B. CONSOLIDER L'ARMÉE PROFESSIONNELLE

La consolidation de l'armée professionnelle est un des objectifs majeurs de la loi de programmation pour les années 2003-2008. Il s'agit à la fois de conforter le caractère entièrement professionnel des effectifs en garantissant un recrutement satisfaisant en qualité et en quantité, mais également de faire en sorte que ces personnels soient mieux entraînés et plus actifs grâce à des crédits de fonctionnement réévalués et qu'ils disposent de matériels mieux entretenus et donc plus disponibles.

1. Des effectifs ajustés et fidélisés

A la différence de la précédente loi de programmation militaire qui avait pour objectif la professionnalisation des forces armées, le présent projet de loi vise à ajuster les effectifs de l'armée professionnelle aux besoins et à favoriser le recrutement et la fidélisation grâce à la mise en place d'un « Fonds de consolidation de la professionnalisation ». Il permettra également de relancer la constitution d'une véritable réserve opérationnelle.

a) La confirmation et l'ajustement des effectifs

L'article 3 du projet de loi de programmation militaire fixe l'évolution générale des effectifs civils et militaires du ministère de la défense pour les années 2003-2008, hors comptes de commerce. Ils comprennent en revanche les effectifs « prévus » et non « créés », selon la rédaction retenue par l'Assemblée nationale, au titre de la loi n°2002-1094 du 29 août 2002 de programmation et d'orientation pour la sécurité intérieure.

Evolution prévisionnelle des effectifs 2003-2008

Année

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Effectifs

437 069

437 896

440 719

443 242

445 748

446 653

Au regard de la loi de programmation précédente, il s'agit plus d'un ajustement que d'un bouleversement. En effet, par rapport à la loi de finances initiale pour 2002, les effectifs augmenteront de 10 432 postes , soit un accroissement de 2,2 %. L'essentiel des créations s'effectuera au profit de la gendarmerie nationale (7 000 créations de postes militaires prévues d'ici 2007) pour les missions de sécurité intérieure.

Hors gendarmerie, les effectifs du ministère de la défense ne progresseront que de 0,6 %. Cet ajustement permettra principalement de répondre aux besoins de l'armée de terre, du service de santé des armées et des services de renseignement.

Le projet de loi de programmation prévoit par ailleurs la stabilisation des effectifs civils à un niveau comparable à celui atteint en 2002, la création d'environ 750 postes étant envisagée à partir de 2005 au profit de l'armée de terre, 175 postes étant parallèlement supprimés dans les services communs.

Evolution prévisionnelle des effectifs des forces armées entre 2003 et 2008

 

2003

2008

Armée de terre

167 554

168 569

Marine

54 433

54 683

Armée de l'air

69 667

70 067

Gendarmerie

99 334

106 427

Autres

46 081

46 773

TOTAL

437 069

446 653

- Le renforcement des effectifs dédiés à la sécurité intérieure : 8 300 postes prévus pour la gendarmerie nationale .

De 2002 à 2008 , les effectifs de la gendarmerie progresseront de près de 8 300 postes (+ 8,4%).

Outre 1293 postes (dont 1 189 de volontaires) créés en  « rattrapage » de la programmation précédente, 7 000 emplois militaires devraient être créés dans la gendarmerie d'ici 2007 dans le cadre de la loi de programmation et d'orientation pour la sécurité intérieure (LOPSI), selon le calendrier suivant :


 

2003

2004

2005

2006

2007

Effectifs créés / an

1 200

1 200

1 400

1600

1 600

Ces 7 000 emplois nouveaux conduiront à la création de 214 postes d'officiers, 1 913 postes de gradés et 4 873 postes de gendarmes.

Fonctionnellement, ces postes devraient se décomposer sur cinq ans de la manière suivante :


Sécurité de proximité : 4 800 emplois (mise à niveau des effectifs en fonction de l'augmentation de la population et de la délinquance : 1 300 ; zones sensibles : 1 000 ; aéroports, tunnels : 170 ; formations aériennes, nautiques et fluviales : 230 ; formation continue : 230 ; effectifs budgétaires en formation initiale : 900) ;


Lutte contre la délinquance : 400 (création de 18 brigades de recherche dans les départements prioritaires ou sensibles et les DOM : 72 ; création de 32 autres brigades de recherche : 128 ; renforcement des unités de recherche et d'investigation : 200) ;


Lutte contre l'insécurité routière : 700 (création de pelotons autoroutiers en raison de nouvelles concessions : 211 ; création de brigades motorisées autoroutières en raison d'extensions de voies expresses : 281 ; création de 9 brigades routières d'intervention : 27 ; renforcement des unités motorisées : 181) ;


Lutte contre le terrorisme : 300 (réorganisation et renforcement de la gendarmerie des transports aériens : 150 ; renforcement des unités anti-terroristes : 150) ;


Rétablissement des soutiens : 800 (renforcement des écoles : 300 ; mise à niveau des structures de soutien : 420 ; participation à des organismes militaires et civils : 80).

Les effectifs budgétaires de gendarmes-adjoints, recrutés sur la base du volontariat, seront maintenus à leur niveau actuel (16 000).

- Mieux répondre aux besoins opérationnels de l'armée de terre.

L'armée de terre est l'armée la plus concernée par les déploiements de longue durée en dehors de nos frontières. De ce fait, ses personnels, et plus particulièrement les militaires du rang, sont appelés à partir fréquemment en opérations extérieures dans le cadre des relèves tournantes, parfois jusqu'à quatre mois par an. Cette situation a mis en lumière un besoin d'ajustement des effectifs, le volume de militaires disponible étant obéré par le déficit des effectifs de volontaires (VDAT) et la nécessité de suppléer les vacances de postes de personnels civils.

Ce besoin a été pris en compte par le projet de loi. Au cours de la période 2003-2008, l'armée de terre devrait bénéficier de la création de 2 500 postes d'engagés volontaires (EVAT), dont 2 000 seront gagés par la suppression de quelques 3 000 postes de VDAT non pourvus.

Votre rapporteur a souligné depuis deux ans, à l'occasion de l'examen des crédits des forces terrestres, le caractère trop ambitieux de la cible initialement définie pour les volontaires, qui entraîne un fort déficit préjudiciable au fonctionnement des unités. Il se réjouit donc que conformément aux souhaits formulés par notre commission, un nombre significatif de postes volontaires soient transformés en postes d'engagés, même si un ratio de 1,5 suppression pour une création a été appliqué, afin d'assurer la neutralité budgétaire de la mesure. Cette décision permettra un renforcement concret des effectifs de militaires du rang , notamment dans les spécialités les plus sollicitées.

Les créations de postes porteront en premier lieu sur l' infanterie débarquée , qui prend une part croissante et prépondérante dans les engagements opérationnels et se trouve de ce fait fortement sollicitée, avec un très fort rythme d'activité et un taux de rotation élevé de ses personnels. L'objectif est de réaliser la création d'une quatrième section par unité élémentaire de combat (quaternarisation) pour la totalité des régiments d'infanterie.

Le deuxième axe prioritaire est le renforcement de la contribution de l'armée de terre aux forces spéciales . La création d'une brigade de forces spéciales traduira cette orientation qui concerne aussi bien les effectifs que les capacités de projection, notamment aéromobiles, et le renforcement de certains moyens de renseignement spécialisés de guerre électronique, de recherche humaine et d'interception satellitaire.

Un troisième axe concerne les moyens de défense nucléaire, radiologique, biologique et chimique , en vue de faire face à ces menaces particulières, notamment terroristes, sur le territoire national et en opération extérieure. Il s'agira de mettre sur pied une structure de commandement du niveau bataillon et une compagnie de décontamination que les structures actuelles ne permettent pas d'armer.

En outre, certains ajustements seront nécessaires au profit des états-majors opérationnels, des organismes interarmées et des états-majors internationaux.

- Le renforcement des effectifs du service de santé des armées

Le service de santé des armées est l'un des chaînons essentiels de la projection de forces. Il est systématiquement présent durant toute la durée de l'opération. C'est pourquoi, il est, à l'instar de l'armée de terre, particulièrement affecté dans son fonctionnement quotidien par la multiplication et l'allongement des opérations extérieures, alors même qu'il souffre de déficits de personnels.

Le projet de loi de programmation prévoit donc d'importantes créations de postes : 220 postes d'officiers-médecins entre 2003 et 2008 et 350 postes de militaires infirmiers et techniciens des hôpitaux des armées (MITHA) en 2003 et 2004. Ces recrutements viendront s'ajouter à la réalisation des postes vacants en 2002 : 359 médecins et 253 MITHA. La concrétisation de ces effectifs devrait permettre de faire face aux besoins de projection, à la tendance des médecins à quitter plus tôt le service de santé des armées et enfin à accroître le taux d'encadrement des lits afin de se conformer aux normes civiles d'accréditation du service public hospitalier.

Ici encore, cette orientation répond à une attente régulièrement exprimée par votre commission, qui s'est inquiétée de la dégradation rapide de le situation du service de santé au cours de la professionnalisation.

- Le renforcement des capacités de renseignement

Enfin, une centaine de postes devrait être consacrée au renforcement des capacités de renseignement afin d'assurer une meilleure capacité d'anticipation et d'interprétation dans le domaine du recueil et de l'exploitation de renseignements, tant humains que techniques. La répartition de ces créations de postes entre services n'est pas pour l'instant précisée.

Votre rapporteur se félicite de la poursuite de l'accroissement des effectifs des services de renseignement tout en observant qu'elle s' effectuera à un rythme moins soutenu que lors de la précédente loi de programmation, alors que les besoins demeurent importants , en particulier pour l'exploitation des nouvelles capacités de recueil du renseignement. Au delà des effectifs budgétaires se pose en outre la question de leur réalisation, qui impliquerait, aux yeux de votre rapporteur, un effort accru en terme d'attractivité et de gestion des carrières des personnels, tant civils que militaires.

b) Les mesures de fidélisation

Afin de conforter le format de l'armée professionnelle le projet de loi de programmation prévoit la création d'un « Fonds de consolidation de la professionnalisation » doté de 572,58 millions d'euros (valeur 2003) sur la durée de la loi de programmation. Il s'agit d'un concept novateur, car il regroupe des mesures ciblées ou provisoires devant assurer la réactivité de la politique de ressources humaines du ministère de la défense. Il est destiné à financer les mesures favorisant le recrutement, la fidélisation et la reconversion des personnels militaires.

L'échéancier des crédits attribués à ce Fonds est le suivant :

(en millions d'euros 2003)

 

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Total

Total des mesures*

18,93

45,93

71,93

115,93

146,93

172,93

572,58

* dont 7,93 millions d'euros imputés chaque année au titre V.

- Le soutien à l'effort de recrutement : les mesures d'attractivité

Du fait de la professionnalisation des armées et de la nécessité d'avoir sous les drapeaux des personnels suffisamment jeunes et donc recrutés sur la base de contrats courts, le ministère de la défense est devenu le premier recruteur national, avec près de 30 000 postes proposés chaque année, dont 27 500 postes militaires. Cet objectif sera d'autant plus facilement atteint que les militaires recrutés seront fidélisés et ne seront pas tentés d'interrompre avant terme leur contrat ou de ne pas le renouveler en raison de la concurrence du secteur privé.

Besoins annuels moyens de recrutement du ministère de la défense (2003-2008)

Officiers

1 000

Sous-officiers

4 500

Engagés

13 000

Volontaires

9 000

Total par an

27 500

166 millions d'euros seront consacrés aux aides au recrutement. Le Fonds contribuera au financement des actions de communication et permettra la mise en place de primes d'engagements modulables en fonction du type d'engagement, des qualifications et de l'emploi à pourvoir. En effet, confrontée à la concurrence sur le marché du travail, les armées doivent pouvoir attirer les spécialistes recherchés dont elles ont besoin et réaliser les effectifs prévus sur les postes peu qualifiés qui peuvent subir des désaffections passagères ou durables. Une liste des spécialités ouvrant droit à cette prime spécifique sera ainsi établie et actualisée régulièrement.

- Les mesures de fidélisation

Les mesures de fidélisation du personnel représenteront plus de la moitié des crédits dévolus au Fonds, soit 382,6 millions d'euros environ sur la durée de la loi.

Elles auront pour objectif, d'une part, de valoriser les potentiels et les responsabilités exercées, et, d'autre part, d'accompagner la mobilité.

La valorisation des potentiels et des responsabilités conduira à l'adoption de dispositifs financiers permanents et temporaires. Il s'agit de reconnaître les responsabilités exercées aussi bien en terme technique que d'encadrement. Il s'agit également de faire face à la concurrence sur le marché du travail en attribuant des indemnités modulables et réversibles pour conserver les personnels détenteurs de « spécialités critiques ».

En outre, la mobilité professionnelle et géographique constituant une des caractéristiques fortes des métiers militaires, il est apparu nécessaire de revoir les dispositifs d'accompagnement qui sont aujourd'hui inadaptés, notamment les modalités de prise en charge des déménagements occasionnés par les mutations ou les déplacements induits par les actions de formation. Par ailleurs, 7,93 millions d'euros inscrits au titre V seront chaque année spécifiquement attribués à des programmes de construction de logements à loyer modéré en région parisienne, afin de faciliter le logement de militaires du rang dont les revenus sont parfois incompatibles avec les exigences des bailleurs.

- Les mesures d'accompagnement de la reconversion

Au titre de l'accompagnement de la reconversion, le Fonds assurera le financement de congés complémentaires de reconversion, la délivrance de formation et surtout un effort particulier à destination des militaires en fin de contrat, titulaires de spécialités purement militaires sans équivalents dans le secteur civil. Cette politique active de reconversion apparaît comme la condition de la réussite du recrutement et de la fidélisation. 24 millions d'euros en moyenne devraient être consacrés sur la durée de la loi à la politique de reconversion, en plus du dispositif existant.

Enfin, le projet de loi prévoit la prolongation de trois dispositifs d'aide à la reconversion :

- la possibilité pour les sous-officiers des grades de major et adjudant-chef, ou d'un grade équivalent, et des officiers ayant accompli au moins dix ans de service d'être intégrés dans les cadres A ou B de la fonction publique d'Etat ou de la fonction publique territoriale (article 3 de la loi n° 70-2 du 2 janvier 1970) ;

- la possibilité pour les officiers de quitter le service avec la jouissance d'une pension de retraite calculée sur la base du grade immédiatement supérieur (article 5 et 6 de la loi n° 75-1000 du 30 octobre 1975) ;

- la possibilité pour les officiers des grades de colonel ou de général, ou d'un grade équivalent, s'ils se trouvent à plus de deux ans de la limite d'âge de leur grade, de bénéficier d'un congé spécial de cinq ans (article 7 de la loi n°75-1000).

Bilan des mesures d'aide au départ

(loi 70-2 et articles 5,6 et 7 de la loi 75-1000) entre 1997 et 2002


Type de départ

1997-2002

Loi 70-2

2 037

Article 5

3 638

Article 6

375

Article 7

215

Total

6 265

c) Mettre en place une réserve opérationnelle à la hauteur des besoins des armées

A la suite de la professionnalisation des armées et de la suspension de la conscription, les effectifs de la réserve ont été réduits et ses principes d'emploi modifiés. L'objectif n'est plus de disposer d'une réserve de masse dans le cadre d'une mobilisation générale visant à résister à une attaque massive contre notre territoire, mais d'une réserve peu nombreuse, bien entraînée, qualifiée et disponible pour renforcer continûment et ponctuellement les forces soit en opérations extérieures soit sur le territoire national.

Les effectifs de la réserve opérationnelle sont définies dans le cadre du modèle d'armée 2015 à hauteur de 100 000 hommes dont : 50 000 pour la gendarmerie, 28 000 pour l'armée de terre, 6 500 pour la marine, 8 000 pour l'armée de l'air, 7 000 pour le service de santé et 500 pour le service des essences.

Cependant, face aux difficultés de recrutement et à la priorité accordée par les armées, dans la période récente, à la réalisation de la professionnalisation et à la réussite des opérations de projection, un objectif intérimaire a été défini pour 2008 . Cet objectif maintient les objectifs des armées mais décale la réalisation de celui de la gendarmerie, en retenant 32 000 hommes pour 2008 et 50 000 pour 2015. Les effectifs totaux de la réserve en 2008 devraient être de 82 000 hommes .

Afin de permettre aux armées de réaliser les effectifs de réservistes, la loi de programmation met en place des mesures d'attractivité spécifiques à la réserve à hauteur de 85,83 millions d'euros sur six ans.

L'échelonnement est le suivant :

(en M€ 2003)


 

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Total

Attractivité de la réserve

10,27

11,91

14,76

15,38

16,35

17,16

85,83

Les deux mesures principales envisagées sont la création d'une prime d'incitation à l'engagement pour les militaires du rang d'un montant de 1 500 euros, soit un montant significatif pour un public jeune, et le financement d'un dispositif de formation militaire initiale rémunérée de 5 à 20 jours pour les réservistes directement issus du secteur civil. Cette formation facilitera leur intégration dans les forces.

Il faut signaler qu'aucun crédit supplémentaire n'a été inscrit au titre des réserves dans la loi de finances pour 2003, le ministre de la défense ayant indiqué qu'il lui paraissait préférable d'évaluer préalablement le type de mesures susceptibles de contribuer le mieux à l'objectif recherché, avant de mettre en place les financements.

2. Des personnels mieux entraînés

Consolider l'armée professionnelle, c'est également disposer de forces bien entraînées et disposant des moyens financiers à cet effet. L'objectif est donc au cours de la prochaine loi de programmation de stabiliser le niveau des crédits de fonctionnement et d'améliorer quantitativement et qualitativement le niveau d'entraînement des forces.

a) Des crédits de fonctionnement préservés

Durant la précédente loi de programmation pour les années 1997-2002, l'objectif fixé était la réduction de 20 % des crédits de fonctionnement sur la durée de loi pour financer le coût prévisible de la professionnalisation et tenir compte de la réduction des effectifs. Cependant, les éléments nouveaux (application des 35 h, mesures de revalorisation pour l'ensemble de la fonction publique et créations de postes) se sont cumulés et ont conduit à un accroissement plus rapide que prévu des rémunérations au sein du titre III au détriment du fonctionnement courant et de l'activité des forces. Pour en tenir compte, des mesures de rebasage du titre III et d'accroissement des crédits d'entraînement ont été décidées en 2000 puis 2001 et reconduites en 2002.

Tenant compte de ces enseignements, le projet de loi de programmation pour 2003-2008 donne pour objectif aux armées de disposer d'un budget de fonctionnement , hors entretien programmé des matériels (EPM), correspondant à 20 % du titre III en 2008. Rappelons que la part des crédits de fonctionnement dans le titre III s'élevait en 2002 à 19,2 %. Pour 2003, elle est en légère augmentation à 19,5 %.

b) Des objectifs relevés d'entraînement des forces

Au cours de la précédente loi de programmation, l'entraînement des forces a pu apparaître comme l'une des variables d'ajustement, le nombre de jours sur le terrain ou d'heures des pilotes étant très en dessous des objectifs affichés. Ainsi en 1999 et 2000, l'armée de terre n'a pu s'entraîner que 68 jours au lieu de 100 et la marine a effectué 10 % de jours de mer de moins que souhaité. Plus encore que ces objectifs quantitatifs, le contenu qualitatif de ces entraînements a diminué (participation à des entraînements multinationaux, tir de munitions...).

Améliorer l'entraînement des forces est l'un des objectifs majeurs du présent projet de loi de programmation. Il fixe donc dans le rapport annexé des objectifs précis quantitatifs et qualitatifs d'activité, alors qu'ils n'étaient pas mentionnés dans la loi de programmation précédente. Ces indicateurs doivent permettre de vérifier l'état de préparation des forces.

Les indicateurs retenus sont les plus signifiants tant en terme financiers, qu'en terme d'emploi en comparaison avec les autres armées occidentales professionnelles. Ainsi, la norme d'entraînement des pilotes d'hélicoptères est fixée à 180 heures dans l'armée de terre, 200 heures dans l'armée de l'air et 220 heures dans la marine en raison des missions spécifiques de sauvetage dans l'armée de l'air et des contraintes d'appontage dans la marine.

Normes annuelles d'entraînement retenues par la loi de programmation comparées à celles de nos principaux partenaires

 

France

Etats-Unis

Royaume-Uni

Allemagne

Italie

Terre

Jours sur le terrain avec moyens organiques

sans moyens organiques

Total

Heures de vol par pilote d'hélicoptères



50
50
100

180



130

130

150



74
54
124



40
20
60

 

Air (par équipage)

Heures de vol par pilote de chasse
par pilote de transport
par pilote d'hélicoptères



180
400
200



190/200
400
200



200
> 300 8( * )



150
> 150
> 150



200
> 180
> 180

Mer

Jours de mer

Heures de vol par pilote de chasse
par pilote Patmar
par pilote d'hélicoptères


100


180
350
220


140


250
> 400


150





90





70


92
300
100

En outre, le contenu qualitatif à atteindre en 2008 a été renforcé dans trois domaines :

- le développement des savoir-faire spécifiques (exercices en coopération à l'étranger),

- l'entraînement systématique au tir pour se rapprocher des conditions réelles de combat,

- et le développement de l'entraînement interarmées ou interallié, notamment au niveau des états-majors de niveaux stratégique ou opératif.

Quantitativement, les objectifs fixés reprennent les objectifs déjà retenus, mais non réalisés, depuis plusieurs années :


 

Principaux indicateurs retenus pour caractériser l'activité

Niveau annuel sur la période 2003-2008

Terre

Nombre annuel de jours d'activité pour les 100 000 hommes projetables du modèle (dont jours avec matériels organiques)

100 jours (50)

Nombre annuel d'heures de vol par pilote d'hélicoptère

180 heures

Marine

Nombre annuel de jours à la mer pour l'ensemble des bâtiments (dont ceux de haute mer)

100 jours (110)

Nombre annuel d'heures de vol par pilote de chasse (appontage de nuit)

180 heures (220)

Nombre annuel d'heures de vol par pilote d'hélicoptère

220 heures

Nombre annuel d'heures de vol par équipage de patrouille maritime

350 heures

Air

Nombre annuel d'heures de vol par pilote de chasse

180 heures

Nombre annuel d'heures de vol par pilote de transport

400 heures

Nombre annuel d'heures de vol par pilote d'hélicoptère

200 heures

Gendarmerie

Entraînement et formation collective

15 jours pour la gendarmerie départementale

35 jours pour la gendarmerie mobile

SEA

Entraînement

30 jours

Les objectifs qualitatifs sont les suivants :

- En matière de savoir-faire spécifiques :


 

Principaux indicateurs

Normes annuelles à atteindre d'ici 2008

Terre

Evaluation opérationnelle des postes de commandement (PC) corps d'armée (1), division (4) et brigade (11)

Un par poste de commandement de chaque niveau

Exercice d'évaluation tactique des unités élémentaires

Un par unité élémentaire

Marine

Fréquence des stages de remise en condition opérationnelle (RECO)

Un par bâtiment (tous les deux ans)

Maintien de la capacité opérationnelle dans des domaines spécifiques

13 exercices dont 4 « amphibie »,
3 « guerre des mines » et 2 sorties du groupe aéronaval

Air

Entraînement aérien des pilotes de combat. 2 campagnes d'un mois par escadron

2 campagnes d'un mois par escadron

Entraînement à la projection des structures de commandement et des forces

1 exercice majeur

- Entraînement au tir :


 

Principaux indicateurs

Normes annuelles à atteindre
d'ici 2008

Terre

Exercice d'évaluation des unités élémentaires d'infanterie et de chars au tir réel

Un pour chacune des unités élémentaires

Marine

Campagne de tir (missile et/ou torpille)

1 par unité de combat et par flottille

Air/Marine

Entraînement des pilotes de combat au tir de missiles réels et de munitions guidées laser

2 munitions guidées laser et 3 missiles réels par pilote
(sur l'ensemble de ses affectations en escadron ou flottille de combat)

- Exercices interarmées et interalliés :

 

Principaux indicateurs

Normes annuelles à atteindre d'ici 2008

Terre

Nombre d'exercices interarmées et interalliés

16 exercices répartis entre les niveaux corps d'armée, division et brigade

Marine

Nombre d'exercices interarmées et interalliés

1 exercice OTAN majeur

1 exercice européen majeur (tous les 2 ans) - 5 exercices interarmées

Air

Nombre d'exercices interarmées et interalliés

1 exercice international majeur par pilote (tous les deux ans, pour l'aviation de combat et l'aviation de transport)

3. Des équipements plus disponibles

a) La disponibilité des matériels érigée au rang de priorité

Consolider l'armée professionnelle, c'est enfin faire en sorte que les militaires disposent des matériels les plus modernes et que ces matériels soient réellement disponibles. En effet, les volontaires à l'engagement seront d'autant plus nombreux que l'activité des unités sera attrayante et qu'ils pourront servir des matériels en état de marche. Les récents rapports du Sénat 9( * ) et de l'Assemblée nationale 10( * ) sur la disponibilité des matériels ont montré combien l'indisponibilité des hélicoptères ou des chars influait sur le moral des unités et sur la disponibilité des personnels à renouveler leur engagement.

Par ailleurs, la dégradation des matériels a atteint véritablement la « cote d'alerte » et la restauration des capacités constituera la priorité des six prochaines années. Le Président de la République a souligné l'importance de cet objectif lors de sa visite sur la base aérienne de Creil le 30 septembre 2002, relevant « la frustration profonde des militaires de tous rangs devant la dégradation de leurs capacités opérationnelles » et le caractère « insupportable » de l'indisponibilité des matériels.

b) Le relèvement des crédits d'entretien programmé des matériels (EPM)

Le projet de loi de programmation militaire prévoit donc une hausse très sensible des moyens financiers consacrés à l'entretien programmé des matériels (EPM). Au cours de la période, l'annuité moyenne d'EPM sera de 2 379 millions d'euros 2003 , hors maintien en condition opérationnelle inclus dans les programmes (+ 8 % par rapport à 2001).

Cette enveloppe devra permettre de rétablir le stock de pièces de rechanges au niveau nécessaire, de faire face au vieillissement des parcs avant modernisation et de tenir compte de l'usure prématurée liée aux opérations extérieures.

Il s'agira également de mieux utiliser les financements alloués à l'entretien programmé des matériels en poursuivant la réforme des structures d'entretien des matériels afin de les rendre plus réactives et de renforcer l'approche interarmées. Outre la structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la défense (SIMMAD) et le service de soutien de la flotte (SSF), le projet de loi mentionne la structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT) dont la mise en place ne semble pas aujourd'hui totalement acquise, une évaluation de l'intérêt de cette formule étant en cours.

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