CHAPITRE III LES PERSONNELS DE L'ARMÉE DE L'AIR : EFFECTIFS ET CARRIÈRES

A. L'ÉVOLUTION DES EFFECTIFS

Les effectifs totaux de l'armée de l'air s'établiront, pour 1996, à 88 646 militaires, soit, tous grades confondus, une diminution de 539 droits par rapport à 1995. Cette évolution est, en valeur absolue, conforme à la loi de programmation. Toutefois, sa ventilation par corps diverge par rapport à la loi de programmation. Seules 4 créations de postes d'officiers interviendront en 1996, au lieu des 16 prévues. Aucune suppression de postes de sous-officiers n'est prévue au lieu des 155 envisagées, ce qui, comme votre rapporteur le développera plus loin, perturbe la gestion des carrières. Alors que la programmation prévoyait la création de 82 postes de militaires du rang techniciens (MRT), aucun poste nouveau n'est prévu pour 1996. L'essentiel de la déflation portera sur les militaires du rang pour lesquels 517 postes sont supprimés au lieu des 456 envisagés dans le cadre de la programmation.

L'évolution des effectifs militaires de l'armée de l'air au cours des trois dernières années, est la suivante :

B. L'INCIDENCE DES QUESTIONS D'EFFECTIFS SUR LA GESTION DES CARRIÈRES

1. Les officiers

A la fin de l'année 1995, la gestion des officiers connaît un léger sureffectif de 40 officiers. A cela plusieurs raisons :

- l'augmentation d'un an, décidée en 1991 de la limite d'âge des officiers généraux et des colonels

- surtout les conséquences de la situation économique générale ont contribué à tarir le flux des départs volontaires de nombreux officiers, compte tenu des difficultés de reclassement dans les secteurs civils, notamment, pour les pilotes, les compagnies aériennes. L'évolution des départs volontaires est ainsi la suivante depuis 1988 :

La crise rencontrée par les compagnies aériennes civiles après 1991 et la guerre du Golfe a ainsi affecté principalement les officiers. Cet engorgement des effectifs est à confronter à la réduction du format de l'armée de l'air qui conduira à passer de 970 pilotes de chasse à 870 en 1998.

La situation est par ailleurs compliquée par l'arrivée, en fin de formation professionnelle, des élèves officiers du personnel navigant qui avaient fait l'objet, jusqu'en 1991, d'un recrutement important, destiné précisément à compenser les départs constatés antérieurement

2. Les sous-officiers

C'est dans la catégorie des sous-officiers que la gestion des effectifs s'avère aujourd'hui la plus préoccupante. Comme l'indique le tableau ci-dessous, on est passé d'un chiffre de départs volontaires de 2 240 en 1990 à 970 en 1995. La cause principale rejoint celle qui tarit les départs des officiers. Les reconversions dans les secteurs de l'aéronautique civile de personnels maîtrisant des compétences techniques complexes sont devenues particulièrement difficiles.

(l) au 30 octobre 1996

Ce ralentissement des départs a une incidence directe sur les promotions et les carrières. En effet, les personnels les plus gradés tendent à utiliser les nouvelles mesures relatives à l'allongement des limites d'âge -55 ans pour les adjudants-chefs et 56 pour les majors. Il en résulte une inertie à l'avancement qui se traduit notamment par la chute drastique des inscriptions au tableau d'avancement, passé les deux ans de 4 669 à 1 954, soit une réduction de près de 60 %. En relation avec l'évolution des droits budgétaires, ce phénomène engendre parallèlement un certain sureffectif.

L'armée de l'air a donc mis en place une série de mesures propres à retrouver un flux de départs plus élevé. Outre qu'elle examine avec bienveillance les demandes de départ par anticipation, elle exerce une plus forte sélectivité lors des demandes de renouvellement de contrats d'engagement ou de demandes d'admission dans les corps des sous-officiers de carrière. Enfin, l'armée de l'air a mis en place une panoplie d'aides spécifiques pour encourager certains départs et faciliter les reconversions.

C. LE RECRUTEMENT ET LA FORMATION DES PERSONNELS D'ACTIVE DE L'ARMÉE DE L'AIR

1. Le recrutement des officiers

Les deux principales sources de recrutement des officiers sont l'école de l'air et l'école militaire de l'Air, cette dernière concernant les sous-officiers ou les ORSA désireux de devenir officiers. Ces deux écoles permettent le recrutement des officiers à carrière longue. Parallèlement, il existe un recrutement relativement important d'officiers à carrière courte, c'est-à-dire soit issus du rang, soit les officiers de réserve du personnel navigant, soit les officiers de réserve en situation d'activité (ORSA).

Il faut rajouter les officiers qui ont été admis sur titre (issus de l'Ecole polytechnique notamment).

Le recrutement global d'élèves officiers connaît depuis plusieurs années une baisse relative, liée à la raréfaction des départs et à la réduction du format de l'armée de l'air. Le taux de recrutement de l'école de l'air, destinée à former les pilotes et officiers à carrière longue en vue de prises de responsabilités importantes, est cependant globalement maintenu. Le tableau ci-après récapitule cette tendance :

2. La formation des pilotes

Un nouveau cycle de formation des pilotes est entré en vigueur en 1995, le tableau joint en récapitule le déroulement.

3. Le recrutement des sous-officiers

Pour le recrutement de ses sous-officiers, deux filières sont possibles :

- l'école de formation initiale des sous-officiers (EFISO), située à Nîmes mais dont le transfert à Rochefort interviendra dans le courant de 1996, consécutivement à la fermeture de la base aérienne 726 de Nîmes. Cette école est ouverte aux candidats d'un niveau terminale. L'armée de l'air y forme son personnel pour l'ensemble des spécialités techniques et du service général.

- l'école d'enseignement technique de l'armée de l'air dite « école de Saintes » (EETAA), ouverte aux candidats d'un niveau de seconde. Après une scolarité de 2 ans à Saintes, les élèves de l'EETAA rejoignent leurs condisciples de l'EFISO à Rochefort pour un complément d'instruction de 2 ans. L'EETAA forme ses futurs mécaniciens et télémécaniciens de l'armée de l'air. Les recrutements des sous-officiers, en provenance des deux écoles, évoluent de la façon suivante depuis 1990 :

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Entrée à l'EFISO (Nîmes)

1 952

2 303

2 508

1 092

1 192

1 100

1 200

Entrée à l'EETAA (Saintes)

422

449

518

355

357

320

300/350

Cette évolution traduit le ralentissement des recrutements de sous-officiers consécutifs au tarissement des départs volontaires.

4. La formation professionnelle des sous-officiers : tenir compte des carrières courtes et de « l'interarmisation »

L'évolution de la formation porte sur 4 points :

- adapter la formation initiale au premier emploi sanctionné par le brevet élémentaire. L'armée de l'air, dans un souci d'efficacité, a regroupé certaines spécialités pour rendre leurs titulaires plus « polyvalents », notamment dans la filière électronique.

- avancement de la 2e étape de sélection qui débouche sur une formation supérieure approfondie. De nouveaux programmes de qualification supérieure sont entrés en vigueur depuis le 2e semestre 1994. En 1995 ont été appliqués les programmes « système de détection » et « système de télécommunications ».

- la 3e étape de sélection a pour objet de mieux sélectionner les cadres de maîtrise, majors et, au-delà, les officiers de recrutement « rang ».

- développement de la formation interarmées déjà relevé pour les infirmiers, les moniteurs de sport, les météorologistes et les interprétateurs image.

5. L'effort concernant les appelés

Le prêt des appelés et la prime de service en campagne sont respectivement revalorisés de 2,62% et 1,4% dans le projet de budget 1996.

L'armée de l'air poursuit également ses efforts pour la réhabilitation des casernements afin d'améliorer les conditions de vie et de travail des appelés. Ainsi, en 1996, 45 MF permettront de financer un programme de travaux neufs.

Enfin, une attention toute particulière est portée à la valorisation du temps passé sous les drapeaux pour les appelés de l'armée de l'air. En 1995, celle-ci avait passé des contrats avec l'Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA). En 1996, des aspirants tuteurs du contingent seront chargés de détecter et aider les jeunes en difficulté, en liaison étroite avec l'officier-conseil présent dans chaque base aérienne. Celui-ci bénéficiera également du concours de réservistes, recrutés pour assurer des cours de soutien et de remise à niveau. Enfin, les appelés effectuant un service long pourront valoriser leurs acquis professionnels dans certaines spécialités, dans le cadre d'accords de partenariat.

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