B. LES SUJETS D'INQUIÉTUDE

1. Une sous-estimation du problème de la « fuite des cerveaux »

La « circulation des cerveaux », pour reprendre l'expression du précédent ministre de la recherche Roger-Gérard Schwartzenberg, est un phénomène enrichissant pour tous ceux qui y participent.

Il est bon que nos jeunes chercheurs effectuent des stages post-doctoraux dans les pays étrangers scientifiquement les plus avancés, à condition que nous accueillions, de notre côté, un nombre équivalent de jeunes chercheurs de même qualité.

Le pourcentage de docteurs français émigrés restant définitivement à l'étranger ne serait « que » de 7 %. Cette estimation, cependant, est relativement ancienne et sujette à caution.

Elle doit être, d'autre part, complétée par une appréciation qualitative : quel est le potentiel des personnes concernées (s'agit-il des meilleurs de nos scientifiques) ? A quelles découvertes et à la création de combien d'emplois ont-ils contribué à l'étranger ?

Selon une étude de juillet 2000 de l'ambassade de France aux Etats-Unis, 5.500 à 6.000 Français exercent dans la Silicon Valley des professions « intellectuellement supérieures », leur nombre ayant augmenté de 30 % dans le domaine des TIC de 1997 à 2000.

Il importe, dans la mesure du possible, d'offrir en France aux jeunes docteurs, français et étrangers, un environnement aussi attractif que celui qu'il vont chercher dans d'autres pays (rémunérations nettes, responsabilités et perspectives de carrières, contacts avec les entreprises, moyens de financement).

Pour parer à l « expatriation » de nos élites, il faut une politique non seulement d' « impatriation » de scientifiques étrangers de haut niveau (à l'instar de ce que font les Etats-Unis), mais aussi de « repatriation » des chercheurs émigrés que nous avons formés, dont 60% souhaiteraient, semble-t-il, revenir en France le plus tôt possible.

Les ouvertures de portails Internet (Antares, « jeunes chercheurs » 21 ( * ) ) ou les initiatives de la génopole d'Evry, de l'INSERM et de l'INRIA, sont utiles mais insuffisantes dans la mesure où la majorité des post-docs ne pourront pas trouver un emploi dans le secteur public .

Il faut saluer, à cet égard, les actions orientées vers les embauches par les entreprises privées, comme celles de l'ambassade de France aux Etats-Unis (« Forum Etats-Unis »), de certaines écoles doctorales, ou encore du CEA et de l'association Bernard Grégory 22 ( * ) qui, ensemble, viennent de lancer le projet Amédée (accès au marché de l'emploi des jeunes docteurs à l'échelle européenne), avec le soutien du ministère de la recherche.

* 21 Respectivement par les ministères chargés de l'enseignement supérieur (recrutement de maître de conférences) et de la recherche.

* 22 Créée en 1980, l'association tend à promouvoir la formation par la recherche et à faciliter l'insertion professionnelle des jeunes chercheurs.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page