III. DEUX SCÉNARIOS À MOYEN TERME

Un exercice de projection à moyen terme -horizon 2001- de l'économie française a été réalisé par l'Observatoire français des conjonctures économiques -OFCE- pour le Sénat.

Le tableau ci-dessous en décrit les principaux résultats.

* Taux de croissance annuel moyen pour les années 1999, 2000 et 2001

A. DES SCENARIOS CONTRASTES

Le scénario 1 doit être interprété comme un scénario de nature tendancielle, en ce qu'il prolonge les évolutions actuellement à l'oeuvre dans l'économie française, qui se caractérisent par la faiblesse de la demande interne : les gains salariaux sont trop limités pour soutenir le revenu des ménages et la consommation, ce qui finit par peser sur l'investissement des entreprises.

Le scénario 2 repose sur l'hypothèse que la baisse des taux d'intérêt aurait des effets plus importants sur les comportements de dépenses des agents privés que ce qu'indique spontanément le modèle. Le profil de la croissance ainsi obtenue est plus marqué que dans le scénario 1. La croissance du PIB marchand serait ainsi de 2,4 % en 1997, puis 2,9 % en 1998 (contre 2,5 % dans le scénario 1), avant de se tasser en fin de période (2 % par an en moyenne contre 1,8 % dans le scénario 1).

Certes, la consommation progresse là aussi moins vite que le PIB, mais la croissance est soutenue par l'investissement des entreprises et par l'investissement en logement des ménages, en réaction à la baisse des taux d'intérêt.

Au total, la croissance de l'économie française se rapproche de celle de ses partenaires, notamment en début de période, ce qui donne plus de vraisemblance aux évolutions simulées dans ce scénario 2.

B. DES TENDANCES COMMUNES

Les grandes tendances de l'économie française, telles qu'elles sont illustrées par les deux scénarios peuvent se résumer de la manière suivante :


• Même dans le scénario optimiste, la croissance de l'économie française sur le moyen terme est inférieure à celle de ses principaux partenaires. Ceci ne doit pas être considéré comme une évolution probable, mais plutôt comme une indication fournie par le modèle sur une tendance lourde : le faible dynamisme de la demande interne freine la croissance, de telle sorte que l'économie française a des difficultés à suivre le rythme de ses partenaires. Or, cette absence de moteur au niveau de la demande interne ne peut être imputée à l'orientation rigoureuse de la politique budgétaire : celle-ci ne produirait en effet ses effets restrictifs qu'en début de période, alors que c'est en fin de période (1999 à 2001) que l'essoufflement de la croissance française est le plus manifeste.


• Les raisons de l'atonie de la demande interne doivent être trouvées du côté du revenu des ménages, qui en raison de la faiblesse des évolutions salariales, ne peut contribuer au soutien de la consommation. Celle-ci progresse ainsi en projection à un rythme moyen inférieur à 2 % par an et moins vite que le PIB. Ceci explique qu'après un cycle assez bref, l'investissement des entreprises ralentit en fin de période en raison des perspectives médiocres de débouchés.


• L'économie française croît ainsi durablement à un rythme inférieur à son potentiel, de telle sorte que le nombre de chômeurs continuerait à augmenter (de 40.000 à 50.000 par an environ d'ici 2001).


• Elle continuerait par ailleurs à accumuler des excédents extérieurs. En effet, la compétitivité-prix des produits français s'améliore et, de plus, la demande intérieure française progresse moins vite que celle de ses partenaires. Ainsi, la projection met-elle en évidence la poursuite d'un scénario de "désinflation compétitive", effectivement à l'oeuvre depuis le milieu des années 1980, et seulement interrompu sur la période 1992-1995 par les mouvements de change intra-européens.


• Enfin, il a été souligné qu'en projection le pouvoir d'achat du salaire par tête progressait moins vite que la productivité.

On pourrait en déduire que le pouvoir d'achat de la masse salariale (soit le pouvoir d'achat du salaire par tête que multiplie les effectifs occupés) augmente moins vite que le PIB en volume (soit la productivité "multipliée" par les effectifs), prolongeant ainsi la tendance, observée sur la dernière décennie, de la déformation du partage de la valeur ajoutée au détriment des salaires. Toutefois, ceci ne s'observe pas en projection : la masse salariale en valeur progresse comme le PIB en valeur, ce qui se vérifie par la stabilité du taux de marge des entreprises. Ceci s'explique par le fait que les prix à la consommation (déflateur utilisé pour obtenir le pouvoir d'achat de la masse salariale) progressent sensiblement plus vite que les prix du PIB (déflateur utilisé pour obtenir le PIB en volume).

Au-delà de cette complexité technique, il convient néanmoins de retenir que le faible dynamisme des salaires -qui servent d'assiette aux cotisations sociales- ne facilite pas en projection le rééquilibrage des comptes sociaux.

RAPPEL

Principales estimations produites lors de la réunion
de la Commission des Comptes de la Nation

Equilibre des biens et services

(1) Sociétés et quasi-sociétés - entreprises individuelles.

Prix, salaires, emploi

* Hypothèses en fin d'année

** Au jour le jour

a : Non financiers non agricoles, hors grandes entreprises nationales (GEN)

b : Secteur marchand hors GEN

c : Branches marchandes

d : Salarié total

e : Secteur marchand non agricole y/c GEN

f : Marchand non agricole

Les comptes d'agents

a Pour les budgets économiques : Sociétés et quasi sociétés non agricoles hors GEN, taux d'autofinancement au sens strict

(épargne brute/FBCF)

b SQS

c SQS + El

* En comptabilité européenne

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