V. LA TRÉSORERIE : DES PLAFONDS INADAPTÉS

Les lois de financement de la sécurité sociale ne comportent pas d'article d'équilibre comparable à celui des lois de finances. Toutefois, le 5° de l'article L.O. 111-3 du code de la sécurité sociale, qui détermine le contenu obligatoire de la loi de financement annuelle, prévoit que celle-ci fixe les limites dans lesquelles certains régimes obligatoires de base peuvent recourir à des ressources non permanentes pour couvrir leurs besoins de trésorerie. Cette disposition obligatoire du projet de loi de financement de la sécurité sociale est essentielle.

D'une part, elle détermine limitativement ceux des régimes qui sont autorisés à se financer par l'emprunt. Le passage à une comptabilité en droits constatés devrait d'ailleurs permettre une clarification conceptuelle, en permettant de bien distinguer, pour chacun des régimes, son solde comptable de son besoin de trésorerie. La comptabilité de caisse, qui est encore utilisée pour le présent projet de loi de financement, confond les deux notions.

D'autre part, elle permet au Parlement de prendre la mesure des besoins de trésorerie prévisionnels des principaux régimes de sécurité sociale, et de fixer des bornes à la dérive éventuelle de l'un d'entre eux en cours d'année. En effet, en vertu de l'article L.O. 111-5 du code de la sécurité sociale, le plafond de trésorerie fixé pour chaque régime ne peut être relevé en cours d'exercice que par un décret pris en conseil des ministres après avis du Conseil d'Etat, dont la ratification doit être demandée au Parlement dans le plus prochain projet de loi de financement.

A. LE DÉPASSEMENT DU PLAFOND DU RÉGIME GÉNÉRAL EN 1998

La loi de financement de la sécurité sociale pour 1998 avait fixé le plafond de trésorerie du régime général à 20 milliards de francs. Ce plafond s'étant révélé insuffisant, le décret n° 98-753 du 26 août 1998, dont l'article 34 du présent projet de loi de financement demande la ratification, l'a porté à 31 milliards de francs .

Le profil de trésorerie révisé du régime général part d'un solde positif de + 16,7 milliards de francs au 1er janvier, suite à la reprise de dette par la CADES, pour atteindre un solde négatif de - 10,4 milliards de francs au 31 décembre, en passant par un point bas de - 25,5 milliards de francs les 11, 12 et 13 décembre. L'amélioration de fin d'année s'explique par l'encaissement en décembre des prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine et les revenus de placement.

L'écart par rapport aux prévisions initiales résulte partiellement de la dégradation du déficit du régime général, qui s'établit à -13,3 milliards de francs au lieu de -12 milliards de francs, l'accélération des dépenses d'assurance maladie à partie du mois de mars l'emportant sur les plus-values de cotisations.

Mais, le dépassement résulte essentiellement de la décision du Gouvernement de majorer l'allocation de rentrée scolaire. Cette majoration exceptionnelle, d'un coût de 6,3 milliards de francs, a été versée aux familles pour l'essentiel le 25 août par la CNAF. Elle ne sera remboursée au régime général qu'après l'adoption de la loi de finances rectificative pour 1998, le 31 décembre. Dans l'intervalle, la charge de trésorerie correspondante est supportée par l'ACOSS et a entraîné le passage sous le seuil initial de 20 milliards de francs dès le 9 octobre.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, une reconduction de la majoration de l'allocation de rentrée scolaire l'an prochain entraînerait un dépassement du plafond de trésorerie du régime général, fixé à 24 milliards de francs par l'article 36. Une pérennisation de cette majoration, régulièrement reconduite depuis 1993 apparaît désormais souhaitable, notamment pour des raisons de sincérité comptable .

Le profil de trésorerie de 1999 part d'un solde négatif de -10,4 milliards de francs au 1er janvier, pour atteindre un solde négatif de -4,7 milliards de francs à la mi-octobre. Le dénivelé est donc positif de + 5,7 milliards de francs;

Page mise à jour le

Partager cette page