b) ...et chez certains consommateurs...

Les consommateurs les moins responsables ou dont les besoins sont les plus urgents ont pour objectif immédiat d'optimiser le rapport entre le montant du crédit obtenu et les mensualités de remboursement, sans accorder une attention suffisante à la durée de remboursement . Le moins qu'on puisse dire est que les publicités et les pratiques des établissements de crédit ne les dissuadent pas d'adopter une telle approche.

Pour augmenter leurs encours de crédit renouvelable, les établissements spécialisés , au tournant des années 2000, ont modifié leur stratégie en visant moins l'augmentation de la production de nouveaux crédits que la diminution de l'amortissement des crédits en cours . En 2000, pour 1 000 euros empruntés, la mensualité était généralement de 50 euros par mois. Puis un premier établissement a eu l'idée de ramener cette mensualité à 40 euros avec tel un succès commercial qu'aujourd'hui, les établissements de crédit en sont arrivés à pratiquer des mensualités de 30 euros pour 1 .000 euros empruntés. Les durées d'amortissement s'en sont trouvées très fortement augmentées .

Facteur aggravant, de 2003 à 2005, l'Euribor ( voir supra ) était stabilisé autour de 2 %, niveau historiquement bas, mais, à partir de 2005, les taux ont augmenté si bien que les durées d'amortissement se sont sensiblement accrues 45 ( * ) . Par ailleurs, les assurances, quoique facultatives, sont assez généralement contractées et leur souscription est sans incidence sur le montant des mensualités proposées dont la composante en capital amorti est diminuée d'autant, ce qui allonge encore la durée.

Ainsi, en 2000 , pour un prêt de 1.000 euros remboursé au rythme mensuel de 50 euros à un TEG d'environ 19 % et avec un taux d'assurance de 0,5 % mensuel, la durée d'amortissement était de 26 mois et le coût du crédit (cumul des intérêts payés) de 279 euros ; en 2009 , pour un même prêt de 1 000 euros remboursé au rythme mensuel de 30 euros à un TEG de 21,4 % et avec un taux d'assurance de 0,6 % mensuel, la durée totale d'amortissement est passée à 62 mois et le coût à 835 euros ; avec une « échéance Jocker » par an, qui permet de « sauter » une mensualité, par exemple au moment des congés, pratique de plus en plus courante et parfois imposée à l'emprunteur sauf manifestation de volonté contraire, la durée précitée est portée à 79 mois et le coût du crédit atteint presque le montant du capital emprunté ...

Cet allongement démesuré des durées d'amortissement est doublement néfaste : non seulement il porte un préjudice évident aux consommateurs , mais il abouti aussi à un résultat macroéconomique inverse de celui attendu du crédit . En effet, les emprunteurs concernés sont condamnés à payer trop longtemps des intérêts, ce qui obère à moyen terme leur capacité de consommer, même si les encours concernés sont encore trop faibles pour être susceptibles de peser significativement sur la croissance 46 ( * ) .

* 45 Les taux des crédits renouvelables sont des taux variables liés à l'évolution des taux interbancaires.

* 46 En admettant que tous les intérêts versés correspondent à un pouvoir d'achat stérilisé (c'est-à-dire qu'ils ne s'accompagnent pas d'un amortissement du capital reconstituant le pouvoir d'achat des ménages concernés), les 32,7 milliards d'encours (supra) ne peuvent guère donner lieu à une perception globale d'intérêts, compte tenu d'un taux moyen inférieur à 20 %, supérieure à 6 milliards, soit environ 0,3 % du PIB. La réalité se situe forcément en deçà.

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