B. DES MESURES D'ACCOMPAGNEMENT IMPORTANTES

Outre le concours de création d'entreprises innovantes 10( * ) pour lequel 2 000 demandes ont été déposées et 244 candidatures retenues, conduisant à la création immédiate de 64 entreprises, plusieurs outils de financement existent pour accompagner ce mouvement de création d'entreprises technologiques.

1. Un succès non démenti depuis leur mise en place fin 1996 : les FCPI

Afin de renforcer les fonds propres des petites entreprises innovantes, le précédent Gouvernement a créé 11( * ) les fonds communs de placement dans l'innovation précités (FCPI).

Les FCPI ont vocation à investir 60 % de leurs fonds dans des entreprises non côtées comptant moins de 500 salariés, sauf les filiales des groupes, lorsqu'elles ont :

- réalisé au cours des 3 exercices précédents, des dépenses cumulées de recherche d'un montant égal au tiers du chiffre d'affaires le plus élevé des 3 derniers exercices ;

- ou qu'elles justifient d'une activité reconnue comme innovante par l'ANVAR, pour une durée de trois ans renouvelables.

La détention de parts de FCPI donne droit à des avantages fiscaux pour les particuliers.

Succès indéniable, permis il est vrai par l'adhésion du Gouvernement actuel à cet outil financier, économe en argent public et à fort effet de levier, les 14 fonds privés qui se sont créés ont récolté environ 1,3 milliard de francs. Que cet hommage soit ici rendu à la précédente équipe gouvernementale, et notamment à M. François d'Aubert, secrétaire d'Etat à la recherche !

2. Le fonds public pour le capital risque

Partant du constat de la carence d'offre de capitaux à risque au profit de jeunes entreprises innovantes, l'Etat a constitué un fonds public pour le capital risque. Sa gestion a été confiée à la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Il est alimenté par l'Etat, qui s'est engagé à verser 600 millions de francs provenant des cessions de parts du capital de France Télécom. Une première tranche de 300 millions de francs a été versée le 30 juin 1998. Le solde sera versé lorsque la première tranche aura été engagée à 80 %.

A cet effet, la CDC a constitué un fonds dédié, dénommé le " FONDS ", qu'elle utilise pour investir dans des fonds de capital-risques privés, en exerçant ainsi un important effet de levier. Ces fonds privés sont gérés par des équipes professionnelles et la CDC ne prend pas de responsabilité directe dans le choix des entreprises dans lesquelles investiront ces fonds.

Le comité d'engagement et d'orientation du FONDS se réunit régulièrement pour décider des investissements.

L'activité principale de ces fonds privés est l'investissement dans des sociétés liées aux secteurs des biotechnologies et des technologies de l'information .

Le comité d'engagement et d'orientation a décidé d'engager 262,6 millions de francs dans 10 FCPR 12( * ) qui investiront au total 3.190 millions de francs. Les fonds aidés sont ceux de Banexi, Sofinnova, Galileo, Auriga, Siparex, Natexis, FCI, SEEFT, Trinova et Sudinnova.

3. Les fonds d'amorçage

La création de fonds d'amorçage visant à accompagner, avant même l'intervention du capital risque, les créateurs d'entreprises lors de la phase dite " d'incubation " , c'est-à-dire de gestation de leur projet, est encouragée par le Gouvernement, avec la mise à disposition de 100 millions de francs de crédits budgétaires pour inciter à leur constitution. Cet effort public sera complété par les investisseurs privés qui souhaiteront s'y associer : un appel à propositions a été lancé, comme cela a été dit ci-dessus, dans cette perspective en mars 1999. Le comité d'engagement désigné afin de décider de l'attribution des aides s'est déjà réuni, rappelons-le, à deux reprises.

Plusieurs fonds d'amorçage se constituent :

- l'INRIA a créé début 1998 une filiale, " I-Source " qui a pour objet de mettre en place et de gérer un fonds d'amorçage : l'encadré ci-dessous détaille les principales caractéristiques de ce fonds ;

- un fonds d'amorçage lié au CEA, sous le nom d'Emertec , a été constitué à parité entre le CEA et la Caisse des dépôts et consignations. Créé en 1999, l'objectif du fonds est d'atteindre 160 millions de francs d'ici un an ;

- un fonds d'amorçage " biotechnologie " est en cours de mise en place, dans lequel la Caisse des dépôts et consignations, le CNRS, l'INSERM et l'INRA sont partenaires. L'objectif du fonds est de réunir 130 millions de francs d'ici un an ;

- des fonds d'amorçage régionaux sont en cours de constitution, qui ont pour objet de soutenir, au premier tour de table financier, de jeunes entreprises innovantes issues notamment d'incubateurs.

INCUBATEUR ET FONDS D'AMORÇAGE : L'EXEMPLE DE L'INRIA

Les outils

Accompagnant l'essor économique du secteur des technologies de l'information, l'INRIA a mis en place deux outils favorisant la création d'entreprises innovantes :

INRIA-Transfert, incubateur (thématique) est une filiale de l'INRIA au capital de 85,5 millions de francs, dédiée aux sociétés innovantes s'appuyant sur les sciences et technologies de l'information et de la communication ;

I-Source est une filiale de INRIA-Transfert. C'est le premier fonds national dédié à l'amorçage et au démarrage de sociétés de technologie à fort potentiel de croissance.

L'" incubation " consiste en une mise en réseau de professionnels de la création d'entreprises chargés de détecter, expertiser et réaliser les projets de création, avec pour objectif de les faire naître dans un délai de moins d'un an. C'est donc une structure d'aide aux individus, les porteurs de projets, dans la phase antérieure à la création de la société elle-même. INRIA-Transfert apporte son concours aux démarches suivantes :

- expertiser scientifiquement le projet ;

- échanger pour confronter les idées, affiner le discours et resserrer les objectifs ;

- trouver un financement ;

- réaliser une étude de marché ;

- vérifier que le programme, une fois arrêté, se déroule comme prévu.

Opérationnel depuis le 15 février 1999 (date de l'agrément accordé par la COB), le fonds d'amorçage I-Source, constitué sous forme de FCPR, a réalisé 5 investissements avant l'été 1999. Deux autres sont en cours de finalisation, si bien que l'objectif de 8 ou 9 investissements par an sera atteint dès la première année de fonctionnement du fonds.

Le fonds d'amorçage développe une démarche d'accompagnement des porteurs de projets pour l'élaboration de leur stratégie d'entreprise et de leur plan de financement. L'objectif est un désengagement du fonds après le décollage de la start-up.

Les résultats

Cinq sociétés de technologie ont été créées en 1998 à partir de l'incubateur de l'INRIA. Deux ont déjà été créées en 1999 et quatre sont attendues d'ici à la fin de l'année.

Les sociétés créées interviennent sur des marchés aussi variés que, par exemple, le trucage numérique pour la vidéo, la certification de logiciels pour les cartes à puces, la constitution de catalogues pour le commerce électronique ou le traitement de séquences de génomes. Le savoir-faire ou le fondement technologique de plusieurs d'entre elles sont issus de recherches très théoriques, dont on ne percevait pas toujours il y a seulement deux ans le potentiel.

L'objectif est d'atteindre un flux annuel d'une quinzaine de projets de création d'entreprises en incubation.

Votre commission pour avis souhaite vivement la généralisation de telles démarches auprès de l'ensemble des établissements de recherche.

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