4. La consolidation de la professionnalisation : une nécessité structurelle

Une armée professionnelle moderne a besoin de compétences très diverses, qui comprennent, notamment, des spécialités très techniques consécutives à la sophistication croissante des matériels.

A la base, elle doit être en mesure de recruter des militaires du rang motivés et disponibles . Cela suppose une solde convenable -des efforts appréciables ont été faits à cet égard- mais aussi un environnement motivant , qu'il s'agisse des possibilités d'entraînement ou d'échelons de soutien efficaces sur le théâtre d'opérations, services de santé ou unités de récupération.

En tout état de cause, la France, contrairement à l'Angleterre, mise, à juste titre, sur des engagements longs et sur le fait qu'elle est capable d'offrir à tous ceux qui le veulent, une formation professionnelle et des perspectives d'insertion sociale de qualité. Cette politique donne aux états-majors l'espoir d'un taux de renouvellement des contrats très favorable de près de 80 %.

En ce qui concerne les spécialistes, atomiciens, électroniciens, médecins ou techniciens de la santé également, l'armée est en concurrence avec le secteur privé. La technique du fonds de consolidation mise en place dans le cadre du prochain projet de loi de programmation, devrait donner à nos armées la souplesse de rémunération nécessaire pour fidéliser les techniciens que l'on souhaite garder et attirer ceux dont on manque .

5. Faire évoluer les méthodes de gestion

Dans un contexte international incertain, la Nation va se donner comme objectif de consacrer plus d'argent à sa défense. Elle est en droit de vouloir « en avoir pour son argent », c'est-à-dire d'attendre des militaires l'utilisation de méthodes de gestion de plus en plus efficaces.

Votre rapporteur spécial ne saurait, dans cette perspective, que se féliciter de la mise en place de structures intégrées de maintien en condition opérationnelle des matériels.

C'est ce qui a été fait avec la SIMMAD, qui a la charge de l'entretien des matériels aériens des trois armées mais aussi du service de soutien de la flotte dont les conditions d'activité sont toutefois plus difficiles.

On réfléchit actuellement à la mise en place d'une structure équivalente pour l'armée de terre : on pourrait ainsi assister à la réorganisation de la DCMAT et du SCMAT pour constituer une structure interarmées pour la maintenance du matériel de l'armée de terre.

Une autre voie à explorer est celle de l'externalisation. Celle-ci existe déjà pour certains matériels tels les aéronefs de la gamme civile. Votre rapporteur spécial a certaines raisons de penser que, dès lors que cela ne remet pas en cause les capacités des personnels des armées à effectuer des dépannages sur le terrain, certaines opérations de maintenance pourraient être sous-traitées dès lors qu'il existe des matériels similaires dans le secteur privé.

Votre rapporteur spécial estime, d'une façon générale, que l'externalisation est aussi une voie à explorer pour contourner la complexité du code des marchés publics s'agissant de la fourniture de pièces de rechange.

Enfin, il convient, dans la perspective de la mise en oeuvre de la nouvelle loi organique sur la loi de finances du 1 er août 2001 de mettre au point des critères permettant d'apprécier les résultats et la productivité des moyens employés.

A cet égard, votre rapporteur spécial espère que la mise en oeuvre de la « LOLF » va se traduite par une clarification entre missions et moyens militaires : tant les multiples tâches de sécurité civile -que l'armée est souvent incapable de chiffrer- que l'assimilation de la gendarmerie aux autres armes peut prêter à confusion sur le contenu du budget des armées dans la mesure où ses missions presque intégralement civiles.

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Avec le présent budget, le moral des armées est en hausse . Mais ce retournement encore fragile , doit être conforté et s'inscrire dans la durée. Tout fléchissement, tout retour massif aux pratiques antérieures de gels de crédits ou de décalage systématique entre budget voté et budget exécuté, pourraient remettre en cause ce nouveau souffle.

Votre rapporteur spécial souhaite donc que le gouvernement fasse preuve de constance comme de cohérence, qu'il ne déçoive pas tous ceux qui, au sein de notre armée, espèrent qu'elle n'en sera plus réduite à la portion congrue et se protège ainsi d'un effet « boomerang » qui le priverait du fruit de ses efforts.

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