LE COMMERCE : UNE CROISSANCE SOUTENUE

UNE AUGMENTATION sensible de l'activité

Le commerce de détail

L'évolution de l'activité

En 1998, dans un contexte économique favorable, la croissance de la consommation de 3,8% en volume a permis un essor plus soutenu de l'activité.

La croissance du chiffre d'affaires du commerce de détail a, en effet, également été de 3,8 % en volume en 1998, contre 2,2 % en 1997. Il s'agit du meilleur résultat depuis 20 ans, avec celui de 1996.

ÉVOLUTION DU CHIFFRE D'AFFAIRES EN VOLUME (EN %)

Activités

1996

1997

1998

Commerce de détail et artisanat commercial

+1,8

+2,2

+3,8

Commerce de gros (hors intermédiaires du commerce)

+2,5

+5,5

+7,6

Commerce et réparation automobile

+4,3

-4,0

+9,6

Source : INSEE - Comptes du commerce

Tous les secteurs du commerce de détail ont contribué à la croissance de l'activité :

Le marché des produits non alimentaires

Sur le marché des produits non alimentaires, l'activité des magasins spécialisés est en hausse très soutenue, amplifiant la reprise amorcée il y a trois ans : +5,7 % après +2,2 % en 1997. Les grandes et petites surfaces spécialisées détiennent, ensemble, plus de 42 % de ce marché. Elles font mieux que les hypermarchés (+4,5% sur le non alimentaire), qui possèdent 12 % de parts de marché sur ces produits.

Profitant de la progression de leur revenu, les ménages ont choisi de reprendre des achats d'équipements qu'ils avaient reportés. Au sein des commerces d'équipement du foyer, celui des produits électroménagers a bénéficié de l'engouement des ménages pour les nouveaux produits en téléphonie et micro-informatique. Avec 9,6 % de croissance du chiffre d'affaires après +5,9 % en 1997, les achats de téléviseurs et de magnétoscopes ont également été particulièrement élevés avant la Coupe du monde de football.

Le secteur de l'ameublement a augmenté fortement (+7,9 % contre -1,5 % en 1997) après sept années de croissance médiocre voire de recul. La reprise des dépenses de logement n'y est sans doute pas étrangère.

Les spécialistes de l'aménagement de l'habitat (dont le bricolage et les jardineries) et les commerces de l'ensemble parfumerie-loisirs-sports continuent de progresser à un rythme soutenu (respectivement +4,1% et +5,6%). Cette progression est, en partie, liée à l'essor des nouvelles grandes surfaces spécialisées.

Le commerce de sport a également profité pleinement des effets de la Coupe du monde, et sa croissance s'est envolée avec +8,8 %.

L'activité des pharmacies, qui s'était ralentie en 1996 et plus encore en 1997 (+0,7%), a augmenté à nouveau (+5,4 %), malgré les efforts en faveur de la maîtrise des dépenses de santé.

Pour les grands magasins et la vente par correspondance l'année a également été très bonne (respectivement +5,0 et +5,3 % de hausse). Ils ont profité de la forte consommation en biens d'équipement de la personne (produits de l'habillement, de la maroquinerie et chaussures), ainsi qu'en biens d'équipement du foyer et en parfumerie.

L'ACTIVITÉ DANS LE COMMERCE DE DÉTAIL

Formes de vente

1994

1995

1996

1997

1998

Alimentation spécialisée et artisanat commercial 2( * )

-4,2

-2,1

-3,1

-1,3

-0,4

Petites surfaces d'alimentation générale 3( * )

-6,1

-3,2

-,15

-0,1

0,8

Grandes surfaces d'alimentation générale

4,4

3,0

1,7

3,4

3,2

Grands magasins 4( * )

-5,2

-0,1

1,1

2,6

5,0

Pharmacies et commerces d'articles médicaux

0,9

4,7

2,2

0,7

5,4

Magasins non alimentaires spécialisés

-0,5

2,0

0,7

2,2

5,7

Commerce hors magasin

1,9

6,8

-0,6

-0,3

4,3

Réparation d'articles personnels et domestiques

-3,9

7,2

-4,8

-3,9

-1,3

Ensemble du commerce de détail et de l'artisanat à caractère commercial

0,8

2,2

0,7

2,0

3,8

Source : Comptes du commerce, INSEE

Le marché des produits alimentaires

L'activité des grandes surfaces alimentaires (hypermarchés, supermarchés et magasins populaires) a encore progressé cette année à un rythme soutenu : +3,2 % en volume, après +3,4 % en 1997. Sur le marché des produits alimentaires (hors tabac), la croissance des hypermarchés et des supermarchés a été de +1,9 %.

Les créations de magasins sont cependant rares. Le développement du parc des hypermarchés s'est en effet ralenti (+1,6 % en surface), un seul magasin ayant été ouvert. Les nouveaux supermarchés sont peu nombreux et portent, pour les trois quarts d'entre eux, une enseigne de maxidiscompte.

Les grandes surfaces poursuivent leur développement avec 63 % de parts de marché, loin devant les alimentations spécialisées et artisanales (18 %), les marchés (3 %) et les petites surfaces d'alimentation générale (10 % en incluant le commerce de produits surgelés).

Le marché des produits alimentaires a, par ailleurs, été confronté cette année à une multiplication des incidents mettant en cause la sécurité alimentaire. Ces incidents ont suscité une inquiétude croissante des consommateurs et une mobilisation, que l'on aurait voulue plus déterminée, des pouvoirs publics tant au niveau national qu'au niveau européen. Votre rapporteur pour avis, qui souscrit sur ce point aux analyses développées par notre collègue Mme Odette Terrade, dans son avis sur les crédits de la concurrence et la consommation, estime que les pouvoirs publics doivent tout mettre en oeuvre pour que la sécurité alimentaire soit assurée et la santé des consommateurs préservée .

L'activité des boulangeries-pâtisseries reste stable ; celle des boucheries-charcuteries, en recul de 1,6 %, n'a pas bénéficié de la reprise de la consommation de viande. Les alimentations spécialisées (fruits et légumes, produits laitiers...) se maintiennent.

Le commerce et la réparation sont en très forte hausse, 9,6 % en volume, après une diminution de 1,8 % en 1997.

Le commerce de véhicules automobiles a retrouvé en 1998 une croissance spectaculaire (+11,4 % en volume). Les quatre dernières années avaient été marquées par les effets des aides gouvernementales : hausses soutenues en 1994 et 1996, grâce à l'instauration des " prime à la casse " et " prime qualité ", repli en 1997 (-3,6 %) avec l'arrivé à échéance de la dernière mesure de soutien. Les contrecoups de ces interventions sur le marché automobile semblent passés. Les ventes de véhicules ont été particulièrement élevées au troisième trimestre, avec la sortie de nouveaux modèles à l'occasion du " Mondial de l'automobile ". Sur l'année, le nombre d'immatriculations de voitures particulières neuves a augmenté de 16 % pour les marques françaises et de 10 % pour les marques étrangères.

La croissance a aussi été soutenue pour les commerces de réparation, d'équipements automobiles et de motocycles. Après deux années médiocres, l'entretien et la réparation automobile ont amorcé une reprise et ce malgré la concurrence du commerce de détail d'équipements automobiles, comme les centres de pose de pièces détachées. Ce dernier continue à croître à un rythme élevé (+4,8 % comme en 1997).

L'activité du commerce de vente et réparation de motocycles reste très vive (+10 % comme en 1997) prolongeant ainsi la forte croissance amorcée fin 1995. Le commerce de carburants a profité de la reprise de la consommation, liée au développement du trafic routier.

L'évolution des parts de marché des différentes formes de commerce de détail

En 1998, la part de marché de l'ensemble du commerce de détail et de l'artisanat à caractère commercial représente 84,9 % des produits commercialisables, les autres ventes étant réalisées par le commerce et la réparation automobile, par les grossistes, les prestataires de services et les producteurs.

Sur l'ensemble des produits commercialisables, les grandes surfaces continuent à gagner des parts de marché ; elles ont vendu, en 1998, un tiers des produits commercialisables.

Les magasins non alimentaires spécialisés représentent un peu plus du quart des ventes.

Sur le marché des produits alimentaires, les grandes surfaces d'alimentation générale détiennent, en 1998, 63,2 % des parts de marché.

PARTS DE MARCHÉ EN 1998 (HORS VÉHICULES AUTOMOBILES)

Formes de vente

Ensemble des produits commercialisables

Produits alimentaires (hors tabac)

Produits non alimentaires

- Alimentation spécialisée et artisanat commercial

- Petites surfaces d'alimentation générale et magasins de produits surgelés


- Grandes surfaces d'alimentation générale

Supermarchés

Magasins populaires

Hypermarchés

- Grands magasins et autres magasins non alimentaires non-spécialisés

- Pharmacies et commerces d'articles médicaux


- Magasins non alimentaires spécialisés 1

- Commerce hors magasin

Vente par correspondance

Autres

8,0

3,9

33,1


13,7

0,4

18,9

1,4

6,0

28,1

4,4


2,1

2,3

18,5

9,8

63,2


28,3

0,8

34,1

0,4

0,2

0,3

3,7


0,4

3,4

0,9

19,1


6,8

0,3

12,0

2,1

9,4

43,1

5,0


3,1

1,9

Ensemble commerce de détail et artisanat

84,9

96,1

79,6

Ventes au détail du commerce automobile -2

Autres ventes au détail-3

10,2

4,9

0,6

3,3

15,7

4,7

Ensemble des ventes au détail

100

100

100

1- Y compris la réparation d'articles personnels et domestiques pour leurs ventes au détail et leurs prestations de réparation.

2- A l'exclusion des ventes et réparations de véhicules automobiles, y compris les ventes et réparations de motocycles.

3. Ventes au détail d'autres secteurs : cafés-tabac, grossistes, ventes directes de producteurs, etc.

Source : INSEE - Comptes du commerce

Cette progression reflète la croissance de la part des hypermarchés, qui représentent désormais plus de 34,1 % du total des ventes au détail de produits alimentaires.

Les parts de marché de l'ensemble des autres commerces régressent. Les commerces spécialisés et l'artisanat commercial représentent en 1998 18,5 % du marché, contre 19,8 % en 1997. Les petites surfaces d'alimentation générale détiennent 9,8 % du marché des produits alimentaires. La diminution de leur part de marché a cependant tendance à se ralentir.

Sur le marché des produits non alimentaires, les grandes surfaces détiennent 19,1 % du marché et ont progressé de 0,3 point entre 1997 et 1998. Les magasins non alimentaires spécialisés se maintiennent à environ 43,1 %. Les pharmacies détiennent 9,4 % du marché. Les ventes au détail du commerce automobile, qui comprennent à la fois les équipements automobiles et les motocycles, représentent un sixième de l'ensemble des ventes de produits non alimentaires.

La part de marché de la vente par correspondance se maintient à 2 % depuis plus de cinq ans, 60 % de l'activité étant concentrée dans le textile, les livres, les disques et les meubles.

La part de marché du téléachat reste en dessous de 1 %, avec un chiffre d'affaires de moins de 900 millions de francs.

La part de marché du commerce électronique est encore très réduite puisque celui-ci ne représente qu'un pour cent du chiffre d'affaires total de la vente par correspondance. Cette nouvelle forme de commerce progresse cependant à rythme élevé, en particulier, pour la vente de produits informatiques, de livres et de compact-disques de musique.

Le commerce de gros

Après une bonne année 1997, les ventes du commerce de gros ont affiché en 1998 une forte hausse (+7,8 % en volume), due pour moitié au commerce de biens d'équipement.

La progression du commerce de gros de biens d'équipement professionnel , de 16 % en volume, a dépassé le rythme très élevé de ces dernières années. La croissance est moindre en valeur mais reste très importante (+ 10 %). Cette forte progression a été sous-tendue par la reprise de l'investissement productif des entreprises. En ont bénéficié notamment les distributeurs en équipement pour le commerce et les services, suivis par ceux spécialisés en équipement pour la construction et pour l'industrie. En raison de la forte demande des particuliers, des entreprises et des administrations, le volume des ventes en matériel informatique s'est littéralement envolé (+ 36 %) ; la forte baisse des prix ramène cependant à 16 % la progression en valeur.

La vente des grossistes en biens de consommation non alimentaires a augmenté de 7,5 % en volume (les prix restent stables). Tous les secteurs concourent à cette amélioration, l'électroménager et la radiotélévision arrivant en tête, avec une progression de 10 %. Le volume des ventes en produits pharmaceutiques doit à la reprise de la consommation en médicaments une forte progression, de 7,7 % en volume. Le commerce de gros de biens intermédiaires a confirmé la bonne tenue de 1997, avec une progression de 1997, avec une progression de 5 % en volume. Cette progression est parallèle à celle de la construction et de la production manufacturière qu'il approvisionne en matériaux. Les ventes en gros de combustibles et carburants augmentent de 4,1 % en volume, mais baissent en valeur de 2,4 %, par suite de la chute du cours mondial des produits pétroliers.

Le commerce de gros en produits alimentaires est en hausse de 4,9 % en volume. Cette activité est stimulée par les opérations de commerce extérieur, marquées cette année par une progression des importations. Parmi les produits frais, les ventes en gros de viande et de produits de la pêche se raffermissent malgré une baisse des cours. Les grossistes en vins profitent de l'augmentation des exportations de vins de qualité.

Les ventes du commerce de gros de produits agricoles ont progressé en volume (+ 52 %) après une forte hausse en 1997. Elles ont reculé en valeur (- 3,1 %) les prix ayant diminué. Pourtant, les livraisons des producteurs de céréales aux grossistes collecteurs ont encore progressé de 9 % en volume. Mais les ventes des grossistes en céréales et aliments du bétail ont crû plus modérément en volume (+ 6 %), avec des prix en baisse.

ÉVOLUTION DE L'ACTIVITÉ DANS LE COMMERCE DE GROS
(ventes de marchandises hors taxes en volume)

TYPE DE PRODUIT

Évolution des ventes de marchandises HT en volume (en %)

 

1994

1995

1996

1997

1998

Produits agricoles bruts

- 6,3

- 0,7

4,3

7,3

5,2

Produits alimentaires

4,5

1,9

- 5,0

1,6

4,9

Biens de consommation non alimentaires

2,6

2,9

- 1,5

4,5

7,5

Biens intermédiaires non agricoles

7,8

- 1,5

2,1

3,6

4,9

Biens d'équipement professionnel

6,5

10,4

6,8

10,9

16,7

Ensemble du commerce de gros

3,8

2,7

0,8

5,3

7,8

Source : INSEE - Comptes du commerce

UNE PROGRESSION DES emplois dans le commerce

Au terme d'une année exceptionnelle, l'emploi salarié dans le commerce s'est accru de 52.800 personnes, soit une augmentation de 2,1 % entre fin 1997 et fin 1998. L'augmentation de l'emploi dans ce secteur est continue depuis 1993, mais le rythme est nettement plus fort. L'emploi salarié du commerce a retrouvé en 1998 son niveau de 1990.

De plus, la progression est élevée dans chacune des trois branches composant le commerce. Dans le commerce de gros, après deux années de stabilité, l'emploi progresse de 2,4 % (+ 21.000 emplois). Le commerce et la réparation automobile comptent 5.000 emplois supplémentaires, soit une hausse de 1,3 %, qui compense une perte en 1997. Enfin, dans le commerce de détail, la progression est de 2,1 % (+ 27.000 emplois), du même ordre qu'en 1997.

Il faut cependant noter que les années passées, cette progression de l'emploi salarié est allée de pair avec une diminution de l'emploi non salarié, qui représentait plus d'un cinquième de l'emploi de ce secteur fin 1997. Le temps partiel continue à s'étendre et concerne un salarié sur trois dans le commerce de détail, un peu plus encore dans les grandes surfaces alimentaires.

Un PHÉNOMÈNE de concentration des entreprises de distribution qui se poursuit

La recomposition du paysage de la grande distribution se poursuit sous l'effet d'opérations de rachats/fusions de grande envergure.

La recomposition du paysage commercial français des surfaces alimentaires s'est brusquement accélérée au cours de ces dernières années.

L'ouverture d'hypermarchés étant aujourd'hui limitée par les règles d'urbanisme commercial, les entreprises du secteur assurent, en effet, leur croissance à travers des opérations de rachat.

Ainsi, le 28 août 1998, Carrefour a pris le contrôle du groupe Comptoirs Modernes, dont il possédait déjà 22,8 % du capital et avec lequel il avait depuis longtemps des relations de partenariat. Cette absorption permet désormais à Carrefour d'être présent dans les secteurs des hypermarchés, supermarchés et des supérettes et de renforcer ses moyens dans la compétition internationale. Carrefour comptait fin 1998, 351 hypermarchés intégrés (dont 117 en France et 235 hors du pays d'origine) et 16 franchisés, ainsi que 548 supermarchés.).

A la suite de la tentative d'O.P.A. de Promodès, Casino s'est aussitôt attaché à conforter son indépendance en poursuivant sa croissance externe au niveau national. Après le rachat du Franprix-Leader Price, Casino a pris le contrôle du distributeur Mariault, présent dans l'Ouest, avec les enseignes Spar, Vival et Coccinelle.

Enfin la fusion de Carrefour et de Promodès intervenue au cours de l'été devrait permettre la création du numéro deux mondial de la distribution. Le nouveau groupe issu de cette fusion détiendrait, en particulier, sur le sol national, près de 33 % de la superficie des grandes surfaces. Votre rapporteur pour avis se félicite de la rapidité de cette opération, qui permet à ces opérateurs de préserver leur indépendance à l'égards des grandes entreprises internationales du secteur.

Dans le secteur non-alimentaire, les opérations de fusions/rachats ont été jusqu'à maintenant moins nombreuses.

On peut toutefois relever qu'en octobre 1998, le distributeur britannique Kingfisher, qui possède le groupe Darty, a annoncé qu'il complétait sa participation dans le groupe But. A l'issue de l'O.P.A., Kingfisher détenait 97,2 % du capital de la société. En juin 1999, après une offre publique de retrait, le groupe Kingfisher est devenu le seul actionnaire de But. Suite à l'accord conclu fin 1998, Kingfisher pourrait avoir la possibilité de lancer d'ici deux ans une OPA sur Castorama qui a intégré la filiale B&Q.

Une tendance au regroupement des centrales d'achats

Les grands distributeurs réordonnent également leurs achats, d'une part, au niveau national, par la création de centrales d'achats intégrées et d'alliances entre distributeurs, d'autre part, au niveau européen, par le développement des centrales européennes.

Dans le secteur de la distribution alimentaire Casino et Cora ont annoncé en avril 1999 la création d'Opéra, une nouvelle centrale d'achats qui regroupe l'ensemble des achats alimentaires et non-alimentaires des deux sociétés, mais qui n'implique pas de liens capitalistiques ou d'enseigne entre les groupes. Cette augmentation des volumes d'achats englobe au total un réseau de 180 hypermarchés, 1.355 supermarchés et plus de 3.200 magasins de proximité ainsi que les affiliés des deux groupes.

Après l'OPE sur les Comptoirs modernes, Carrefour a souhaité accélérer, dès cette année, l'intégration de Comptoirs Modernes, qui étaient déjà partenaires dans le domaine des achats, via la centrale Cometca et dans Carrefour Marchandises International (CMI), en fondant en une seule entité les centrales des deux groupes. Désormais, la structure Carrefour Marchandise France (CMF) a en charge les négociations tarifaires concernant les achats alimentaires et les marques propres.

L'accord d'alliance passé entre E. Leclerc et Système U en juillet 1998 vise également à un rapprochement de leurs centrales d'achats au sein d'une entité unique, " l'Union des coopérateurs indépendants européens " (Lucie). Les domaines d'activités concernés seront, dans un premier temps, la négociation commerciale et le référencement des grands fournisseurs, les produits premiers prix, les importations et la recherche de fournisseurs. Le chiffre d'affaires cumulé des deux groupes atteint environ 195 milliards de francs, correspondant à une part de marché cumulée de 21,1 % dans l'alimentaire.

A la fin de l'année 1997, l'acquisition de Prisunic par Monoprix avait également provoqué le regroupement des achats sur les deux sites de la centrale d'achat de Monoprix, Monoprix SA, à Paris, pour les produits alimentaires et à Clichy pour les produits non alimentaires. Déjà adossé à la centrale d'achat de Casino, le nouveau Groupe Monoprix est devenu la première enseigne de centre-ville avec un chiffre d'affaires de 20,59 milliards de francs en 1998.

Promodès paraît, quant à lui, miser sur la montée en puissance de ses centrales d'achat internationales. Outre sa filiale d'achats pour les produits alimentaires (CAP) et sa centrale PWT, installée à Genève, le groupe a crée, avec GIB à Bruxelles, la centrale d'achat Cabat. L'objectif du groupe étant de mettre à profit des synergies en matière d'achats et de logistique pour améliorer ses marges et de développer une politique de marques propres au niveau européen.

Dans le secteur de la distribution non-alimentaire, le processus de globalisation des achats y est, de manière générale, plus prononcé.

Le secteur du bricolage est notamment concerné par le rapprochement des centrales d'achats au niveau européen. De l'actualité la plus récente, on peut retenir que les groupes Domaxel (France), Menouquin (Belgique), Scanigros (Danemark), Cifec (Espagne) et Jernia (Norvège) ont passé, en avril 1999, des accords logistiques et financiers " pour une mise en commun des potentiels d'achats " au sein de la centrale Hardware Alliance.

Un mouvement de concentration qui modifie l'équilibre des relations commerciales

Les opérations de concentration observées cette année contribuent à accroître le pouvoir de la grande distribution face à leurs fournisseurs.

Les différents sondages montrent que cette situation est vécue avec appréhension par les PME, qui constituent 95 % des fournisseurs des grandes et moyennes surfaces. Ces PME craignent que la concentration croissante des entreprises de distribution comme des producteurs ne favorise les grands groupes. On peut déjà constater que les groupes sont déjà très largement représentés dans la distribution. S'ils ne représentent que 5 % des fournisseurs, les groupes fournissent 46 % des produits et 60 % des références. Cette situation explique que les PME ne représentent que 15 % de parts de marché dans l'approvisionnement des grandes et moyennes surfaces.

Dans ce contexte, la concentration des grands groupes de la distribution devrait encore accroître leurs capacités à négocier de fortes remises sur les produits des PME.

Des stratégies d'internationalisation des distributeurs français

La conquête de nouvelles parts de marché et la recherche d'effets de taille ont conduit les distributeurs français à accroître leur implantation à l'étranger.

Auchan s'est associé avec le groupe Ifil, propriétaire de La Rinascente, premier groupe de distribution en Italie, avec 25 hypermarchés Citta Mercato et 148 supermarchés SMA. Le groupe réalise 20 % de son chiffre d'affaires à l'étranger.

A l'international, Carrefour est en phase d'expansion continue, en particulier sur des marchés émergents qui ont un potentiel de développement. Le groupe entend " tirer " à la hausse les ventes de ses supermarchés en Espagne, via l'acquisition de Comptoirs modernes.

En Allemagne, Intermarché s'est allié à Spar Handels, filiale du groupement qui détient 75 % de la holding Intercontessa.

Au cours des deux ou trois dernières années, le groupe Promodès a également multiplié les rachats : en Espagne avec la société espagnole Simago, au Portugal avec l'acquisition de Minipreço ou encore en Belgique avec la prise de participation de 27,5 % dans le capital de GB.

Ces rachats d'entreprises à l'étranger ainsi que les investissements directs des distributeurs français hors du territoire national constituent un atout tant pour les distributeurs que pour leurs fournisseurs. Il faut, en effet, se féliciter de la façon dont l'internationalisation de la grande distribution participe aussi au développement des exportations de nos PME en leur assurant un circuit de distribution sur les marchés étrangers.

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