D. UNE OPPOSITION MAJEURE ET PÉRENNE DE NOS CONCITOYENS

Dès que les premières orientations libérales de la loi « Travail » ont été rendues publiques par la presse, un fort mouvement de protestation est né, qui ne s'est pas cantonné aux organisations politiques ou syndicales. Dès l'origine, plusieurs enquêtes d'opinion ont révélé une opposition de la majorité des Français à ce texte : 67 % à la fin du mois de février puis 70 % au début du mois de mars 16 ( * ) .

C'est à partir de cette date que s'est développée une contestation nationale , à l'appel des syndicats et des organisations de jeunesse. Rassemblant chaque semaine plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues, les opposants au texte démontrent qu'ils ont le soutien de tous ceux qui auront à subir les conséquences de cette loi - étudiants , salariés précaires , demandeurs d'emploi - tandis que les cheminots, les routiers et les salariés des raffineries ont progressivement rejoint la mobilisation. Les décisions prises par le Gouvernement pour éteindre tout débat à l'Assemblée nationale ont été très majoritairement rejetées par les Français : 75 % d'entre eux 17 ( * ) étaient ainsi opposés au recours à l'article 49, alinéa 3 de la Constitution .

Dans le même temps, une nouvelle forme de mouvement social est apparue avec Nuit debout , qui a regroupé divers rassemblements autonomes et autogérés d'opposants à la loi. Né le 31 mars
place de la République à Paris, puis diffusé en province et même à l'étranger, ce mouvement se traduit par l'occupation pacifique de l'espace public
et le refus de toute personnalisation ou récupération de son activité .
Il a ainsi accompagné une forte prise de conscience , chez nos concitoyens, des méfaits de la loi « Travail » et a permis de démontrer la convergence des préoccupations liées à l'environnement, à l'éducation, à la santé ou encore à l'égalité entre les femmes et les hommes avec celles visant à préserver le code du travail et notre modèle social.

D'une intensité sans précédent depuis les mobilisations contre la réforme des retraites de 2010, le mouvement social qui a appuyé la contestation de la loi « Travail » reposait sur trois des cinq organisations syndicales représentatives au niveau national et interprofessionnel (CGT, FO, CFE-CGC) et était relayé par des organisations non représentatives comme Solidaires ou la FSU et des syndicats étudiants et lycéens (Unef, FIDL, UNL). S'il a parfois été débordé par des casseurs, il a été accueilli par une réponse policière d'une grande violence . Plusieurs dizaines de manifestants et de journalistes ont été blessés , certains très grièvement, à la suite de l'usage de grenades de désencerclement ou de lanceurs de balles de défense.

Très forte jusqu'au mois de juillet et l'achèvement de l'examen parlementaire de la loi, la mobilisation a faibli durant l'été mais ne s'est pas pour autant éteinte. Une dernière manifestation nationale a eu lieu à l'appel de l'intersyndicale le 15 septembre, rassemblant plus de 100 000 personnes dans toute la France. C'est désormais contre la mise en oeuvre de ce texte que vont se focaliser les oppositions , qui pourraient gagner en intensité lorsque les salariés auront directement à subir ses conséquences au quotidien.


* 16 Source : Le Parisien, 6 mars 2016

* 17 Source : sondage Elabe pour BFMTV, 11 mai 2016.

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