B. ... QUI MARQUE D'IMPORTANTES DISPARITÉS

1. L'évolution sectorielle et géographique

a) L'évolution selon l'orientation des exploitations

L'indicateur principal de revenu utilisé dans les comptes par catégories d'exploitations est le résultat brut d'exploitation (RBE) dans l'optique des livraisons. Il diffère du revenu brut agricole (RBA) issu des comptes nationaux par l'exclusion du " hors exploitations " et par quelques divergences méthodologiques.

Le RBE, toutes exploitations confondues, atteindrait 126,9 milliards de francs en 1997, soit une baisse d'un peu plus de 4 % en valeur courante par rapport à 1996 .

Compte tenu de la baisse globale du nombre d'exploitations, estimée à 3,7 %, et d'une augmentation du PIB de 0,9 %, le RBE moyen par exploitation serait en hausse de 7 % en termes réels par rapport à celui de 1996.

Le tableau ci-après illustre la disparité des évolutions selon les orientations (optique livraisons).

ÉVOLUTION DU REVENU BRUT MOYEN PAR EXPLOITATION

EN TERMES RÉELS (en % annuel)

CATÉGORIE

1996/1995

1997/1996

Exploitations à temps complet

2,1

7

Grandes cultures

2,9

13

Maraîchage et fleurs

9,2

- 4

Viticulture
Vins de qualité
Autre viticulture

- 3,3
- 3,2
- 4,1

18
18
16

Arboriculture fruitière

- 2,6

8

Bovins
* Bovins-lait
* Bovins-viande
* Bovins-mixtes

- 4
- 8,1
- 6,5
- 3,5

1

0

5

1

Ovins et autres herbivores
dont ovins

14
23

- 8
- 12

Hors sol

28,1

0

Polyculture

- 4,7

7

Autres orientations mixtes

2,7

5

Exploitations à temps partiel

- 0,6

14

Ensemble des exploitations

2

7

Ainsi, peut-on constater que :

La hausse de la valeur ajoutée détermine celle du revenu en grandes cultures

Dans l'Orientation technique des Exploitations (OTEX) " grandes cultures ", les livraisons de produits végétaux dépassent en valeur de 8 % celles de 1996. La relative modération de la croissance des consommations intermédiaires (+3 %) permet de dégager en 1997 une valeur ajoutée totale supérieure de 14 % à celle de 1996. Les charges se maintiennent globalement à leur niveau de 1996, la consommation d'engrais baissant de 3 % en valeur dans cette catégorie d'exploitations. Les subventions ne sont qu'en très légère baisse dans cette orientation. Le RBE par exploitation, en termes réels, augmente de près de 12 % par rapport à celui de l'année précédente.

Le revenu moyen par exploitation a progressé de 10 % par an entre la moyenne des années 1995 à 1997 et la période triennale précédente, centrée autour de l'année 1993. Sur plus long terme, le revenu en termes réels des exploitations de grandes cultures est supérieur de 52 % à ce qu'il était en 1981 et son niveau dépasse de 30 % celui de l'ensemble des exploitations à temps complet.

La viticulture connaît une évolution très favorable du revenu moyen grâce à d'importantes sorties de chais

Toutes catégories de producteurs confondus, le revenu des exploitations viticoles progresse de près de 23 % en termes réels. La hausse du revenu est plus forte pour les exploitations produisant des vins d'appellation d'origine (+24%) que pour celles consacrées aux autres vins (+17 %).

La hausse du revenu des exploitations produisant des vins d'appellation d'origine (AOC ou VDQS) atteint 24 %. Les livraisons des vins d'appellation d'origine hors champagne sont en hausse de 8,5 % en volume et de 3 % en prix ; le volume et les prix des vins calmes de champagne sont seulement stables. L'incidence des évolutions de volume des livraisons est donc très importante sur la valeur ajoutée dégagée par cette orientation, qui augmente de 14 % par rapport à celle de l'année précédente, et par là-même sur le revenu.

Cette amélioration du revenu intervient après une légère baisse en 1996, mais l'augmentation entre les deux périodes triennales " 1993 " et " 1996 " reste très forte, soit +19 % par an. Le revenu de cette OTEX se situe 75 % au-dessus de celui de l'ensemble des exploitations à temps complet.

Le volume des livraisons d' autres vins augmente de 9 % grâce au développement des exportations et à la bonne tenue du marché intérieur, malgré la baisse de volume enregistrée par le cognac (-5 %). Les prix des autres vins diminuent de 2 %. Les consommations intermédiaires étant en très légère régression, la valeur ajoutée globale croît de 8 % environ. Le RBE moyen par exploitation en termes réels progresse en conséquence de 17 %.

Le revenu moyen est en hausse en arboriculture fruitière, malgré de fortes disparités selon les espèces

Le revenu de l'orientation " arboriculture fruitière " augmente de 4,5 % en termes réels,
après un recul de près de 6 % en 1996. Cette situation moyenne recouvre, comme chaque année, des disparités importantes selon les produits et selon les zones de production.

Il faut rappeler, une fois de plus, combien le revenu de l'arboriculture fruitière est fluctuant : l'amélioration tendancielle récente n'a pas compensé totalement les très mauvais résultats des années 1991 à 1993. Le revenu retrouve seulement, en termes réels, son niveau du début des années quatre-vingt, et son niveau sur la période triennale, centrée sur 1996, ne représente que 80 % de celui des exploitations à temps complet.

L'horticulture connaît une légère augmentation du revenu

L'orientation " horticulture " regroupe les exploitations spécialisées dans la production de légumes et de fleurs. La diversité des produits ainsi concernés nécessite de relativiser l'interprétation de l'évolution du revenu moyen.

En moyenne, le revenu des exploitations spécialisées dans l'horticulture augmente de 4 % en termes réels, après quatre années d'évolution positive. Les livraisons de légumes frais connaissent une inflexion à peine positive en volume, et baissent de 2 % en prix. Peu d'espèces parmi les plus importantes enregistrent des évolutions de prix positives, alors que les cours des tomates, des endives et des haricots verts se replient fortement. Globalement, les livraisons de fleurs sont stables en volume et en prix.

Les consommations intermédiaires sont en hausse très modérée et les frais de personnel se stabilisent. Comme en arboriculture, les subventions d'exploitation diminuent fortement du fait de moindres retraits et de la non reconduction d'aides exceptionnelles versées en 1996. Au total, le RBE global de cette orientation est stable et la hausse moyenne est acquise par la baisse de 4,5 % du nombre d'exploitations.

Malgré cinq années d'évolution positive, le RBE moyen des exploitations spécialisées en maraîchage et fleurs ne rattrape pas son niveau du début des années 80. Il se situe 15 % au-dessous du niveau de revenu de l'ensemble des exploitations à temps complet.

Une stabilité du revenu avec le redressement des cours dans le secteur bovin

Toutes catégories d'élevages confondues, le revenu moyen des exploitations bovines est stable en 1997.

Le revenu moyen des élevages laitiers spécialisés est en recul de - 1 %. Le repli de la collecte laitière pèse sur l'évolution du volume des livraisons qui sont quasiment stables. Les consommations intermédiaires sont en hausse de près de 3 %, notamment à cause des achats d'aliments du bétail qui progressent en volume et en prix. Les charges diminuent légèrement grâce à la forte baisse des pénalités pour dépassement des quotas laitiers en 1997. Les subventions attribuées à cette orientation baissent moins que pour la moyenne des exploitations : celles-ci n'ont en effet bénéficié des aides exceptionnelles versées en 1996 au titre de la crise de la " vache folle " qu'à travers le complément à la prime spéciale aux bovins mâles.

L'évolution du revenu des exploitations laitières sur le moyen terme a été légèrement positive, avec une hausse annuelle de 1 % par an entre les périodes " 1993 " et " 1996 ". Le revenu de cette orientation se situe 66 % au-dessus de ce qu'il était en 1981, mais sa position relative ne s'est pas améliorée : il reste inférieur d'environ 30 % à celui de l'ensemble des exploitations à temps complet.

Les élevages de bovins à viande ont connu une évolution un peu plus favorable, avec une légère progression de revenu (+1 %). La raison essentielle en est l'amélioration des cours de la viande bovine, qui a concerné plus particulièrement les boeufs (+8,5 %) et les vaches de réforme (+10 %). Cela fait plus que compenser l'augmentation des consommations intermédiaires et permet de dégager une valeur ajoutée dépassant de 16 % celle de 1996. Dans le même temps, les charges ont diminué du fait des allégements d'intérêt dont ont bénéficié les producteurs spécialisés en viande, allégements décidés dans le cadre des mesures exceptionnelles " vache folle ". En revanche, les subventions sont inférieures de 14 % à celle de 1996. Cette baisse s'explique par l'importance des sommes versées en 1996 au titre des compensations à la crise bovine (compléments communautaires à la prime à la vache allaitante et à la prime spéciale aux bovins mâles, complément exceptionnel à l'ISM) ainsi que par des décalages de paiement de la PSBM reportés au début de 1998. Malgré cette baisse des subventions, qui constituent un élément essentiel dans la formation du revenu de cette orientation, l'ampleur de la hausse de la valeur ajoutée autorise une légère croissance du revenu, qui ne se retrouve toutefois pas dans toutes les zones de production.

Les élevages de bovins à viande ont bénéficié d'évolutions de revenu positives chaque année depuis 1989, mais cela ne leur a pas permis de rattraper la moyenne des exploitations. Malgré une progression de 69 % par rapport au début des années 80, le niveau de revenu atteint par ce type d'exploitation reste inférieur de plus de moitié à celui de l'ensemble des exploitations à temps complet.

La forte baisse du revenu en 1997 pour l'élevage ovin

Le revenu moyen des élevages ovins spécialisés diminue fortement en 1997 (-20 %), après une augmentation de même ampleur en 1996 (+26 %). Ces évolutions annuelles très contrastées s'expliquent essentiellement par des décalages de paiement sur l'année civile dus aux ajustements de la prime compensatoire ovine.

Le revenu des exploitations ovines spécialisées dépasse de 30 % son niveau du début des années 80. Mais il demeure parmi les plus faibles dans l'ensemble des exploitations et ne représente qu'un peu plus de 40 % de celui de la moyenne des exploitations à temps complet.

Un léger tassement du revenu en élevage hors sol après trois années de forte progression

L'élevage hors sol regroupe les exploitations spécialisées en élevage porcin et avicole. En 1997, le revenu des élevages hors sol diminue légèrement (-2 %).

Les livraisons de porcins progressent de 4 % en volume et leur prix est quasiment stable ; celles de volailles sont en hausse de 4% en volume et de 4 % en prix. En revanche, du fait d'un ralentissement de la demande, le volume des livraisons d'oeufs diminue de 3 %, et leur valeur est inférieure de 6 % à celle de 1996. La hausse des achats d'aliments a été assez soutenue : + 4 % pour les porcins et + 3 % pour les volailles. Ceci a entraîné une augmentation du niveau des consommations intermédiaires et un recul de la valeur ajoutée globale. Mais au total, du fait de la décroissance du nombre d'exploitations, la valeur ajoutée par exploitation est stable. Les subventions d'exploitation, qui jouent un rôle mineur dans la formation du revenu de cette orientation, sont en retrait de 11 %, mais la modération des charges, notamment d'intérêts, limite la baisse du revenu moyen en termes réels.

L'amélioration tendancielle du revenu des élevages hors sol calculée sur les six dernières années est très favorable (+13 % par an), mais elle doit être relativisée compte tenu du bas niveau de 1993. Le niveau atteint en moyenne sur les trois dernières années se situe en termes réels 1 % au-dessous de celui du début des années 1980. Cependant, il représente presque le double du revenu moyen de l'ensemble des exploitations à temps complet.

b) L'évolution géographique

En 1997, le revenu moyen agricole augmente en termes réels dans plus des deux tiers des départements. La hausse dépasse 10 % dans 10 d'entre eux. Parmi les départements concernés par une baisse de revenu, la très grande majorité avait connu une forte hausse en 1996. Au niveau national, la valeur ajoutée s'accroît en termes réels, après la baisse de 1996, pour près des trois quarts des départements. Pour la première fois depuis la réforme de la PAC de 1992, les subventions diminuent dans l'ensemble des départements, du fait de la stabilité des aides aux grandes cultures et de la non reconduction des aides exceptionnelles versées aux productions bovines, ainsi que fruitières et légumières, en 1996.

Le revenu des départements de grandes cultures est en nette augmentation. Mais les situations sont hétérogènes et dépendent pour une large part de l'évolution des rendements. Certains départements, comme la Côte-d'Or, ont également largement bénéficié de la progression du volume et du prix des vins d'appellation d'origine.

Le revenu des départements viticoles augmente très fortement pour ceux qui produisent des vins d'appellation d'origine grâce à la progression du volume des livraisons. Par contre, dans les départements spécialisés dans la production de fleurs, de fruits et de légumes, les évolutions de revenu sont très disparates, avec une majorité de baisses, mais également des cas de fortes hausses comme dans la Drôme.

Dans les départements d'élevage laitier, les disparités d'évolution du revenu dépendent très largement de livraisons végétales. C'est ainsi qu'on note des évolutions de revenu positives dans l'Ouest ou en Franche-Comté. En Lorraine, par contre, le revenu diminue dans tous les départements du fait d'une baisse de valeur ajoutée liée au volume des livraisons végétales qui avaient fortement progressé en 1996.

Les départements spécialisés en élevage bovin à viande ou ovin ont tous enregistré une forte baisse des subventions d'exploitation. Malgré cela, l'augmentation parfois forte de la valeur ajoutée a permis des hausses notables de revenu dans certains d'entre eux, situés essentiellement dans l'Ouest et en Bourgogne. En revanche, les départements d'élevage extensif du Massif central, où la part des subventions est prépondérante dans la formation du revenu, ont vu ce dernier nettement diminuer.

2. La poursuite de la baisse du nombre d'exploitations et de leur agrandissement

a) Un nombre d'exploitations en constante régression

Comme chaque année, la diminution du nombre d'exploitations permet de majorer l'évolution du revenu moyen par rapport à l'évolution observée dans l'ensemble de la branche : un nombre toujours plus réduit d'exploitations se partage un revenu global.

En 1997, le nombre d'exploitations agricoles a, de nouveau, baissé puisqu'il est passé de 700.500 fin 1996 à moins de 680.000, soit une baisse de 4 %.

EVOLUTION DU NOMBRE D'EXPLOITATIONS AGRICOLES

b) Une augmentation de la surface moyenne exploitée

La conséquence la plus visible de ce mouvement de concentration est la baisse du nombre de petites et moyennes exploitations. Parallèlement, les terres libérées par les cessations d'activité ont permis au tiers des exploitations en place de s'agrandir, chacune ayant accru sa surface de près de 20 % -les agrandissements se faisant surtout en fermage-.

Le mouvement de concentration des terres des unités de grande dimension s'est accéléré, le quart de la superficie agricole utilisée étant détenu par des exploitations de plus de 150 hectares. Ainsi, 10 % des exploitations cultivent 40 % de la SAU. Les plus grandes exploitations se situent dans les régions de grandes cultures, le Centre et le Nord.

Cette disparition des exploitations correspond pour l'essentiel aux départs en retraite et préretraite.

La taille moyenne des exploitations agricoles atteint environ 42 hectares aujourd'hui. Elle a doublé en vingt-cinq ans et a progressé de 9 % par rapport à 1995.

ÉVOLUTION DE LA SURFACE AGRICOLE MOYENNE D'UNE EXPLOITATION

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