B. UNE QUESTION ENFIN AU CoeUR DES DISCUSSIONS INTERNATIONALES : UN PREMIER G20 « AGRICOLE »

1. Une instabilité au coeur des défis que l'agriculture devra relever pour l'avenir

La période récente a montré que les conséquences de l'instabilité des marchés agricoles, qui s'emballe de plus en plus, étaient préoccupantes et pouvaient même avoir des répercussions dramatiques.

Les marchés de produits agricoles ne sont pas des marchés comme les autres étant donné la dimension vitale de leur fonction première, nourrir la planète. Une volatilité excessive appliquée aux prix des produits de ces marchés soulève quatre défis :

- un défi économique : des fluctuations excessives des prix génèrent de l'incertitude et le manque de transparence des matières premières en général et des produits agricoles en particulier accentue ce phénomène ;

- le défi de la libéralisation des marchés, qui a fortement changé, au cours de la période récente, le contexte institutionnel, le retrait de l'intervention publique s'étant principalement traduit par la diminution des stocks, qui connaissent donc aujourd'hui des niveaux historiquement bas (les réformes successives de la PAC, évoquées plus haut, sont allées dans le sens d'une telle libéralisation) ; or, cette volatilité excessive fait aujourd'hui apparaître que les outils de la PAC doivent évoluer de manière à rechercher une plus grande stabilité des marchés, sans pour autant revenir à une vision administrée de cette politique commune ;

- le défi de la financiarisation des marchés : le développement des marchés financiers de matières premières repose aujourd'hui la question de leur nécessaire régulation ;

- le défi de la sécurité alimentaire : comme le souligne le récent rapport du Conseil économique, social et environnemental sur l'avenir de la PAC, « le rôle nourricier de l'agriculture est primordial » ; une stratégie agricole définie au niveau mondial doit donc avoir pour objectif de renforcer les liens entre alimentation et santé publique et de mieux prévenir les risques sanitaires.

2. Les perspectives : un renforcement de la volatilité ?

Les marchés des produits agricoles ont connu une chute brutale des prix à partir de juillet 2008, puis une remontée à partir de 2010 à des niveaux proches de 2008.

En janvier 2011, Olivier de Schutter, rapporteur pour le droit à l'alimentation à l'ONU, avait commenté la publication le dernier indice des prix agricoles de la FAO pour le mois de décembre 2010 de cette manière : « Nous vivons le début d'une crise similaire à celle de 2008 ». En effet, en décembre 2010, cet indice venait de dépasser le pic de 2007-2008, avec une progression de +23 % en 2010 et beaucoup plus pour certains produits, comme le sucre ou les huiles.

Quelles sont les perspectives ?

Dans un rapport commun, l'OCDE et la FAO 10 ( * ) considèrent que les prix réels et nominaux des produits agricoles baisseront par rapport aux niveaux record atteints au début de 2008 mais qu'ils resteront plus élevés pendant les dix prochaines années que pendant la décennie précédente.

Toujours selon ce rapport, certains éléments comme la demande de biocarburants et le prix élevé du pétrole devraient entraîner un maintien des prix à un niveau tout de même élevé.

De la même manière, la conjugaison de la demande croissante provenant d'Asie et des pays émergents, de la croissance démographique importante (nous serons 9 milliards en 2050 selon les projections les plus crédibles) et des besoins croissants en agro-carburants laissent entrevoir une accentuation de la variabilité des prix sur les marchés agricoles.

Du côté de l'offre, en outre, l'instabilité devrait s'accroître toujours davantage en raison de l'intensification des aléas climatiques à venir.

Tous ces éléments indiquent que le phénomène de la volatilité des prix agricoles est amené à s'amplifier encore et encore au cours des dix prochaines années.


* 10 Rapport Perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO : 2008-2017 (OCDE - FAO, 2008).

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