b) L'émergence de nouveaux concurrents

Cette ouverture au marché mondial expose les producteurs européens à des concurrents performants et qui ont procédé à la transformation de leur agriculture pour l'orienter vers les marchés internationaux.

Ainsi, à côté des États-Unis et du Canada, gros exportateurs de produits agricoles avec respectivement 113,5 milliards de dollars et 48,7 milliards 12 ( * ) , le Brésil, qui exporte pour 48,2 milliards ou l'Argentine, avec 28,8 milliards, sont partis à la conquête des marchés internationaux.

Exportateurs nets, ils ont développé une infrastructure de production compétitive dans les filières végétales comme animales, comme avait pu le constater la commission des Affaires économiques lors de son déplacement au Brésil en 2007 13 ( * ) . Par ailleurs, certains pays ont spécialisé des productions vers l'exportation, comme la Nouvelle-Zélande avec le lait, collecté à 92 % par une seule coopérative, qui a une stratégie de prix très compétitifs et qui, malgré une production modeste (17 millions de tonnes), représente 40 % des échanges mondiaux physiques.

Inde et Chine sont des puissances agricoles en devenir, mais confrontées au défi de l'alimentation de leur propre population, leur poids sur les marchés internationaux reste encore modeste, même si la Chine exporte pour près de 39 milliards de dollars par an de produits alimentaires.

Cette stratégie de conquêtes de marchés fragilise les producteurs européens, d'autant que ces nouveaux concurrents bénéficient de contraintes sociales et environnementales plus faibles. Les règles européennes, si elles constituent une protection pour l'environnement et pour le consommateur européen, pénalisent ainsi la compétitivité des producteurs de l'Union au niveau mondial.

UNE AGRICULTURE AMÉRICAINE FORTEMENT SUBVENTIONNÉE ET EXPORTATRICE

Avec 2,2 millions d'exploitations d'une taille moyenne de 165 hectares, l'agriculture américaine occupe 2 % des actifs et contribue pour seulement 1,5 % au PIB.

Elle n'en reste pas moins un secteur jugé stratégique et bénéficiant de substantielles subventions : 5 milliards de dollars par an de paiements directs, 1 milliards d'aides contra-cycliques et aides compensatoires, 6,5 milliards de subventions aux assurances.

Ces montants sont inférieurs à ceux de l'aide apportée à l'agriculture européenne. Mais le tableau serait incomplet sans prendre en considération deux mécanismes n'existant pas en Europe à un tel niveau. Le premier mécanisme est le soutien aux agro-carburants qui s'élève à 7 milliards de dollars par an. Le second est constitué par l'aide alimentaire, dont le budget global s'élève en 2010 à 94 milliards de dollars, et qui bénéficie indirectement à l'agriculture du pays à travers les achats de produits alimentaires par les organismes fédéraux ou locaux.

Le secteur agricole est l'un des rares qui contribue positivement au commerce extérieur américain avec un niveau moyen d'excédent commercial de 13 milliards de dollars, et une diplomatie commerciale assez agressive vis à vis des marchés extérieurs, comme l'ont montré les nombreux conflits auxquels les États-Unis sont partie à l'OMC.

* 12 Chiffres tirés du rapport annuel de l'OMC 2008.

* 13 Brésil, le géant vert, rapport d'information n° 189 (2007-2008).

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