B. L'AUGMENTATION BIENVENUE DES CRÉDITS EN FAVEUR DE LA JEUNESSE ET DE L'ÉDUCATION POPULAIRE

1. Une progression budgétaire en partie expliquée par la pérennisation des « Colos apprenantes »

Mis en place en 2020 pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire sur les jeunes, le dispositif « Colos apprenantes », jusqu'alors financé par redéploiement de crédits à hauteur de 43 millions d'euros pour 2022 et 40 millions d'euros pour 2023, est désormais pérennisé à travers une dotation budgétaire de 40 millions d'euros pour 2024.

Les « Colos apprenantes » poursuivent l'objectif de faire partir un maximum de jeunes dans les séjours labellisés par les services de l'État, avec une double ambition pédagogique et de mixité sociale. Pour ces mineurs, les inscriptions sont financées localement par les services de l'État ou des associations.

Ces « colos apprenantes » ont permis de toucher un nouveau public puisqu'une grande partie des enfants et adolescents partis depuis la mise en place du dispositif sont des « primo-partants ». À ce jour, au cours des éditions 2020, 2021 et 2022, 225 000 mineurs sont partis en colos apprenantes gratuitement, soit entre 70 000 et 80 000 jeunes chaque année.

Le rapporteur se réjouit de la pérennisation de ce dispositif, mais encourage le Gouvernement à intensifier ses efforts dans les années à venir pour permettre à davantage d'enfants et adolescents de partir en séjours collectifs. Les colonies de vacances constituent un outil majeur de découverte et de promotion du vivre-ensemble ainsi qu'un puissant vecteur d'émancipation de l'enfant qu'il faut absolument valoriser.

Au-delà des « Colos apprenantes », la reprise de l'activité des accueils collectifs de mineurs doit aussi passer par le développement des classes de découverte

La reprise de l'activité des accueils collectifs de mineurs avec hébergement, déjà perceptible au cours de l'année scolaire 2020-2021, s'est amplifiée au cours de l'année scolaire suivante, après la baisse historique liée à la crise sanitaire en 2019-2020. Le nombre de séjours s'établit ainsi à 45 200 en 2021-2022 (avec 1,25 million de départs de mineurs) contre 33 000 en 2020-2021 (représentant 900 000 départs) et 24 400 en 2019-2020 (totalisant 670 000 départs).

En dépit de ce rebond fortement stimulé par les « Colos apprenantes », l'activité des accueils collectifs de mineurs avec hébergement n'a pas encore tout à fait retrouvé son niveau d'avant la crise sanitaire.

Or, il est indispensable d'accompagner la reprise du secteur de manière active, en inscrivant le départ en colonies de vacances dans un parcours citoyen plus large permettant l'accès de tous à des accueils de loisirs péri et extra-scolaires de qualité, à commencer par les classes de découverte.

Les classes de découverte sont en effet particulièrement bénéfiques pour les jeunes enfants, puisqu'elles constituent le premier pas vers les départs en colonies de vacances, en leur permettant de partir pour la première fois loin de leur famille au sein d'un groupe très familier.

Par ailleurs, elles contribuent grandement au développement économique du secteur. De nombreux acteurs du tourisme associatif, notamment les plus petits, bénéficient en effet d'un modèle économique fondé sur une complémentarité d'activités entre accueils pendant les vacances et classes de découvertes de mi-février à fin juin. Le coût des classes de découverte a cependant explosé ces dernières années, sous l'effet de l'inflation.

Or, si le Gouvernement semble conscient de l'intérêt que représente le départ en classe de découverte pour un enfant, comme en témoigne la récente circulaire du 13 juin 2023 relative à l'organisation des sorties et voyages scolaires dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le rapporteur constate qu'aucune ligne de crédit n'est consacrée à leur développement au sein du projet de loi de finances pour 2024. Il invite donc le Gouvernement à prévoir des moyens financiers pour permettre le départ de chaque enfant en classe découverte au moins une fois avant l'entrée au collège et relancer plus largement le secteur des accueils collectifs de mineurs avec hébergement.

Par ailleurs, le rapporteur encourage le Gouvernement à instaurer une véritable politique d'évaluation des classes de découverte. En effet, il est aujourd'hui difficile de disposer de chiffres et donc d'évaluer l'évolution du nombre de voyages scolaires organisés sur le territoire. Plus que jamais, il est urgent de mettre en place une politique claire en la matière pour encourager les établissements scolaires à organiser ce type de séjours.

2. La hausse des crédits en faveur du mentorat doit être saluée mais doit également s'accompagner d'un meilleur encadrement du dispositif

Le dispositif « 1 jeune, 1 mentor » vise à l'accompagnement des jeunes vers leur autonomie, en proposant des programmes de mentorat à tout jeune désireux d'être aidé pour choisir sa voie professionnelle. Ce mécanisme s'inscrit dans la durée, sous la houlette des coordinateurs de mentorat qui veillent au bon déroulement du processus, du recrutement des jeunes et mentors jusqu'au suivi sur le long terme de leur relation et de leurs échanges.

150 000 jeunes ont profité de ce dispositif en 2022 - soit 50 000 de plus qu'en 2021 - suite à un redéploiement des crédits permettant d'abonder l'enveloppe de 7,5 millions d'euros. Le nombre de jeunes accompagnés devrait se maintenir en 2023, malgré un redéploiement de crédits plus faible de 4,9 millions d'euros. Le nombre de mentors - étudiants, professionnels en exercice ou retraités -, environ 76 000 en 2022, devrait quant à lui dépasser les 90 000 en 2023.

Dans ce contexte, l'abondement de 5 millions d'euros envisagé par le Gouvernement dans le cadre du présent projet de loi de finances, qui permettrait au dispositif de bénéficier au total de 32 millions d'euros pour 2024, paraît tout à fait bienvenu.

Cet abondement est d'autant plus justifié que les premiers retours sur la mise en oeuvre du mentorat sont très encourageants : selon le Collectif mentorat, 82 % des jeunes ayant bénéficié d'un mentor en primaire et au collège sont scolarisés dans un établissement en réseau d'éducation prioritaire (REP) et réseau d'éducation prioritaire renforcé (REP +). Par ailleurs, 89 % des jeunes affirment que leur relation de mentorat a un impact positif sur leurs résultats scolaires, et 73 % estiment que le dispositif les a aidés à consolider leur projet professionnel.

Le rapporteur salue la hausse des moyens accordés à ce dispositif qui semble faire ses preuves. Il constate cependant une diversité croissante des dispositifs d'accompagnement en faveur des jeunes. Pour être efficace, le rapporteur estime que la montée en charge du dispositif doit absolument s'accompagner d'une meilleure articulation entre le mentorat et les autres mécanismes dont la raison d'être reste l'accompagnement comme les « Cordées de la réussite » et le « Parrainage vers l'emploi ».

Il conviendrait également de mieux valoriser le mentorat à l'école, pour permettre aux jeunes les plus éloignés du dispositif de le découvrir et d'en bénéficier dès les premières difficultés, sur les conseils de leurs professeurs ou des conseillers d'orientation.

Le rapporteur suggère ainsi au Gouvernement de mettre en place des « référents mentorat » au sein des rectorats pour resserrer les liens entre l'éducation nationale et le dispositif « un jeune, un mentor ».

Partager cette page