2. Une formation insuffisante et inadaptée

Les rapports Badinter et Lyon-Caen déploraient la place insuffisante accordée au droit comparé au sein des études de droit , aucun enseignement n'étant prévu à titre obligatoire en premier cycle et seules quelques universités proposant des maîtrises assorties de la mention « droit comparé » (Paris I et II, X, Lyon III, Strasbourg, Nancy II et son centre européen universitaire). De même le nombre de DEA proposés reste faible et peu de thèses sont soutenues en droit comparé.

De plus, la part des étudiants en droit bénéficiant de programmes européens tels Erasmus ou Socrates qui, sans proposer spécifiquement l'étude du droit comparé, encouragent la mobilité et la découverte de systèmes juridiques européens, reste marginale (0,6% en 1998).

La plupart des étudiants juristes français obtiennent donc leur diplôme sans avoir jamais véritablement eu de contact avec la matière.

En outre, il est difficile susciter des vocations pour l'enseignement et la recherche, les jeunes comparatistes rencontrant souvent des difficultés pour la diffusion de leurs travaux et se trouvant soumis à des conditions de travail insatisfaisantes dans le cas où ils ne peuvent intégrer une équipe de recherche spécialisée.

Ainsi, la qualité des enseignants et chercheurs implique un investissement plus lourd du fait de la mobilité indispensable à leur propre formation, or les échanges de professeurs ou de doctorants restent difficiles, compte tenu des restrictions budgétaires imposées aux universités.

Il est ainsi tout à fait regrettable de constater que le nombre d'étrangers effectuant leur doctorat en France ne cesse de diminuer., et que des Etats comme les Pays-Bas accueillent désormais plus de doctorants que la France, sans parler des Etats-Unis, du Royaume-Uni ou de l'Allemagne qui en comptent dix fois en ce qui concerne les études de droit que la France. Le ministère des Affaires étrangères n'accorde ainsi que 100 bourses par an pour doctorants contre 2.000 il y a quelques années.

Par ailleurs, ces mêmes rapports soulignaient que la préparation à la recherche ne constitue plus la seule raison d'être de la formation à dispenser et que les besoins des praticiens devaient désormais être directement pris en compte.

De nouveaux métiers apparaissent, celui de praticien comparatiste , qui consiste à apporter en matière de droits étrangers les réponses concrètes et rapides dont les décideurs ont besoin (en étant au fait de la recherche documentaire et capable de présenter l'indispensable interprétation des textes), ainsi que celui de juriste documentaliste.

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