C. RADIO FRANCE : VERS UNE SORTIE DU TUNNEL CONCERNANT LE CHANTIER ?

Les crédits inscrits au programme 843 dédié à Radio France baisseront en 2020 de 5 M€ pour atteindre 587,3 M€ ce qui représente une baisse de la ressource publique de -0,9 %.

Votre rapporteur pour avis rappelle, depuis plusieurs années maintenant, l'inquiétude que lui inspire la situation de Radio France. La grande grève de 2015 a mis en évidence à la fois la gravité de la situation financière de l'entreprise et les résistances d'un corps social qui n'avait sans doute pas été suffisamment informé de la réalité de la situation.

Le retour au calme social s'est fait au prix d'accommodements sur le rythme et l'ampleur des réformes, l'entreprise obtenant du temps pour conduire les évolutions indispensables et l'État fermant les yeux sur le caractère insuffisant des réformes conduites comme en témoigne l'absence de véritables suites données aux recommandations du rapport de la Cour des comptes 14 ( * ) .

L'année 2019 a néanmoins donné lieu à une évolution notable perceptible au travers des premières décisions de la nouvelle présidente, Sibyle Veil, dans un contexte marqué par de bonnes audiences récompensant une offre cohérente et bien identifiée. FranceInfo, l'offre d'information commune avec France Télévisions, a confirmé son potentiel sur les supports numériques tandis qu'un rapprochement entre les réseaux France Bleu et France 3 a été engagé 15 ( * ) .

La situation des comptes de l'entreprise a été marquée en 2019 par une évolution moins favorable qu'espérée de la masse salariale. Au chapitre des satisfactions, on peut néanmoins mentionner une remise à plat du chantier de la Maison de la Radio qui porte ses fruits tant en ce qui concerne la maîtrise des coûts que le respect du calendrier.

Le lancement d'un plan de départs volontaires doit permettre de consolider la maîtrise des coûts dans un contexte de transformation numérique de l'entreprise. Cependant, le déclenchement d'un nouveau conflit social depuis le 25 novembre 2019 laisse penser que le redressement financier de l'entreprise ne fait pas l'objet d'un consensus regroupant l'ensemble du personnel.

1. Des succès d'audience confirmés pour des programmes plébiscités

Avec une part d'audience à 27,2 %, en croissance de 1,2 point sur un an, Radio France bat son record sur les mois de septembre-octobre. Jamais la radio de service public n'a occupé une place aussi importante dans le paysage radiophonique sur une vague de rentrée. Radio France touche 14 379 000 auditeurs et atteint une audience cumulée de 26,5 % .

Avec 6 369 000 auditeurs (+111 000 auditeurs en un an) et une audience cumulée de 11,7 % (+0,2 point en un an), France Inter confirme pour la troisième fois consécutive sa place de première radio de France et signe sa meilleure rentrée historique. Le 7/9 est la première « Matinale » de France et fédère chaque jour 4 086 000 auditeurs (+197 000 auditeurs en un an).

France Inter est également la radio la plus écoutée sur les supports numériques avec 1 329 000 auditeurs quotidiens. Elle enregistre en octobre 2019 plus de 41 millions d'écoutes à la demande et plus de 37 millions de vidéos vues, soit deux records historiques.

franceinfo confirme sa place de 4ème radio la plus écoutée de France. Elle rassemble chaque jour 4 262 000 auditeurs, soit 7,9 % d'audiences cumulées (AC). franceinfo est la première plateforme d'actualité sur le mobile avec 16,2 millions de visiteurs uniques (septembre 2019).

France Bleu réunit 3 278 000 auditeurs chaque jour, soit 6,0 % d'audience cumulée. L'offre numérique poursuit sa progression avec 26 millions de visites par mois sur le site et l'application (+48 % en un an).

France Culture franchit la barre des 1,6 million d'auditeurs quotidiens (+ 95 000 auditeurs en un an) avec une audience cumulée de 2,9 % et enregistre une part d'audience de 2,4 % (+0,3 point vs année dernière). Les audiences numériques de France Culture sont également satisfaisantes avec 31,4 millions d'écoutes à la demande (+18 % en un an) et 13,1 millions de visites tous supports (+43 % en un an).

Avec 870 000 auditeurs quotidiens (1,6 % d'AC), France Musique enregistre une progression de sa durée d'écoute (1 h 51 minutes, soit +7 minutes en un an) et voit sa part d'audience augmenter (1,4 %, +0,1 point en un an). La station est dynamique, notamment à travers son offre vidéo : 2,1 millions de vidéos vues/mois, soit +45 % en un an.

FIP affiche une ambition nationale : elle intègre pour la première fois la mesure de référence de Médiamétrie. Elle est écoutée chaque jour par 577 000 auditeurs et atteint 1,1 % d'audience cumulée. FIP rencontre également un fort succès en numérique en atteignant le 5 e rang du classement ACPM des radios digitales, avec 10,2 millions d'écoutes actives en octobre.

Mouv' rassemble 434 000 auditeurs quotidiens (0,8 % d'audience cumulée, en hausse de 0,2 point), soit une progression de près de 100 000 nouveaux auditeurs en un an. Sur les 13-24 ans, la chaîne atteint 1,8 % d'audience cumulée soit une hausse de 0,4 point sur la vague de référence. La chaîne enregistre un record historique de fréquentation numérique avec 6,1 millions de visites tous supports confondus en septembre (x 4,2 en un an).

2. Une situation financière soumise à des mouvements contradictoires

La situation financière s'inscrit dans le prolongement de celle de l'année dernière qui avait inspiré à votre rapporteur pour avis l'analyse suivante : « La situation financière de Radio France demeure dépendante des ressources publiques mais aussi commerciales, la hausse des recettes publicitaires jouant un rôle déterminant pour maintenir l'équilibre du budget de l'entreprise » .

Le COM 2015-2019 signé par Radio France avec l'État prévoyait le retour à l'équilibre de la société en 2018 avec un résultat positif de 2,1 millions d'euros, pour la première fois depuis 2014. Le résultat net de 2018 s'est établi à 7,28 M€ compte tenu d'une hausse de la dotation de fonctionnement à hauteur de 8,7 M€. La situation en 2019 reste fragile puisque les dernières prévisions de l'entreprise tablent sur un résultat net nul en ligne avec le budget pour 2019 mais très en retrait de l'objectif du COM fixé à 10,12 M€.

Alors que l'objectif principal fixé à l'entreprise était la maîtrise de sa masse salariale, force est de constater que la baisse observée en 2018 ne s'est pas confirmée en 2019 puisque les charges de personnel ont augmenté de 666 M€ pour s'établir à 397,5 M€. Sans doute plus ennuyeux, le dérapage entre la reprévision de novembre et le budget prévisionnel pour 2019 fait apparaître une dérive de 3,2 M€ dont 1,9 M€ du fait des CDI (+28 ETP par rapport au budget du fait d'internalisations et d'un moindre nombre de départs non remplacés) et 1,2 M€ du fait des CDD (+20,4 ETP par rapport au budget). La Cour des comptes a déploré dans son rapport annuel pour 2019 ce redémarrage à la hausse de la masse salariale. Ce dernier a sans aucun doute joué un rôle dans la décision de mettre en place un plan de départs volontaires.

L'entreprise a connu par ailleurs une progression de ses dépenses concernant les achats et les charges externes à hauteur de +7,5 M€. Ces dépenses concernent notamment les charges liées à la diffusion à hauteur de 2,5 M€ et les dépenses occasionnées par les projets numériques à hauteur de 1,1 M€.

Évolution des charges de Radio France au cours de la période 2016-2019

Entre 2016 et les prévisions 2019, les charges d'exploitation devraient diminuer de 9,2 M€, soit 1,3 % de diminution au total (-0,4 % par an en moyenne).

Source : réponse au questionnaire budgétaire

La hausse des différentes charges a été compensée dans les comptes par la hausse des recettes commerciales. La publicité digitale a rapporté 2,7 M€ supplémentaires et les messages d'intérêt général 1,1 M€. Les recettes de billetterie se sont accrues de 0,5 M€ alors que, dans le même temps, les revenus issus des droits et concessions et des locations sont en baisse de 0,3 M€. La hausse des recettes publicitaires de plus de 4 M€ entre 2018 et 2019 pour atteindre 54,88 M€ cette année illustre la dépendance croissante de Radio France à ces recettes commerciales.

La hausse particulièrement nette des recettes de publicité digitale fait craindre à votre rapporteur pour avis que la spécificité de Radio France ne soit plus à l'avenir aussi perceptible sur les supports numériques. Le fait que la direction de Radio France se félicite de conduire « une politique volontariste sur la publicité digitale en lien avec la multiplication des supports disponibles » constitue à cet égard, d'une certaine manière, une circonstance aggravante.

Évolution des ressources de Radio France entre 2016 et 2019

3. La mise en oeuvre du projet « Radio France 2022 »

Les demandes de la tutelle en matière d'économies et de gains de productivité ont assurément été plus tardives pour Radio France que pour les autres médias publics. Une des raisons tient sans doute au fait que le groupe de radio public produisant l'ensemble de ses programmes, un plan d'économies ne pouvait faire l'impasse sur la question des effectifs.

Après la grève de 2015, il est apparu clairement que les personnels de Radio France ne reconnaissaient pas la légitimité des demandes de l'actionnaire concernant la réduction des coûts. C'est notamment le cas concernant les formations musicales dont la taille et les modalités de fonctionnement diffèrent sensiblement des formations européennes comparables.

Les recommandations réitérées de la Cour des comptes
sur les formations musicales de Radio France 16 ( * )

Quatre ans après la publication de son rapport public thématique (RPT) intitulé « Radio France : les raisons d'une crise, les pistes d'une réforme » qui analysait les causes de la crise financière où se trouvait l'entreprise, la Cour des comptes, dans son rapport public annuel 2019 , publié le 6 février, a une nouvelle fois porté un regard mitigé sur la situation de l'entreprise.

Si la Cour reconnaît que Radio France a amélioré sa gestion et que l'audience de ses antennes s'est renforcée, elle estime que « sa masse salariale a repris sa croissance, tandis que le chantier de réhabilitation a connu de nouveaux retards et que ses coûts ont encore augmenté. La situation financière de Radio France à la fin de l'exercice 2018 s'avère donc à nouveau fragile. Ces circonstances amènent, une fois encore, à constater que seule une rénovation du cadre social permettra à l'entreprise de dégager les marges de manoeuvre lui permettant d'améliorer significativement son efficience s'agissant de la mise en oeuvre et des développements à venir de sa mission de service public ».

Par ailleurs, la Cour a également jugé une nouvelle fois « minimales », les réformes entreprises par les orchestres. « En 2018, comme en 2014, les formations musicales de Radio France sont au nombre de 4. La décision du fusionner les orchestres n'a pas été prise, en dépit des recommandations de la Cour », peut-on lire dans le rapport. La juridiction « réitère » sa position : « Il n'est ni dans la vocation ni dans les moyens de Radio France de conserver en son sein deux orchestres symphoniques ».

La Cour des comptes indique toutefois que le fonctionnement des formations a été « seulement amélioré ». Leur coût a été réduit de 1,5 M€ et les effectifs ont été réduits de 22 postes, passant de 347 personnes en 2015 à 325 en 2017. Les formations jouent cependant davantage, indique le document, et « le nombre de concerts donnés à l'auditorium a doublé entre les saisons 2014/2015 et 2016/2017 ». Mais si le temps de travail des musiciens a été augmenté, « des marges existent encore », stipule la Cour qui ajoute que « mis à part 11 salariés, aucun musicien ne travaille les 1 000 heures programmes telles que définies par l'accord collectif ».

Au mois de juin 2019, le projet Radio France 2022 était présenté. Il vise à permettre à Radio France de demeurer une référence dans l'audio, en radio et sur le numérique. Il faisait suite à la présentation d'un livre blanc élaboré dans un contexte marqué par au moins trois enjeux : un enjeu économique lié à la baisse de la ressource publique, un enjeu d'innovation éditoriale et technologique, un enjeu démocratique pour préserver le lien de confiance qui lie les antennes aux Français.

Pour mettre en oeuvre ce projet, la direction de Radio France a élaboré, avec les responsables opérationnels de chacun des métiers de la maison, un plan d'adaptation de l'entreprise . Il a été présenté aux représentants du personnel dans le cadre des instances représentatives du personnel qui se sont tenues les 14, 25 et 26 novembre derniers (comités sociaux et économiques "CSE" centraux).

Le projet procède d'une projection de chacune des directions dans l'avenir pour imaginer quelles seront ses activités en 2022 et prévoir les évolutions d'organisation adéquates, ainsi que les outils et les formations nécessaires. Il vise à permettre la poursuite, l'amplification et la généralisation des transformations engagées ces dernières années et qui font les succès actuels de l'entreprise. La stratégie prévoit le maintien des 7 chaînes de radio et des 4 formations musicales , cette offre riche et complémentaire servant l'ambition de service public portée par Radio France. Ce maintien du périmètre d'activité conduit toutefois à faire des choix pour concentrer les moyens sur les missions de service public d'une part et pour dégager d'autre part, les ressources permettant de mener à bien les projets répondant aux enjeux d'avenir. Cela implique de faire évoluer leurs activités, renoncer à certaines, en renforcer d'autres.

Cette réflexion a intégré la contrainte économique et la réduction d'effectif qui en découle. Le plan comprend dès lors un volet d'accompagnement des départs volontaires :

- 299 postes seront supprimés d'ici 2022 et 76 postes seront créés pour intégrer à Radio France des profils indispensables pour l'avenir de l'entreprise ;

- 236 postes seront ouverts au départ volontaire d'ici 2022, les autres postes supprimés étant vacants ou faisant l'objet de départs déjà programmés dans les prochaines années.

Tous les départs seront exclusivement volontaires et seront ouverts uniquement dans les directions où de nouvelles organisations les rendent possibles .

Les suppressions de postes et les départs seront progressifs. Ils se feront en trois temps, en 2020, 2021 et 2022, au fur et à mesure de la mise en place des réorganisations, des formations et du déploiement des outils nécessaires. L'objectif est de ne pas désorganiser le travail des équipes et de disposer d'une organisation du travail efficace à l'issue de ces départs.

Pour ceux qui souhaiteront partir, des mesures d'accompagnement en vue d'un départ à la retraite ou d'un nouveau projet professionnel sont prévues et ouvertes à la négociation avec les organisations syndicales représentatives.

Exemples de projets de réorganisation prévus au sein de Radio France

- Fip, qui acquiert avec sa diffusion en DAB + (RNT) une dimension nationale, fait évoluer son organisation pour pouvoir désormais refléter la vivacité culturelle de tous les territoires et non seulement de ceux où elle disposait de bureaux locaux jusqu'à présent. Les 3 décrochages locaux (Strasbourg, Nantes, Bordeaux) seront arrêtés à l'été 2020 et des postes de délégués musicaux seront créés en régions pour nourrir toutes les antennes et en particulier celle de Fip de la vie culturelle, musicale et des artistes locaux partout en France.

- Radio France recentre sa présence locale sur son réseau France Bleu, qui est préservé et ne fait pas l'objet de suppression de postes. Les bureaux régionaux d'information qui existent à Marseille et Toulouse et qui avaient été créés à une époque où il n'y avait pas de France Bleu sur ces territoires seront donc supprimés.

- Au sein des formations musicales de Radio France, les effectifs du Choeur seront réduits pour se rapprocher de la moyenne haute des effectifs des autres choeurs symphoniques européens. Ils demeureront à un niveau permettant d'assurer pleinement la qualité artistique de la programmation du choeur.

Source : Radio France

Votre rapporteur pour avis constate avec satisfaction que l'entreprise a décidé d'ouvrir le dossier des formations musicales avec deux préoccupations complémentaires, mieux maîtriser leur coût et valoriser davantage les représentations à travers des déplacements en province et des captations. Il observe que le coût de ces formations musicales qui s'établissait à 41,4 M€ en 2019 est comparable à celui de 2013, preuve selon lui qu'il existe des marges pour mieux le maîtriser leur coût.

Coût des formations musicales de Radio France (en M€)

4. Le retour à la normale dans la conduite du chantier de la Maison de la Radio

Alors qu'il était assez pessimiste l'année dernière sur l'avenir du chantier de la Maison de la Radio, votre rapporteur pour avis a le sentiment que la reprise en main attendue de la part de l'État et de la direction de l'entreprise a bien eu lieu, à la fois pour maîtriser la dérive des coûts et construire une perspective crédible concernant la fin des travaux.

Le travail réalisé par Jean-Pierre Weiss a sans nul doute été précieux à la fois pour mieux comprendre l'origine des difficultés et esquisser des scenarii de sortie de crise.

Pour Jean-Pierre Weiss, les problèmes rencontrés trouvent leur origine dans une erreur de pilotage du chantier qui a consisté à privilégier le critère des délais sur les objectifs de coût et de qualité. Or, pour cet ingénieur, « il est périlleux de dissocier ces trois objectifs, ce qui d'une certaine façon est intervenu en privilégiant le seul objectif de respect des délais jusqu'à ce que l'impasse sur la qualité conduise à de très mauvaises conditions d'achèvement des locaux [...] et révèle a posteriori l'impossibilité de tenir les futurs délais, à un moment où nombre de mesures correctrices ne pouvaient plus être décidées » . Pour Jean-Pierre Weiss, le pilotage de l'opération a été biaisé par l'apparition en 2015 d'une « crise dans la crise » du fait des difficultés apparues pour respecter les règles de concurrence en limitant la croissance des montants initiaux des marchés passés. De ce fait, il observe que « l'essentiel du dispositif de suivi de l'opération a été conçu à compter de cette date autour de cette question, au détriment du pilotage de l'opération elle-même sans sa triple dimension indissociable de respect des objectifs de coûts, délais et qualité » .

En termes de coûts, le scénario finalement retenu - un scénario de poursuite par rapport aux scenarii de « réinitialisation » envisagés par ailleurs - se traduit par une remise en concurrence d'un nombre limité de marchés pour éviter des retards trop importants. Ce scénario apparaît également moins coûteux que les scenarii qui envisageaient une remise en concurrence totale. Ce scénario central revenait à retenir un achèvement des travaux en août 2022 pour un coût total de l'investissement en réhabilitation évalué en 2018 à 493,3 millions d'euros (+ 31,3 millions d'euros par rapport à février 2017) auquel il convenait d'ajouter + 48,1 millions d'euros au titre de l'augmentation prévisionnelle du coût de fonctionnement. Votre rapporteur pour avis estimait pour sa part l'année dernière que le coût du chantier de la Maison de la Radio devrait s'établir à 550 M€ et même 600 M€ en ajoutant le coût de la rénovation des studios moyens. Lors de son audition par votre rapporteur pour avis, la présidente de Radio France a considéré que le coût total de la rénovation de la Maison de la Radio et des studios moyens pourrait in fine s'établir à 580 M€ et que le délai de l'été 2022 pour la fin des travaux devrait être tenu.

La clé de répartition de ces coûts, telle qu'elle a été définie depuis le début des travaux, prévoit que la société autofinance 30 % de ces coûts. Le PLF 2020 prévoit une subvention d'investissement de 10 M€ qui vient comme en 2018 s'ajouter à la dotation de fonctionnement. Cette enveloppe devait être complétée par un financement ad hoc qui n'a pas été précisé dans la loi de finances.

Interrogé par votre rapporteur pour avis, le directeur général des médias et des industries culturelles a confirmé qu'un financement complémentaire serait apporté par l'État en 2020 hors loi de finances. La part de l'État étant estimée à 30 M€ par an sur la période 2020-2022, l'actionnaire devra apporter une vingtaine de millions d'euros pour compléter la dotation d'investissement. Cet apport pourrait avoir lieu à travers une dotation en capital, une subvention exceptionnelle ou, pour 2021 et 2022, une part de CAP supplémentaire. Votre rapporteur pour avis regrette que les modalités de cette contribution de l'État n'ait pas été définie dans le PLF 2020, ce qui prive l'entreprise d'une certaine visibilité et le Parlement de sa capacité à se prononcer sur l'évolution des dépenses publiques.

Coûts 2020-2022 des chantiers de Radio France (MDR + STC)
et des demandes de subvention associées

En millions d'euros

Montant d'investissement (opération historique + studios de création)

Demande de subvention (opération historique + studios de création)

Total 2020-2022

102,5

72,3

Source : DGMIC


* 14 Dans son rapport annuel pour 2019, la Cour des comptes réitère son analyse quant à la fragilité de la situation de Radio France et la nécessité de conduire des changements (voir infra ).

* 15 Ce rapprochement est traité dans le II. A consacré à France Télévisions.

* 16 https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-02/05-Radio-France-Tome-2.pdf

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