2. La domination de l'emploi précaire
a) Les contrats atypiques, voie d'entrée principale des jeunes sur le marché du travail

Alors que la signature d'un contrat de travail à durée indéterminée (CDI) est devenue indispensable pour réaliser les nombreux actes qui marquent la prise d'autonomie des jeunes par rapport à leur entourage familial et leur entrée dans l'âge adulte, comme la location d'un logement ou l'obtention d'un prêt bancaire, il est de plus en plus rare pour les nouveaux actifs d'en bénéficier dès la fin de leurs études. Au contraire, l'insertion des nouveaux entrants sur le marché du travail français est marquée par une succession de formes précaires d'emploi : contrats à durée déterminée (CDD), intérim, stages.

En 2011, selon l'OCDE, les différentes formes de travail temporaire représentaient en France 55 % de l'emploi total des 15-24 ans , contre 52,2 % en 2001 et 40,6 % en moyenne dans l'UE. La situation s'est dégradée depuis dix ans malgré l'augmentation constatée du niveau de qualification des jeunes. Concernant le travail à temps partiel, la performance française peut au premier abord sembler satisfaisante : il représente 22,4 % de l'emploi des 15-24 ans alors que la moyenne européenne est de 29,8 %. Toutefois, la part du temps partiel involontaire dans l'emploi à temps partiel est de 45,2 %, contre 28 % dans l'UE : près d'un jeune sur deux en temps partiel subit une situation de sous-emploi qu'il n'a pas désirée .

Par comparaison, l'emploi temporaire ne représentait que 11 % de l'emploi total des 25-64 ans en France en 2011 tandis que la part du temps subi était, pour cette population, de 30,8 %.

Emploi à temps partiel et temps partiel involontaire
chez les 15-24 ans en 2011

(en %)

Part du temps partiel dans l'emploi

Part du temps partiel involontaire dans l'emploi à temps partiel

France

22,4

45,2

Allemagne

21,4

15,7

Espagne

32,7

51

Royaume-Uni

38,8

27,7

Pays-Bas

75,2

7,2

Union européenne

29,8

28

Source : Eurostat

De plus, ces types d'emplois sont les plus affectés par les fluctuations de la conjoncture économique : ils constituent la principale variable d'ajustement sur laquelle les employeurs jouent en cas de baisse d'activité. Cela explique donc également pourquoi les jeunes, qui sont surreprésentés parmi leurs titulaires, sont plus exposés que le reste de la population au chômage, ce qui augmente leur fragilité économique et sociale. Certes, la succession de contrats temporaires peut être l'occasion pour le jeune salarié d'acquérir des compétences et une expérience professionnelle, mais elle comporte surtout le risque d'un enfermement voire d'une stigmatisation dont la sortie se fera par le chômage et non par un emploi stable.

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