ARTICLE 9

Dispense du dépôt de déclaration et du paiement des droits pour les successions de faible importance

Commentaire : le présent article vise à dispenser du dépôt d'une déclaration de succession et du paiement des droits les héritiers en ligne directe et le conjoint survivant lorsque l'actif brut successoral est inférieur à 10.000 euros et les autres héritiers lorsque l'actif brut successoral est inférieur à 3.000 euros.

I. LE DROIT EXISTANT


Sur 538.000 décès chaque année, seuls 360.000 donnent lieu à dépôt d'une déclaration de succession et 150.000 à 180.000 au paiement de droits. Les héritiers des successions les plus modestes omettent souvent de déclarer une succession de toute façon non imposable.

Pourtant, l'article 800 du code général des impôts impose le dépôt d'une déclaration de succession quel qu'en soit le montant, « sur une formule imprimée fournie gratuitement par l'administration ». La déclaration doit être établie en double exemplaire lorsque l'actif brut successoral atteint 760 euros.

Les instructions de l'administration fiscale prévoient une tolérance dans les cas où il n'existe aucun bien dans la succession et, pour les héritiers en ligne directe ou le conjoint survivant, lorsque l'actif brut successoral est inférieur à 1.500 euros.

Il y a donc un écart entre les exigences de l'article 800 du code général des impôts, la tolérance administrative et la pratique des héritiers qui prennent en compte, pour juger de l'opportunité d'une déclaration de succession qui leur paraît une formalité supplémentaire contraignante dans un moment par nature difficile, celui du décès d'un proche, les abattements dont ils sont susceptibles de bénéficier. Cet écart est source d'insécurité juridique pour les contribuables, qui, ne déposant pas leur déclaration de succession, prennent le risque d'une vérification fiscale alors qu'ils sont, par le jeu des abattements, non imposables.

Les abattements sur successions

(en euros)

Époux

76.000

Partenaires à un PACS

57.000

Enfants

46.000

Frères et soeurs, parents éloignés ou non-parents

1.500

Handicapés physiques

46.000

II. LE DISPOSITIF PROPOSÉ

Le dispositif proposé est un dispositif de simplification administrative.

Il dispense de déclaration de succession les héritiers en ligne directe et le conjoint survivant du défunt lorsque l'actif brut successoral est inférieur à 10.000 euros. Les autres héritiers seraient dispensés de déclaration lorsque l'actif brut successoral est inférieur à 3.000 euros.

En conséquence, ces contribuables seraient évidemment exonérés de droits de mutation.

Le dispositif devrait entrer en vigueur pour les successions ouvertes à compter du 1 er janvier 2004.

La mesure a un coût de 2 millions d'euros : certains contribuables ayant effectué des donations afin de réduire leur actif brut successoral et qui auraient dû, dans certains cas (donations tardives par exemple), réintégrer celles-ci dans la base imposable de la succession, seront désormais mécaniquement exonérés, car dispensés de déclaration, en-dessous de 1.500 ou 3.000 euros, selon leur situation.

III. LA POSITION DE VOTRE COMMISSION DES FINANCES

22.000 successions seront directement concernées par le dispositif. Pour celles-ci, la simplification était indéniablement utile.

Si cette disposition, comme celle introduisant une réduction de 50 % des droits sur les donations jusqu'au 30 juin 2005, prévue à l'article 7 du présent projet de loi de finances, et celle relative à la réforme du barème de l'usufruit prévue à l'article 8 du même projet, est assurément positive, aucune

réforme d'ensemble de la fiscalité du patrimoine, et donc en l'occurrence des droits de mutation, n'est prévue dans le présent projet de loi de finances pour 2004.

Devant le Sénat, au cours de la séance publique du 25 novembre 2002, le ministre délégué au budget et à la réforme budgétaire, M. Alain Lambert, indiquait « qu'il n'était absolument pas dans ses intentions d'éluder l'importante question de la fiscalité du patrimoine, qui est un des éléments clés de l'attractivité du territoire français. C'est en effet le rempart idéal pour éviter les délocalisations qui menacent et pénalisent l'emploi sur notre territoire ». Il précisait : « s'agissant de la fiscalité du patrimoine, j'ai décidé d'engager, dès le premier trimestre de 2003, un travail d'ensemble très approfondi - auquel je convie par avance votre commission des finances - afin que nous soyons prêts pour la prochaine loi de finances ».

Pour des raisons budgétaires compréhensibles, le gouvernement n'a pas été en mesure de proposer cette réflexion d'ensemble pour 2004. Votre rapporteur général prend donc date pour 2005 afin que soient menées les réformes nécessaires pour mieux favoriser les transmissions de patrimoine entre générations dont, au premier chef, les transmissions du patrimoine économique et du pouvoir de décision en gestion qui lui est attaché.

Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter cet article sans modification.

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