3. Des conséquences néfastes pour l'épargne

En se plaçant du seul point de vue des épargnants et en considérant à la fois le projet de loi de finances et celui de financement de la sécurité sociale, les mesures fiscales les affectant se traduiraient, si elles étaient adoptées, par une augmentation des prélèvements de 23 milliards de francs. Près de 90 % de ces mesures résultent du seul projet de loi de financement de la sécurité sociale : 16 milliards pour l'augmentation de la CSG et 4,5 milliards pour l'extension de l'assiette des deux prélèvements sociaux de 1 %.

Cette surtaxation massive de l'épargne comporte des risques récessifs non négligeables . En outre, elle aboutit à une hiérarchie fiscale des placements aux antipodes de la rationalité économique.

a) une surtaxation massive qui engendre des risques récessifs

L'augmentation massive des prélèvements sur l'épargne (près de quatre fois le prélèvement opéré par le gouvernement précédent lors de la loi de finances pour 1996) est susceptible de provoquer deux effets récessifs :

- d'une part, la réduction de l'épargne disponible pourrait inciter les ménages à épargner davantage afin de reconstituer leur patrimoine au niveau désiré. Cet effort supplémentaire d'épargne aurait un effet dépressif sur la consommation et donc sur la demande intérieure ;

- d'autre part, on peut craindre des phénomènes de délocalisation de l'épargne susceptibles de rendre plus difficiles l'ajustement épargne-investissement, notamment en ce qui concerne le marché obligataire. Or, toutes choses égales par ailleurs, une diminution de la demande de titres, non compensée par des entrées de capitaux, pourrait avoir pour effet d'exercer des pressions à la hausse sur les taux d'intérêt français.

b) une hiérarchie fiscale aux antipodes de la rationalité économique

En effet, le simple bon sens voudrait que les placements fiscalement avantagés soient ceux qui sont les plus utiles à l'économie. A cet égard, la communauté des économistes s'accorde à penser que l'épargne longue est plus utile au financement de l'économie que l'épargne liquide.

Or, telle que projetée par la loi de financement de la sécurité sociale et par la loi de finances, l'imposition des différents produits d'épargne aboutira à ce que l'épargne longue soit la plus taxée, alors que l'épargne liquide demeurera exonérée de tout prélèvement, aussi bien social que fiscal.

Assurément, cette situation ne contribue pas au bon fonctionnement de notre économie.

Imposition des produits d'épargne





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