B. UNE CONSOLIDATION DES ETI DE NOTRE BITD DE PLUS EN PLUS NÉCESSAIRE

L'affaiblissement de notre effort de défense depuis une vingtaine d'années a gravement fragilisé notre industrie de défense. Cependant, le maintien des crédits nécessaires à la dissuasion nucléaire a permis de conserver une excellence technologique tandis que les exportations ont été précieuses pour sauvegarder de nombreuses chaînes de production. Les grands programmes de renouvellement des SNLE, du PANG et des frégates ont permis de développer un savoir-faire naval exceptionnel qu'il convient de préserver.

Si la multiplication des commandes de Rafale à l'exportation impressionne aujourd'hui, n'oublions pas que Dassault a connu un temps où ses usines assemblaient moins d'un avion par mois. La question de la préservation des chaînes de production demeure cruciale.

La nouvelle LPM 2024-2030 et le PLF 2024 ont donc été bien accueillis par les industriels de l'armement même si ces derniers restent confrontés à de nombreux défis. Si les grandes entreprises qui structurent le secteur sont aujourd'hui dans une situation favorable du fait de la relance des commandes elles estiment manquer encore de la visibilité qui leur permettrait d'augmenter leurs capacités de production. Par ailleurs, après avoir réussi à sortir du COVID 19, à faire face aux pénuries de matières premières, à absorber le choc d'inflation, à recruter de nouveaux salariés qu'elles forment à leurs métiers spécifiques et à assurer leur financement elles demeurent préoccupées par la situation de leurs nombreux sous-traitants qui connaissent trop souvent des difficultés exporter, à recruter et fidéliser leurs salariés et à s'assurer le soutien des banques pour se financer.

Une consolidation des sous-traitants du secteur de la défense apparaît de plus en plus nécessaire afin de leur permettre d'acquérir la taille critique pour développer des capacités, constituer des stocks, innover et démarcher les marchés à l'exportation. Par ailleurs, le passage à l'économie de guerre exige aussi de sécuriser toute la chaîne de production afin de ne pas dépendre de fournisseurs pouvant interrompre leurs livraisons en fonction des évolutions géopolitiques.

Le renforcement de notre BITD suppose également de miser davantage sur la capacité d'innovation des ETI à l'image de l'entreprise Turgis et Gaillard et de son projet de drone AAROK. En se spécialisant sur les innovations d'architecture peu coûteuses afin de réduire des gaps capacitaires identifiés, ce type d'entreprise peut jouer un rôle important dans l'économie de guerre. Le PLF 2025 pourrait permettre d'aider le développement du drone AAROK dont les performances sont considérées comme prometteuses.

Recommandation n°1 : faire de la consolidation du tissu de sous-traitants de la BITD une priorité afin de favoriser l'innovation, de développer l'exportation, de veiller à notre indépendance vis-à-vis des autres nations et d'assurer la pérennité des entreprises possédant des compétences stratégiques.

Recommandation n°2 : réserver une partie significative des crédits de la LPM destinés à l'innovation pour les ETI notamment celles qui pratiquent des innovations d'architecture.

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