III. L'ACCORD DE PROTECTION RÉCIPROQUE DES INVESTISSEMENTS POSE UN CADRE CLASSIQUE VISANT À ENCOURAGER AU KIRGHIZISTAN LES INVESTISSEURS FRANÇAIS ENCORE PRUDENTS

A. UNE ÉCONOMIE EN DÉVELOPPEMENT QUI LAISSE PLUS DE PRISE À L'AIDE QU'À L'INVESTISSEMENT

1. La difficile construction d'une économie de marché

Le même mouvement qui, sur le plan politique, s'efforce de conduire le Kirghizistan sur la voie de l'État de droit inspire le souci de mettre en place une économie de marché.

Cette volonté réformatrice doit surmonter nombre d'obstacles.

Cependant le Kirghizistan dispose de quelques atouts.

En premier lieu, il est autosuffisant en électricité grâce à l'importance de la production hydroélectrique. Il pourrait en outre extraire quelques produits miniers : l'or, le mercure, l'uranium.

Surtout, cette république s'est engagée sur les voies de la réforme économique. Les privatisations en premier lieu, concernent 70 % du commerce de détail, 60 % de l'agriculture et 30 % de l'industrie. Ensuite, le Kirghizistan est la première république d'Asie centrale à avoir introduit sa monnaie nationale, le som, en mai 1993. Parallèlement, la hausse des prix, de l'ordre de 45 % par mois en 1993, a pu être maîtrisée et s'établit à un rythme mensuel de 4,5 % en 1994, soit l'un des taux les plus bas de la Communauté des États Indépendants.

Cependant, la politique monétaire restrictive conduite par la Banque centrale, la chute de la production (- 43 % en 1993), la défaillance du système de paiement avec les autres républiques de l'ancienne URSS, sont autant de facteurs dont la combinaison hypothèque le redressement économique du Kirghizistan.

Au premier rang des handicaps de l'économie, l'environnement naturel ingrat (10 % du territoire se situent au-dessus de 1 000 mètres d'altitude, soumis à un rude climat continental) condamne l'agriculture qui occupe le tiers de la population à un développement limité. Ce secteur économique produit essentiellement du blé. du coton, de la laine, des cuirs et peaux, du tabac et des moutons.

Par ailleurs, le Kirghizistan dispose de peu de ressources naturelles. L'absence de combustibles fossiles est totale.

L'économie du pays souffre également des difficultés héritées de son histoire. D'une part, comme les autres républiques d'Asie centrale, elle a subi la lourdeur de la centralisation soviétique et sa médiocre efficacité économique. D'autre part, la désintégration de l'URSS a désorganisé les circuits de distribution et coupé le Kirghizistan de ses anciens marchés.

Ainsi, l'économie du Kirghizistan, avec un revenu par habitant estimé à 1 200 dollars en 1992, demeure marquée par les traits du sous-développement.

Compte tenu de ces perspectives on ne saurait s'étonner que les investissements étrangers dans ce pays restent négligeables.

2. Un contexte encore peu favorable aux investissements

Sans doute le Kirghizistan s'est-il efforcé de promouvoir une législation destinée à encourager les investissements, à garantir la liberté d'entreprise et à lutter contre les monopoles. La signature du présent accord s'inscrit également dans cette politique favorable aux investissements étrangers.

En second lieu, certains domaines d'activité restent susceptibles d'intéresser les entreprises étrangères. Citons pour la France, l'exploitation des ressources naturelles (COGEMA -l'uranium- BRGM-antimoine et or-), l'amélioration des infrastructures (Thomson -contrôle aérien-) ou encore la conversion des industries de défense (SOFINFRA). Aucun projet ne s'est encore concrétisé. Singulièrement un potentiel touristique important, notamment autour du lac Issyk-Koul, jadis villégiature de la nomenklatura soviétique, a laissé indifférents les grands groupes étrangers spécialisés dans ce domaine.

En définitive, le Kirghizistan bénéficie davantage de l'aide internationale que d'un réel mouvement d'investissement.

La république a ainsi reçu l'appui des organisations financières internationales sous la forme d'une facilité d'ajustement structurel renforcé par le FMI ou de prêts de la Banque mondiale (30 millions de dollars) pour la réorganisation des entreprises d'État et du système de paiement interentreprises, et 20 millions de dollars pour couvrir certains besoins sociaux) et de la Banque européenne de développement (48 millions de dollars).

Nous l'avons vu précédemment, l'aide bilatérale de certains pays, spécialement les États-Unis et le Japon, n'est pas négligeable. Or, comme le constatait le rapport précité de M. de Montes qui ou, les lignes de crédits commerciaux accordés par la France au Kirghizistan restent très réduites au regard notamment de celles accordées au Kazakhstan, à l'Ouzbékistan et au Turkménistan. A cet égard, l'effort méritoire accompli par le Kirghizistan (même s'il reste encore très fragile) pour approcher le modèle démocratique, justifierait sans doute une plus grande attention de notre pays.

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