b) Des mécanismes de défense automatiques

En fonction des niveaux de fréquence atteints, les postes source du réseau de distribution français coupent une partie plus ou moins importante de la consommation. Cinq échelons sont ainsi identifiés, correspondant chacun à 20 % de la consommation totale française.

Source : RTE

Dans ce cadre, le plan de délestage français tient compte de la situation particulière de consommateurs prioritaires pour lesquels une rupture de l'alimentation en électricité présenterait des conséquences graves.

Le système français de délestage

En application de l'arrêté du 5 juillet 1990, fixant les consignes générales de délestages sur les réseaux électriques, modifié le 4 janvier 2005, lorsque des délestages sont nécessaires, la satisfaction des besoins essentiels de la nation doit être assurée par le maintien d'un service prioritaire, compte tenu des obligations résultant des accords entre réseaux.

Ce service prioritaire doit permettre le maintien de l'alimentation en énergie électrique d'usagers identifiés dans chaque département et appartenant aux catégories suivantes :

- hôpitaux, cliniques et laboratoires qui ne sauraient souffrir d'interruption dans leur fonctionnement sans mettre en danger des vies humaines ainsi que les établissements dont la cessation ou la réduction brutale d'activité comporterait des dangers graves pour les personnes ;

- installations de signalisation et d'éclairage de la voie publique jugées indispensables à la sécurité ;

- installations industrielles qui ne sauraient souffrir, sans subir de dommages, d'interruption dans leur fonctionnement, particulièrement celles d'entre elles qui intéressent la défense nationale.

A cet effet, les préfets, sur proposition des directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement, dressent dans chaque département une liste d'usagers prioritaires. En outre, les préfets peuvent également établir, en tant que de besoin, des listes supplémentaires d'usagers qui, en raison de leur situation particulière, peuvent bénéficier, dans la limite des disponibilités, d'une certaine priorité par rapport aux autres usagers, notamment en cas d'urgence.

Enfin, des listes d'usagers susceptibles de bénéficier d'une priorité de réalimentation seront établies et préciseront les besoins minimaux en puissance et en échéance de réalimentation de ces usagers.

Avec la modification de cet arrêté intervenue en janvier 2005, ces listes devront désormais être mises à jour tous les deux ans et lorsque des délestages seront mis en oeuvre, si le distributeur dispose d'une puissance disponible, il devra désormais en informer le préfet qui lui indiquera l'ordre de priorité des usagers à réalimenter.

La France a donc fait l'expérience de la mise en oeuvre de ce plan de délestage automatique le 4 novembre dernier, puisque environ 12 % de la consommation française -pour une puissance d'un peu plus de 6.400 MW- a été coupée automatiquement pour préserver l'équilibre du réseau électrique et rétablir progressivement le niveau de la fréquence. Ces coupures ont été réparties sur tout le territoire continental, chaque département ayant été touché .

En effet, la fréquence a chuté à une valeur très proche de 49 hertz, sans descendre suffisamment pour être détectée par tous les postes sources du réseau de distribution. En conséquence, seulement 80 % de ces postes ont enregistré la baisse de fréquence et provoqué un délestage partiel du premier échelon, correspondant à 16,3 % de la puissance totale du réseau public de distribution qui était de 37.500 MW à 22h10. Au total, 5.685.000 foyers français ont été privés d'électricité . A ce niveau de délestage, aucun usager prioritaire protégé par les dispositions de l'arrêté du 5 juillet 1990 n'a donc été touché.

À l'échelle de la zone ouest de l'Europe, le volume total des délestages s'est élevé à 18.290 MW, répartis de manière inégale selon les pays concernés , comme le montre la carte reproduite ci-dessous. Il convient néanmoins de préciser que ce chiffre prend en compte les interruptions d'alimentation des stations de transfert d'énergie par pompage (STEP), pour une puissance de 1.566 MW.

Les ouvrages dits de stations de transfert d'énergie par pompage se présentent sous la forme d'une retenue d'eau située en altitude, reliée à un bassin inférieur situé au niveau de l'usine hydroélectrique. L'eau stockée en altitude sert à faire tourner les turbines aux heures de forte consommation, permettant de produire de l'électricité en période de pointe, et est ensuite récupérée dans les bassins situés en aval. Aux heures de moindre consommation, cette eau est ensuite pompée vers le bassin supérieur en utilisant l'électricité des centrales nucléaires.

Ainsi les interruptions des consommateurs particuliers européens ont-elles représenté une puissance de 16.724 MW , privant d'électricité plus de 15 millions de ménages européens.

Source : RTE et UCTE

Cette carte démontre que le système de solidarité entre les différents pays européens interconnectés a bien fonctionné dans son ensemble mais elle montre également que certains pays ont moins joué le jeu que d'autres . Alors que les coupures ont représenté 12 % de la consommation française ou 19 % de la consommation portugaise, elles se sont élevées à 3 % de la consommation néerlandaise ou à seulement 0,1 % de la consommation suisse.

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