II. L'ACTION DU GOUVERNEMENT EN MATIÈRE AGRICOLE EN 1997 ET 1998

A. LE BILAN DE LA NOUVELLE RÉGLEMENTATION EN MATIÈRE D'ÉQUARRISSAGE

1. Le dispositif mis en place par la loi du 26 décembre 1996 organisant le service public de l'équarrissage

La loi n° 96-1139 du 26 décembre 1996 (JO du 27décembre 1996) a modifié à partir du 1er janvier 1997 les conditions d'organisation du service public de l'équarrissage, dont l'objet est d'assurer la collecte ainsi que l'élimination des cadavres d'animaux et des déchets d'abattoirs impropres à la consommation. Le financement du service public est assuré par un fonds spécialement créé qui est alimenté par une taxe perçue chez les vendeurs au détail de viande et produits voisins (en application de l'article 302 bis D du code général des impôts). Collectée par les services fiscaux selon la même procédure que la TVA, cette taxe est prélevée dans les entreprises réalisant un chiffre d'affaires supérieur à 2 500 000 F ; son taux est de 0,5 % des achats jusqu'à 125.000 F et de 0,9 % au-delà. La gestion financière du fonds a été confiée au CNASEA à partir du 1er janvier 1997 9( * ) .

Le décret n° 96-1229 du 27 décembre 1996 (JO du 31/12/96), en référence aux procédures définies par le code des marchés publics, précise les conditions d'exécution du service public dans chaque département, notamment la nature des dépenses engagées.

Les prestations sont réalisées par des entreprises soumissionnaires, sur la base de marchés publics passés par les préfets, ou, temporairement, sur la base de réquisitions. Sur les 4 lots que devaient comporter les marchés départementaux (collecte des cadavres d'animaux et des déchets d'abattoirs, transformation en farines, transport et stockage des farines, incinération des farines), seuls les deux premiers ont été mis en oeuvre dès le début de l'année. Pour des raisons techniques et financières, le lot incinération n'a pas été introduit, sauf exception, dans les marchés départementaux, seules quelques incinérations à caractère expérimental ayant été autorisées. Le lot transport étant quant à lui lié à la connaissance des entreprises d'incinération retenues, les départements n'ont pu passer les marchés publics correspondants.

Le décret n° 97-1005 du 30 octobre étend le domaine d'intervention du fonds aux dépenses engagées pour la passation des marchés et celles nécessaires à la réalisation d'opérations d'analyse et de contrôle réalisées en vue de l'attestation du service fait. Il rend également possible la passation de marchés au niveau national ; ainsi ont été passées au cours du mois de novembre des marchés avec des entreprises ayant les moyens de procéder à l'incinération selon les normes requises, groupes cimentiers, entreprises spécialisées dans le traitement des ordures ménagères et de déchets, dans le chauffage urbain... Fin décembre, ce dispositif devait être complété par des marchés spécifiques au transport des farines en vue de leur incinération passés par les préfets des départements des lieux de stockage.

2. L'organisation départementale du service public

Les Préfets (Directions départementales de l'Agriculture et de la Forêt - Services vétérinaires), personnes responsables des marchés, sont chargés de lancer les appels d'offres en liaison avec les Direction départementales de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (ou à défaut, de passer des " commandes " ou encore de procéder par réquisition), de s'assurer de leur bonne exécution, ainsi que de l'engagement et de la liquidation des dépenses afférentes. Les factures présentées par les entreprises prestataires, sont transmises, après certification du " service fait ", au CNASEA pour paiement.

Le directeur du CNASEA assure l'ordonnance des dépenses et l'agent comptable assure leur mise en paiement en tant que comptable assignataire. Le délai de mandatement, après présentation des factures par les entreprises à l'administration, est fixé à 35 jours.

3. La gestion 1997

Selon le CNASEA, les délégation régionales du CNASEA ont traité 2 792 factures en 1997 dans 90 départements pour un montant de 359 751 962 francs. Au 31 décembre 1997, le service public n'était pas encore opérationnel en Corse, ni dans les départements d'outre-mer. Les dépenses se sont réparties de la façon suivante par type de prestation :

Type de prestation

Collecte

Transformation

Transport

Incinération

Divers

Sommes versées (en F)

162 591 636

76 283 705

15 604 768

701 117

104 570 734

L'importance de la rubrique " divers " s'explique par les premières réquisitions, qui ne précisaient pas toujours la nature des prestations.

La carte ci-après met en évidence que le montant des dépenses varie fortement selon les départements. Ceux de l'Ouest, traditionnellement orientés vers l'élevage laitier et hors-sol mobilisent une partie importante du fonds de l'équarrissage (la Bretagne représente 28 % des dépenses totales).

MONTANTS CUMULÉS DES DÉPENSES PAR DÉPARTEMENT

SOURCE : Rapport d'activité du CNASEA 1997



Les encaissements reçus se sont élevés en 1997 à 520 688 066 F. Les factures ont été réglées pour un montant total de 417 041 801 F, dépenses incluant le paiement des factures de la période transitoire. Par contre, l'essentiel des dépenses de l'incinération sera reporté en 1998, année au cours de laquelle devront être détruites les farines produites depuis l'été 1996. La trésorerie mensuelle a été très tendue jusqu'au troisième trimestre. En fin d'année, le fonds de roulement demeurait inférieur à un mois de dépenses.

Rappelons que dans l'attente de la mise en place du service public de l'équarrissage, l'Etat s'était engagé, à compter du 15 juillet 1996, à payer les prestations liées à l'équarrissage à hauteur de 50 %, le solde étant à la charge des partenaires locaux (collectivités locales : Conseils généraux, régionaux, mairies ; autres collectivités : services de chambre d'agriculture, groupements de défense sanitaire ; associations diverses d'éleveurs, particuliers...). A partir de février 1997, les factures n'ayant pas toutes été réglées par l'Etat, le CNASEA a été chargé de collecter le reliquat des factures de l'année 1996 pour la période du 15 juillet au 31 décembre 1996 (part Etat, et dans certains cas, part collectivités) et d'en assurer le paiement sur le produit de la taxe sur les achats de viande instituée par la loi du 26 décembre 1996.

Fin 1997, 825 factures venant de 82 départements ont été reçues pour un montant de 65 114 245 francs, dont 56 4678 944 francs ont fait l'objet d'un règlement. Cette gestion n'était pas totalement achevée fin décembre.

Votre rapporteur pour avis tient à souligner deux points importants sur ce dossier. En premier lieu, il souhaite rappeler les réserves émises par la Commission des Affaires économiques lors de la création de cette taxe, au regard notamment du droit communautaire. En second lieu, il indique qu'une taxe additionnelle à la taxe d'équarrissage est entrée en vigueur le 1er juillet dernier sur la base de l'article 65 de la loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier.

Ce nouveau dispositif sera appliquée aux achats de viandes réalisés entre le 1er juillet et le 31 décembre 1998 par les commerçants et les grandes surfaces ayant réalisé un chiffre d'affaires supérieur à 3,5 millions de francs hors taxes en 1997. Le taux de la nouvelle taxe est fixé à 0,3% sur les 125.000 premiers francs d'achats, et à 0,5 % au-delà.

Cette taxe financera un fonds destiné à financer la résorption du stock de farines animales non conformes à la réglementation sanitaire communautaire (133°C, 20', 3 bars), fonds qui sera géré par le Centre national pour l'aménagement des structures des exploitations agricoles (CNASEA). La durée du prélèvement de la taxe et le seuil d'exemption finalement retenus laissent présager un rendement inférieur de moitié à ce qui avait été initialement prévu par le Gouvernement : 300 à 400 millions de francs grâce à un seuil d'exemption fixé à 2,5 millions de francs et un assujettissement jusqu'au 31 mai 1999.

Rappelons qu'un rapport relatif à " l'évaluation du service public de l'équarrissage " a été effectué par une mission du COPERCI. Ce document fait le point sur la mise en place de ce service public et traite des problèmes de financement.

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