B. LA RATIFICATION DU DÉCRET DE RELÈVEMENT DU PLAFOND D'AVANCES DE TRÉSORERIE (ARTICLES 29 bis ET 30)

La loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 avait fixé le plafond de trésorerie du régime général à 24 milliards de francs. Il s'est révélé insuffisant et le décret du 7 octobre 1999, dont l'article 30 du présent projet de la loi de financement demande la ratification, l'a porté à 29 milliards de francs.

Le profil révisé du régime général part d'un solde négatif de 6 milliards de francs au 1 er janvier pour atteindre un solde négatif de 2,7 milliards de francs au 31 décembre, en passant par un point bas de - 24,1 milliards de francs le 12 octobre. L'amélioration de fin d'année s'explique par l'encaissement en décembre des prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine et les revenus de placement.

L'écart par rapport aux prévisions initiales est d'autant moins justifiable que le régime général devrait connaître une amélioration par rapport à ce que le Gouvernement attendait.

En réalité, une fois encore, le dépassement résulte essentiellement de la décision du Gouvernement de majorer l'allocation de rentrée scolaire mais de ne verser la somme correspondant à son coût (6,2 milliards de francs) qu'après adoption de la loi de finances rectificative pour 1999. En attendant, la trésorerie du régime général subit les frais liés à cette avance, ce qui explique le passage sous le seuil minimal.

Votre rapporteur pour avis écrivait l'année dernière : " les mêmes causes produisant les mêmes effets, une reconduction de la majoration de l'allocation de rentrée scolaire l'an prochain entraînerait une dépassement du plafond de trésorerie du régime général, fixé à 24 milliards de francs par l'article 36 " 59( * ) . Il déplore de ne pas avoir été entendu l'année passée car ces ratifications montrent le peu de sincérité des projets soumis au Parlement en matière financière.

L'année prochaine, le solde partirait d'un point négatif de 2,7 milliards de francs pour revenir à un excédent de 5,2 milliards de francs en fin d'année. A la mi octobre, le besoin de trésorerie serait de 25,9 milliards de francs. L'année devrait être marquée par de fortes incertitudes sur le rythme d'encaissement des recettes suite aux changements introduits par la loi de financement, notamment avec les fonds de financement du passage aux 35 heures et de la couverture maladie universelle.

La prise en charge partielle par la CNAF l'an prochain de la majoration et le relèvement du plafond en 2000 à 29 milliards de francs devrait limiter le recours à un éventuel décret de relèvement du plafond. Cependant, votre rapporteur pour avis regrette, cette année avec encore plus de force, que l'Etat n'inscrive pas la majoration de l'ARS à son budget initial et n'assure pas le versement de sa part en temps et en heure. Il n'est pas normal que les retards de l'Etat pèsent sur les frais financiers de l'ACOSS et donc se répercutent sur les prélèvements sociaux des Français.

Il se réjouit donc de l'adoption à l'Assemblée nationale d'un amendement de la commission des finances tendant à la " neutralité des flux financés par la trésorerie des régimes de protection sociale " (article 29 bis ).

Les avances de trésorerie de la Caisse des dépôts

" L'ACOSS bénéficiait depuis la convention ACOSS / CDC du 18 juin 1980 d'un crédit de 15 milliards de francs en cas de besoin de trésorerie. Ce montant a été porté à 20 milliards de francs par un avenant du 8 juillet 1998.

Ces avances sont consenties au taux du marché (EONIA) + 0,5 point pendant 21 jours par trimestre civil. En dehors de ces périodes, il est possible de recourir à des avances exceptionnelles pendant huit jours sur l'année civile au EONIA + 1 point. L'ACOSS peut éventuellement demander des avances exceptionnelles dérogatoires en cas de nécessité. Ces dernières sont au même taux que les précédentes.

Un protocole d'accord du 24 septembre 1996 prévoyait que l'ACOSS pouvait disposer d'une facilité maximale de 25 milliards de francs pour la période du 25 septembre 19996 au 1 er janvier 1997. Ces avances supplémentaires étaient rémunérées à TMP + 0,5 point. Au total, l'ACOSS disposait d'un crédit de 40 milliards de francs.

Un protocole d'accord du 28 février 1997 prévoyait que l'ACOSS pouvait disposer d'une facilité maximale de 51 milliards de francs pour la période du 28 février 1997 au 30 septembre 1997. Ces avances supplémentaires étaient rémunérées à TMP + 0,45 point. Au total, l'ACOSS disposait d'un crédit de 66 milliards de francs.

Un protocole d'accord du 30 septembre 1997 jusqu'au 29 janvier 1998 prévoyait une facilité d'un maximum de 87 milliards de francs. Ces avances supplémentaires étaient rémunérées à TMP + 0,45 point. Au total, l'ACOSS disposait de 92 milliards de francs.

En 1998, un nouveau protocole d'accord a autorisé une facilité de 11 milliards de francs avec la CDC afin que la sécurité sociale puisse disposer de fonds à hauteur de 31 milliards de francs comme autorisés par le décret n° 98-753 du 26 août 1998 portant relèvement du plafond des avances de trésorerie au régime général de sécurité sociale. cette facilité portait le taux de TMP + 0,5 point.

En 1999, l'ACOSS a été contrainte de recourir à des avances exceptionnelles. Elle a négocié une nouvelle facilité de trésorerie dans le cadre d'un dépassement du plafond de 24 milliards fixé par le Parlement dans la loi de financement pour 1999 et du relèvement de ce plafond. "

Source : réponse au questionnaire de la commission des finances


Par ailleurs, votre rapporteur pour avis rappelle que le plafond de trésorerie est également le fruit des déficits passés : à partir du 1 er janvier 2000, l'ACOSS supportera dans ses comptes les pertes du régime général de 1999 (4 milliards de francs), et l'écart de 4,5 milliards de francs entre le déficit provisionné de 1998 (12 milliards de francs) et le déficit réel (16,5 milliards de francs), soit un total d'au moins 8,5 milliards de francs.

Il s'étonne donc que le projet de loi de financement soit muet sur les conséquences de ces déficits résultant des erreurs de prévisions et de politiques du Gouvernement, sinon à y répondre par des avances de trésorerie génératrices de frais financiers pour l'ACOSS.



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