b) Les chocs exogènes impactant l'évolution de l'offre et de la demande

Les facteurs fondamentaux de l'offre et de la demande, évoqués plus haut, sont combinés à des chocs exogènes , également responsables de cette instabilité inhérente aux marchés agricoles.

Sur la demande , les facteurs à l'origine de ces chocs sont de plusieurs ordres aujourd'hui.

En premier lieu, l'augmentation continue et rapide des revenus dans les économies émergentes a de fortes répercussions sur la demande globale. Le marché s'est internationalisé et l'arrivée de nouveaux consommateurs tire la demande.

En second lieu, l'explosion de l'utilisation de biocarburants a également amplifié la progression de la demande de produits agricoles.

La mission première de l'agriculture a toujours été de nourrir la planète. Cette mission - qui demeure centrale - est aujourd'hui concurrencée par l'utilisation énergétique des produits agricoles, les biocarburants provenant de la biomasse permettant de se substituer en partie aux énergies fossiles. Le développement de cette utilisation a été favorisée par l'augmentation du coût de l'énergie fossile - notamment du pétrole - , les conséquences sur le climat (rappelons que les émissions de CO 2 liées à la combustion d'énergies fossiles ont atteint un niveau record en 2010, en hausse de 5 % par rapport à 2008, avec 30,6 gigatonnes de rejets de gaz carboniques selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie), les menaces sur la sécurité d'approvisionnement et la surproduction agricole dans les années 2000.

En mars 2007, l'Union européenne s'est fixée comme objectif pour 2020 que les biocarburants devraient atteindre 10 % de la consommation totale d'essence, avec pour objectif de diminuer à la fois les émissions de CO 2 et la dépendance énergétique et soutenant ainsi le revenu des agriculteurs. Alors qu'en 2006, au sein de l'Union européenne, 2,8 millions d'hectares de jachères (soit 3 % de la surface agricole totale) avaient été convertis aux cultures énergétiques (ces superficies représentant 6 millions de tonnes d'agrocarburants), le taux d'incorporation de 5,75 % fixé par Bruxelles pour 2010 aurait nécessité de consacrer 13 millions d'hectares aux cultures énergétiques. En 2008, seuls 3 millions d'hectares au sein de l'Union européenne y étaient consacrés selon l'Institut national de recherche agronomique (INRA).

Ce phénomène a eu pour conséquences de lier une part des produits agricoles au prix de l'énergie.

UNE CROISSANCE RAPIDE DES BIOCARBURANTS

La demande de biocombustibles destinés au secteur des biocarburants croît aujourd'hui plus rapidement que la demande de produits agricoles liés à l'alimentation.

Par le biais de cette forte demande, un nouveau lien se crée entre les prix des produits agricoles et le prix du pétrole.

Deux familles de biocarburants sont développées en France :

- le biodiesel et le diester d'huile végétale, issus du colza et du tournesol et incorporés au gazole ;

- le bioéthanol, alcool issu de betteraves à sucre ou de graines de céréales et incorporé à l'essence.

Des recherches sont menées sur les biocarburants de 2 ème génération, d'origine ligno-cellulosique (bois, feuilles, paille).

La production mondiale de bioéthanol a triplé entre 2000 et 2008 pour atteindre 60 milliards de litres, et celle de biodiesel est passée de 1 à 11 milliards de litres sur la même période.

L'Union européenne a produit 13,238 millions de tonnes de biocarburants en 2008.

L'exemple de l'utilisation du maïs aux États-Unis est révélateur : elle est passée de 36 millions de tonnes en 2005 à 111 millions en 2010, en raison de son utilisation pour la production de bioéthanol.

Sous ce double effet aujourd'hui, la croissance de la demande semble plus rapide que celle de l'offre, ce qui entraîne une hausse tendancielle des prix.

Du côté de l'offre , sa croissance peut être limitée par le coût et la disponibilité d'intrants essentiels , la disponibilité en eau et en terres , la main d'oeuvre et surtout le changement climatique.

En résumé, à court terme, l'offre et la demande de produits agricoles sont peu élastiques. En outre, des chocs de l'offre (liés aux conditions climatiques par exemple) sur une demande au contraire rigide (se nourrir est en effet un besoin vital) entraînent donc des variations de prix de grande amplitude.

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