, au bénéfice du public, l'ambition d'une plus grande diversité et d'une meilleure qualité de l'offre de films en salles .

L'accord du 13 mai sur les engagements de programmation et de diffusion

Cet accord rend compte, en matière de régulation de la programmation, de l'évolution des pratiques de diffusion : en conséquence de l'avènement du numérique et de l'augmentation du nombre de films produits, la durée de diffusion en salles s'est raccourcie, tandis que certaines oeuvres peinaient à se trouver à l'affiche dans les zones rurales et dans les villes de moins de 50 000 habitants.

L' accord du 13 mai 2016 prévoit d' étendre les engagements de programmation aux établissements comptant au moins six écrans , contre huit précédemment, intégrant une exposition minimale, exprimée en nombre de séances garanties, des films européens et des genres peu diffusés . Les exploitants devront en outre s'engager à diffuser un nombre fixé au préalable de films proposés par des distributeurs ayant réalisé moins de deux millions d'entrées.

L'accord permet également, afin de diversifier l'offre, une meilleure régulation de la multidiffusion (programmation d'un même film dans plusieurs salles d'un même établissement simultanément) en imposant aux exploitants le respect d'un plafond de multidiffusion .

Parallèlement à une ambition nouvelle pour les engagements de programmation des exploitants, les professionnels se sont entendus pour fixer, pour la première fois, des engagements de diffusion : les distributeurs doivent notamment distribuer, depuis le 1 er janvier 2017, des films d'art et essai dits « porteurs » , c'est à dire visibles sur au moins 175 écrans, dans les zones rurales et les agglomérations de taille modeste .

Le non-respect des engagements de l'accord aura des conséquences dans l'attribution des aides sélectives à la distribution comme en matière d'accès des distributeurs au dispositif de soutien de l'Agence pour le développement régional du cinéma (ADRC). En contrepartie, les distributeurs bénéficient d'un plan d'aide de 5 millions d'euros et d'un rehaussement à 3 millions d'euros de leur bonus dans le cadre du soutien automatique.

Source : Commission de la culture, de l'éduction et de la communication

b) Une exportation en dents de scie

Après d' excellents résultats affichés en 2014 (153,8 millions d'euros de chiffre d'affaires réalisés sur la vente de programmes à l'étranger, l'année 2015 marquait un recul de 9,6 % à 108,6 millions d'euros tout en affichant plusieurs résultats encourageants : les films français réalisaient plus d'entrées à l'international qu'en France et dix productions, dont Taken 3 , Le Petit Prince et Le Transporteur-Héritage , enregistraient plus d'un million d'entrées hors de nos frontières. Portées par ces succès, les recettes d'exploitation croissaient en conséquence pour atteindre 215,8 millions d'euros contre 194 millions d'euros en 2014. Par ailleurs, l'année 2015 voyait les productions françaises remporter de nombreux prix : Palme d'Or du Festival de Cannes pour Deephan , prix du meilleur court métrage à Toronto pour Maman(s) et prix d'interprétation décerné à Venise à Fabrice Luchini pour son rôle dans L'Hermine .

Recettes d'exportation selon la nationalité des films (M€)

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

Les chiffres rendus publics dans le rapport d'activité du CNC pour 2016 n'en sont donc que plus décevants. Le cinéma français a, en effet, enregistré un recul de fréquentation spectaculaire à l'international de près de 70 % . Selon Unifrance, les productions tricolores n'auraient attiré que 37,4 millions de spectateurs à l'étranger et seuls deux films - Le Petit Prince à nouveau et Oppression - auraient dépassé le million d'entrées. Il s'agit du plus bas niveau de fréquentation à l'international depuis plus de dix ans, qui s'explique par l'absence de comédies, comme La Famille Bélier ou Intouchables les années précédentes, ou de superproductions pour dynamiser les ventes.

Entrées des films français à l'étranger (millions)

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

En 2016, le cinéma français s'est contenté de briller dans les films de genre, notamment grâce au Golden Globe de la meilleure actrice décroché par Isabelle Huppert pour son rôle dans Elle de Paul Verhoeven, même si le film n'a pas attiré plus de 500 000 spectateurs.

Avec 18 millions d'entrées lors de cette année de marasme, qui bouleverse absolument le marché de l'export tel qu'observé par Unifrance en 2015, l'Europe de l'Ouest est redevenue, devant l'Amérique du Nord (6,4 millions de spectateurs), la première zone d'exportation du cinéma français, en dépit d'une baisse de 34,9 % du nombre d'entrées. Le recul de fréquentation est particulièrement important en Amérique latine, malgré une belle performance d' Oppression , et en Asie, notamment en Chine, où les films français ont à peine réalisé un million d'entrée, contre quatorze en 2015 (- 93 %).

Répartition des entrées des films français en salles
à l'étranger par zone géographique en 2016
(%)

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

Deux sources de satisfaction peuvent toutefois être relevées : la révélation, grâce à la dispersion des entrées, de certains succès locaux comme Le Goût des merveilles et L'Étudiante et Monsieur Henri dans les salles allemandes, Mon roi au Mexique ou La Vache en Colombie, et les records de fréquentation lors d'événements consacrés aux productions françaises que sont le Tour de Cine Francés au Mexique et l'Alliance française French Film Festival en Australie.

Si l'année 2017 devrait afficher de meilleurs résultats avec le retour de blockbusters comme Valerian et la cité des mille planètes de Luc Besson, la refonte des aides à l'export , opérée par le CNC à la fin de l'année 2016, apparaît plus que jamais indispensable à votre rapporteure pour avis.

Les mécanismes d'aide publique à l'exportation des films français

Le CNC met en oeuvre, depuis 1997, des aides à la promotion des films français à l'étranger. En 2016, le budget de ces aides directes aux exportateurs s'est établi à 3,9 millions d'euros. Le budget prévisionnel des aides après réforme des dispositifs de soutien à l'export pour l'année 2017 est de 10,2 millions d'euros .

Jusqu'en 2016 inclus, ces aides se décomposaient en trois catégories : l'aide à la prospection à l'étranger (octroyée film par film et/ou pour l'ensemble de la stratégie d'exportation d'une société), l'aide à la diffusion des films français à l'étranger et des aides au sous-titrage et au doublage. Annoncé par le CNC le 24 novembre 2016, le nouveau plan export modifie ce dispositif à compter de 2017 , avec notamment la mise en place d'un fond de soutien automatique à la promotion du cinéma français à l'international , qui se substitue à l'aide sélective à la prospection à l'étranger et aux aides au sous-titrage et au doublage.

Créé à titre expérimental pour une période de trois ans et doté d'un budget annuel de 8,5 millions d'euros , ce fonds est un dispositif d'allocations d'investissement reposant sur des comptes automatiques ouverts au nom de chaque entreprise. Le soutien est généré en fonction du succès remporté par les films à l'étranger. Celui-ci est calculé sur la base du nombre d'entrées réalisées en salle dans cinquante-quatre territoires représentant plus de 90% du marché du cinéma français à l'étranger. Généré dès la première entrée, le soutien est dégressif et plafonné à 700 000 entrées. Il est majoré pour les films plus difficiles à l'export et prioritaires que sont les films d'expression originale française et les premiers et seconds films. Le soutien généré peut être mobilisé soit pour des investissements en minima garantis (MG), qui encouragent le préfinancement des films et incitent à la prise en compte de la dimension internationale le plus en amont possible pour renforcer le potentiel des films à l'étranger, soit pour des dépenses de prospection et de promotion des oeuvres. Ce soutien est assorti d'un « retour producteur » destiné à associer plus étroitement les producteurs au succès international des films. Il correspond à 66 % du soutien généré par la diffusion d'un film en salle à l'étranger auquel est appliqué le coefficient de pondération utilisé au sein du compte de soutien automatique à la production.

Par ailleurs, créé en 2013 au sein de l'IFCIC, le fonds d'avances remboursables pour l'acquisition, la prospection et la promotion de films à l'étranger (FARAP) est destiné à soutenir les exportateurs dans l'acquisition des droits internationaux de films et leur promotion à l'étranger . Doté initialement de 8 millions d'euros par le CNC, ce fonds a été abondé de 4 millions d'euros supplémentaires en 2014. Il offre à ses bénéficiaires des avances pouvant atteindre 850 000 euros pour une durée comprise entre douze et trente-six mois. Trois comités d'engagement du FARAP se sont tenus en 2016 ; ils ont accordé des avances à neuf sociétés, pour un montant total de 2,8 millions d'euros . Après une année 2017 de transition, le FARAP sera aménagé afin d'assurer une articulation cohérente avec le nouveau fonds de soutien automatique à la promotion des oeuvres cinématographiques à l'étranger . Il devrait être réservé aux nouveaux entrants et aux petites structures qui ne bénéficient pas ou peu du fonds de soutien automatique du CNC.

Enfin, le CNC apporte un soutien financier décisif à l'association UniFrance , qui a pour mission de promouvoir le cinéma français à l'étranger via l'organisation de festivals et de marchés autour des productions hexagonales, la participation aux grands marchés du film avec un stand dédié, la veille économique du secteur de l'exportation et des résultats des films, la participation avec le CNC à la gestion des aides à la promotion et à la distribution des films français à l'étranger. L'opérateur participera en 2017 à hauteur de 6,3 millions d'euros à un budget de 9,5 millions d'euros.

Source : Commission de la culture, de l'éducation et de la communication

2. Des salles hautement fréquentées
a) Un parc notoirement dense

Comme chaque année à la même époque, le CNC a rendue publique, le 18 septembre dernier, son étude annuelle relative à la géographie du cinéma. On y apprend qu'en 2016, la France possède toujours le premier parc cinématographique d'Europe , avec neuf écrans pour 100 000 habitants, soit 5 842 écrans répartis sur 2 044 établissements et disposant au total de 1,09 million de fauteuils.

Parc cinématographique français 1

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

Le nombre d'écrans a augmenté d'1,8 % en 2016 et de 9,9 % ces dix dernières années, en raison d'un nombre plus élevé d'ouvertures que de fermetures d'écrans. Les ouvertures sont autant liées à des travaux d'agrandissement qu'à la création de nouveaux établissements , en particulier de plus de huit écrans. Dans un souci de couverture harmonieuse du territoire et de défense de la petite exploitation, l'ouverture de nouvelles salles dépend d' une législation stricte , encore renforcée s'agissant des critères culturels par la loi n° 2014-626 du 18 juin 2014 relative à l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises.

Évolution des ouvertures et fermetures d'écrans 1

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

Le parc français possède également la particularité de compter une proportion élevée d'établissements cinématographiques mono-écrans , même si leur nombre a diminué de 3,7 % depuis 2007. Ils représentent toujours, en 2016, avec 1 166 implantations, plus de 50 % des établissements. À l'autre extrémité du spectre, les multiplexes, au nombre de 209, poursuivent leur conquête régulière du parc (+ 32,3 % depuis 2007). Parmi eux, quatre-vingt-seize établissements, généralement installés à la périphérie des grandes villes, proposent plus de douze écrans.

Nombre d'établissements selon le nombre d'écrans

Source : Géographie du cinéma 2016, Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC)

La vitalité du parc « Art et essai » constitue également une particularité française. En 2016, ces établissements sont au nombre de 1 185, soit 57,9 % du parc. S'il s'agit généralement d'établissements disposant d'un faible nombre d'écrans (deux en moyenne), ils contribuent efficacement, en raison d'engagements particuliers de diffusion, à la diversité de l'offre cinématographique sur le territoire national et bénéficient, en conséquence, d' aides spécifiques à l'exploitation, correspondant en moyenne à 12 500 euros par établissement. L'investissement des exploitants et des pouvoirs publics en faveur de ces établissements a permis de faire croître leur fréquentation de 18 % en 2016 et de les faire monter en gamme comme lieux culturels à part entière comme Le Capitole à Uzès, le cinéma Actes Sud à Arles, l'Espace 1789 à Saint-Ouen, le Méliès à Montreuil, devenu depuis sa rénovation le plus grand cinéma d'art et d'essai en Europe, ou encore le Gallia à Saintes.

Établissements classés « Art et Essai » en France

Source : Géographie du cinéma 2016, Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC)

La diversité et la densité du parc cinématographique français conduisent à ce que, en 2016, 48,1 % des Français disposent d'un cinéma dans leur commune. Désormais, la totalité des communes de plus de 100 000 habitants possède au moins un établissement. Un effort demeure toutefois à réaliser pour les communes isolées, où cette proportion tombe à 13 %.

Enfin, le parc cinématographique français affiche une dernière caractéristique, dont il peut s'enorgueillir : l'achèvement intégral de sa transition numérique grâce à l'investissement sans faille des professionnels de l'exploitation, aidés par l'efficace mécanisme des frais de copies virtuels dus par les distributeurs aux exploitants en contrepartie de la diffusion numérique d'une oeuvre, mis en place par la loi n° 2010-1149 du 30 novembre 2010 relative à l'équipement numérique des établissements de spectacles cinématographiques. Les exploitants ont ainsi considérablement modernisé leurs outils de diffusion, jusqu'à offrir, pour certains, des technologies de pointe (technologies 4K, HFR ou projection laser), du son immersif et un haut confort de visionnage (écran enveloppants, fauteuils vibrants ou inclinables, etc.).

L'extinction du mécanisme en 2021 fait toutefois craindre aux exploitants de ne pouvoir assumer à l'avenir les frais d'entretien et de modernisation des équipements numériques. Afin de mesurer concrètement les conséquences de la sortie du dispositif et d'envisager, le cas échéant, sa prolongation dans un périmètre modifié, une mission sur le financement de la projection numérique en salle de cinéma a été confié conjointement aux inspections des finances (IGF) et des affaires culturelles (IGAC).

S'agissant de l'effet de la transition numérique sur l'activité économique des acteurs, la mission, dans son rapport rendu public en juin 2017, observe que :

- l'activité cinématographique a globalement bénéficié de cette transformation, qui améliore la qualité de la projection et accroît la souplesse de la programmation des oeuvres ;

- les distributeurs comme les exploitants ont réalisé des économies grâce au passage à la projection numérique, sur les coûts de tirage des copies pour les uns et sur les charges de personnel et/ou de transport des copies pour les autres ;

- plus d'une centaine de salles a déjà arrêté de collecter des contributions numériques (les fameuses virtual print fees - VPF - instituées par la loi précitée du 30 septembre 2010) et ce sera le cas de la grande majorité du parc à la fin de l'année 2018 ;

- si les coûts d'entretien et de renouvellement des matériels numériques sont plus élevés que ceux qui prévalaient sous l'ère du 35 mm, ces coûts doivent être relativisés et n'apparaissent pas hors de portée de financement pour la majorité des exploitants ;

- les tensions interprofessionnelles fréquentes s'agissant de la programmation semblent davantage liées à la concurrence alimentée par l'augmentation du nombre de films distribués qu'à la transition numérique elle-même, bien que le processus de numérisation ait modifié certaines pratiques de programmation.

Dès lors, la mission conseille de laisser le dispositif des VPF aller à son terme comme prévu par la loi du 30 septembre 2010 et de ne pas le remplacer par un nouvel instrument.

Elle préconise cependant que :

- l'information et la formation des exploitants sur les équipements de projection soient renforcées, afin d'accompagner la mutation de leur métier et d'améliorer leur maîtrise des matériels ;

- le CNC assure une veille sur leur situation économique, notamment pour la petite exploitation, et mobilise le cas échéant des moyens pour accompagner le renouvellement de l'équipement ;

- les dispositifs de suivi et de concertation mis en place pour la transition numérique soient pérennisés et adaptés (en particulier le comité de concertation numérique et l'observatoire de la diffusion), notamment pour traiter des questions de programmation.

b) Un public fidèle et diversifié

Pour la troisième année consécutive, la fréquentation des salles françaises dépasse 200 millions d'entrées, ce qui en fait la plus élevée d'Europe. Elle a atteint, en 2016, un niveau exceptionnellement élevé avec 213 millions d'entrées (+ 3,8 % par rapport à 2015). Ce résultat est le meilleur enregistré depuis cinquante ans après l'exceptionnelle année 2011 et ses 217 millions d'entrées ; il correspond à un doublement de la fréquentation en vingt-cinq ans.

Fréquentation des salles de cinéma 1

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

Si le public français est, avec 3,3 entrées en moyenne par habitant et par an , le plus assidu d'Europe, la fréquentation des salles varie en fonction de divers paramètres : le type de films diffusés, l'âge et la catégorie socio-professionnelle des spectateurs et la proximité d'une salle de cinéma.

La part de marché des films français s'élève à 35,8 % , en très légère progression par rapport à 2015 grâce au succès de plusieurs productions : Les Tuche 2 : Le rêve américain (4,6 millions d'entrées), Camping 3 (3,2 millions), Radin ! (2,9 millions) ou Chocolat (1,9 million), même si les productions américaines continuent à afficher de bien meilleurs résultats à 52,6 % des entrées, notamment Star Wars : épisode 7, Le réveil de la force , qui a comptabilisé plus de dix millions d'entrées. Les succès français doivent également être relativisés au regard du nombre élevé de productions nationales qui ne trouvent pas leur public, comme votre rapporteure pour avis l'a précédemment exposé.

Films ayant réalisé plus de trois millions d'entrées
entre janvier 2015 et décembre 2016

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

En 2016, les films recommandés « Art et essai » ont totalisé 22,4 % des entrées. Qu'ils soient ou non recommandé dans cette catégorie, les films d'animation ont attiré 17,6 % des spectateurs, les comédies 23,8 % et les documentaires 1,7 % seulement.

L'année 2017 devrait logiquement confirmer des niveaux de fréquentation et de part de marché domestique élevés avec, pour les films français, la sortie du très attendu Valerian et la cité des mille planètes , de 120 battements par minute et d' Au revoir là-haut notamment et, pour les films américains, de Dunkerque , de La planète des singes suprématie et Star Wars : Episode VIII par exemple.

S'agissant du public, le cinéma demeure un loisir intergénérationnel - jeunes de moins de vingt-cinq ans et seniors de plus de cinquante ans représentent chacun environ un tiers du public des salles obscures - et convivial : en 2016, seuls 20 % des Français s'y rendaient seuls. La proportion élevée des jeunes et des seniors parmi les spectateurs explique que près de la moitié du public soit constitué d'inactifs .

Fréquentation des salles de cinéma 1 (% des spectateurs)

Source : Géographie du cinéma 2016, Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC)

Parts des jeunes et des seniors dans le public (%)

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

Fréquentation selon la profession en 2016

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

La fréquentation des 15-24 ans , génération pour laquelle la concurrence des autres loisirs culturels (jeux vidéo, réseaux sociaux, vidéo à la demande et par abonnement, etc.) est la plus exacerbée, demeure toutefois un enjeu crucial pour les exploitants, qui tentent d'attirer ce public par une politique tarifaire avantageuse .

Enfin, pour ce qui concerne la répartition géographique du public, la fréquentation des salles demeurant majoritairement portée par les blockbusters, qu'ils soient anglo-saxons ou français, il n'est guère étonnant de constater que la majorité des entrées est enregistrée dans les établissements de grande taille qui, par ailleurs, offrent le plus grand nombre de fauteuils.

Répartition des résultats de fréquentation selon la catégorie d'exploitation en 2016 (%)

Source : Géographie du cinéma 2016, Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC)

En conséquence, la fréquentation des salles apparaît plus élevée dans les grandes villes et en banlieue parisienne. L'Ile-de-France totalise 25,9 % des entrées en 2016, correspondant à 26,9 % des recettes aux guichets, devant la région Auvergne-Rhône-Alpes (12 %) et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (8,5 %). L'Ile-de-France est toutefois la seule région à enregistrer une diminution de la fréquentation de ses salles entre 2010 et 2016 (- 5,5 %), dont il faut chercher la cause à Paris, où le nombre d'entrées ne cesse de chuter en raison d'un parc vieillissant et de moins en moins accessible en raison des politiques mises en place intramuros en matière de transport et de stationnement. En revanche, grâce aux efforts réalisés en faveur des petits établissements, les cinémas des zones rurales ont vu leur fréquentation croître de 14,5 % depuis 2010 , avec 3,55 millions d'entrées en 2016.

Répartition des entrées selon les zones géographiques 1 (%)

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

3. Une richesse pour l'emploi

L'industrie cinématographique représente 0,8 % du Produit intérieur brut (PIB) français et 1,3 % des emplois (340 000 emplois) . Près de 35 000 emplois ont été créés depuis dix ans, notamment en régions, où leur nombre a crû de près de 90 %.

Dans la mesure où le nombre d'emplois est étroitement corrélé au nombre de jours de tournage et au devis d'un film (il oscille entre 66 personnes en moyenne pour un devis inférieur à 1 million d'euros et 736 sur un film dont le devis dépasse 15 millions d'euros selon les chiffres du CNC) la localisation des tournages des films français et étrangers sur le territoire national représente un enjeu considérable .

Après que la production cinématographique française a connu en 2015 un taux de délocalisation des tournages de 37 %, taux jamais atteint depuis huit ans, la revalorisation ambitieuse des crédits d'impôt, amplifiée de plusieurs réformes des dispositifs d'aide du CNC, a conduit à une relocalisation sur le territoire national de près de 500 millions d'euros de dépenses depuis 2016, dont 210 millions d'euros et 600 jours de tournage supplémentaires pour le seul crédit d'impôt cinéma, et, partant, à la création de 15 000 emplois . Le pourcentage des jours de tournage à l'étranger a ainsi diminué de 22 %, faisant passer sous la barre symbolique des 20 % le taux de délocalisation des tournages - du jamais vu depuis 2009 - et permettant la création de 15 000 emplois intermittents.

Nombre de jours de tournage selon le lieu

Source : Bilan du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) 2016

Surtout, l'effet relocalisant des réformes se situe au-delà des espérances les plus optimistes . En 2016, seul un long métrage français sur cinq a été tourné à l'étranger et plusieurs films aux budgets élevés, inéligibles jusqu'alors au dispositif, ont été relocalisés en France : Valerian de Luc Besson (197 millions d'euros de budget, dont le tournage était initialement prévu en Hongrie), Folles de Django d'Etienne Comar (9 millions d'euros de budget et dont le tournage était envisagé en République tchèque), Au revoir là-haut d'Albert Dupontel et Marie-Francine de Valérie Lemercier (dont le budget s'établissait respectivement à 20 millions et à 10 millions d'euros et dont les tournages étaient prévus en Belgique, Hongrie et Roumanie) ou encore Le petit Spirou de Nicolas Bary, prévu également en Belgique.

Les producteurs étrangers ont cessé de bouder l'Hexagone. Christopher Nolan a ainsi, pour son Dunkerque, préféré les plages des Hauts-de-France à celles de la Nouvelle-Zélande, offrant à la région entre 5 et 7 millions d'euros de retombées économiques. En 2016, trente-six films étrangers ont été tournés en France, soit plus du double qu'en 2015 , pour un total de 152 millions d'investissements générés (57 millions d'euros en 2015).

Le cinéma d'animation a également bénéficié de ces mesures, notamment de l'aide pour les effets spéciaux, avec la production à Angoulême de La fameuse invasion de la Sicile par les ours de Lorenzo Mattoti et à Paris de Minuscule 2 et Moi , moche et méchant 3 . Les producteurs de Blade Runner et de Twin Peaks ont également fait travailler des studios français, dont les coûts, souvent plus élevés qu'ailleurs, sont en partie amortis par le nouveau dispositif.

Le dynamisme de la région Ile-de-France

La seule région Ile-de-France concentre 90 % des tournages réalisés sur le territoire national .

Les lieux de tournages n'y manquent pas. La Cité universitaire, avec le salon de sa maison cubaine, son pavillon chinois, ses bâtiments pour certains signés Le Corbusier et ses trente-quatre hectares de parc attire environ 300 tournages chaque année, qui rapportent quelques 240 000 euros au campus. Y ont été tournés : L'Amant , Cloclo , Les garçons et Guillaume à table ! , Indochine , primé aux Césars pour son décor, ou encore 3 days to kill avec Kevin Costner. Le château de Versailles reste également un classique, comme l'Opéra Garnier et le musée du Louvre, lieux où ont été tournées plusieurs scènes du sulfureux 50 Shades Freed .

La capitale a, à elle seule et malgré les contraintes liées au plan Vigipirate, attiré 848 tournage en 2016, soit 3 068 journées, dont 118 longs métrages parmi lesquels : Amant double de François Ozon, Carbone d'Olivier Marchal, Iris de Jalil Lespert, Le Brio d'Yvan Attal, Numéro Une de Tonie Marshall, Au revoir là-haut d'Albert Dupontel et Nos années folles d'André Téchiné. S'agissant des films étrangers, y a été tournée la comédie romantique Befikre du producteur de Bollywood Aashish Singh (8 millions d'euros de dépenses, 3 000 figurants et 300 techniciens). L'année 2017 confirme cette progression notamment avec l'accueil, au mois de mai, du tournage de Mission impossible 6 , qui a généré 25 millions de dépenses et mobilisé 400 techniciens.

Source : Commission de la culture, de l'éducation et de la communication

Les mécanismes des crédits d'impôt en faveur du cinéma ont été sanctuarisées jusqu'en 2019 par le Parlement et autorisés jusqu'en 2023 par la commission européenne. Compte tenu de leur efficacité et de leur levier direct sur le chiffre d'affaires et les emplois des industries techniques, votre rapporteure pour avis appelle de ses voeux leur maintien sur le long terme .

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