D. LES GROUPES TERRORISTES

Les groupes armés terroristes au Mali sont estimés au total à moins de 1 000 hommes, d'après les appréciations de l'état-major des armées. Ils ne sont plus capables, depuis le succès de l'opération Serval, de mener des actions d'envergure . Toutefois, quelques attaques sporadiques, le plus souvent sous forme d'engins explosifs improvisés, continuent de frapper régulièrement les forces françaises et internationales et d'occasionner des dégâts matériels importants mais des pertes humaines relativement faibles.

La situation sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne n'a pas connu d'évolution majeure depuis la fin de l'opération Serval, en dépit des deux attaques terroristes qui ont frappé la capitale malienne en octobre puis novembre 2015. L'action combinée des forces du G5 Sahel, de la MINUSMA et de la force Barkhane permet de contenir la menace que font peser les groupes armés terroristes sur cette zone immense.

E. LES GROUPES « SIGNATAIRES »

Les autres groupes armés présents au Mali, dits « groupes armés signataires », ont signé les accords de paix d'Alger en juin 2015 et sont engagés dans la mise en oeuvre de ces accords. Ils se répartissent entre la « Plateforme » (groupes pro-Bamako) et la « Coordination » (groupes pro-Azawad). Le dialogue intercommunautaire lancé en marge du processus d'Alger contribue de manière significative, dans la lignée des accords d'Anéfis, à apaiser les tensions entre ces groupes, grâce au règlement de plusieurs différends tribaux.

F. UN PROCESSUS DE PAIX QUI NE PROGRESSE PAS ASSEZ RAPIDEMENT

Après les affrontements qui ont opposé Bamako aux groupes rebelles touaregs et qui ont mené au coup d'Etat qui a renversé le président Amadou Toumani Touré en mars 2012, les autorités algériennes, assistées d'une équipe de médiation comprenant notamment les Nations Unies, l'Union européenne et la France, se sont imposées comme médiateur. À partir de l'été 2014, elles sont ainsi parvenues à faire faire participer à la négociation les principaux acteurs du conflit : le gouvernement de Bamako, la Plateforme et la Coordination. Les accords d'Alger ont été signés par l'ensemble des parties le 20 juin 2015 à Bamako .

Ce texte prévoit notamment une vaste refondation de l'armée malienne afin de la rendre apte à se redéployer sur l'ensemble du territoire pour lutter contre le terrorisme, l'intégration des anciens combattants des groupes rebelles dans les forces étatiques et de sécurité maliennes, ainsi qu'un approfondissement de la décentralisation. Sur le plan sécuritaire, la mise en oeuvre de l'accord intermalien est certes relativement lente, mais tend à se concrétiser :

- une première patrouille mixte (FAMa, Plateforme et CMA) a eu lieu le 10 novembre 2015, partant de Gao en direction de la frontière algérienne. Une deuxième patrouille de ce type est en cours d'organisation ;

- en ce qui concerne le cantonnement, le processus de fusion des forces progresse également, en dépit de difficultés liées à la définition du nombre de sites. Un total de 24 sites de cantonnement devraient être mis en place, la MINUSMA ayant à ce jour évalué 11 de ces sites et engagé des travaux sur trois d'entre eux.

En revanche, la mise en oeuvre de l'accord d'Alger accuse un certain retard sur le plan politique . En particulier, les mesures prévues en matière de décentralisation peinent à se traduire dans le droit interne malien. La représentation des populations du Nord au sein des institutions nationales doit également progresser.

L'ensemble des parties continuent cependant à se rencontrer et à dialoguer régulièrement dans le cadre des instances de mise en oeuvre de l'accord : comité de suivi, sous-comités thématiques (questions politiques et institutionnelles ; défense et sécurité ; réconciliation, justice et questions humanitaires ; développement) et commission technique de sécurité, qui se réunissent tous les mois. Les parties signataires et les représentants de la communauté internationale, dont la France, siègent dans ces structures.

Par ailleurs, une conférence sur l'accompagnement de l'accord en termes de développement s'est tenue à l'OCDE le 22 octobre 2015. À cette occasion, 3,2 milliards d'euros ont été annoncés par les bailleurs du Mali pour les années 2015-2017, dont 605 millions d'euros pour les trois régions du Nord. Le président de la République François Hollande a annoncé une enveloppe de plus de 360 millions d'euros, dont près de 80 millions d'euros pour le Nord . Cet effort en faveur du développement est essentiel pour assurer la stabilité à long terme du Mali. En effet, l'enracinement du terrorisme dans les conditions économiques et sociales du Mali et des autres pays de la bande sahélo-saharienne est profond et n'est en rien affecté par les opérations militaires menées par les forces françaises ou internationales. Dans un contexte d'explosion démographique et d'agriculture insuffisamment productive et menacée par le réchauffement climatique, une partie des très nombreux jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail choisit de rejoindre les groupes armés qui font vivre leurs membres grâce à divers trafics (armes, drogue, otages, etc.). Dans ce contexte, le rôle du développement économique et de l'aide que les pays avancés peuvent apporter aux pays du Sahel est essentiel.

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