CHAPITRE III

LES PME ET L'EXPORTATION

I. LES PERFORMANCES DES PME FRANÇAISES À L'EXPORTATION

A. UNE PART DES PME DANS LES EXPORTATIONS FRANÇAISES GÉNÉRALEMENT SOUS-ESTIMÉE

Il est couramment entendu que les PME ne participent que pour 25 à 30 % aux exportations françaises. Ces chiffres correspondent à la part des PMI de 20 salariés ou plus du secteur manufacturier. Pour le seul secteur des biens industriels, il faut ajouter la part des petites entreprises de moins de 20 salariés et le secteur des industries agricoles et alimentaires (10 % de nos exportations en 1995 réalisés majoritairement par les PME). Hors agriculture, secteur pour lequel la notion de PME n'est pas comparable, et en tenant compte de ces différents ajouts, la part des PMI dans les exportations directes de biens industriels peut s'estimer à environ 37 %.

En outre, les entreprises françaises ont exporté des services pour 373 milliards de francs, soit 28 % des exportations totales de biens et services. Or, dans ce secteur, les exportations sont réalisées majoritairement par des PME. Si l'on prend en compte la totalité des biens et services exportés directement, la part des PME atteindra 39 % auxquels il faut ajouter les exportations réalisées par l'intermédiaire de sociétés commerciales.

On peut ainsi raisonnablement considérer que la contribution des PME au commerce extérieur français se situe autour de 40 % .

B. UNE PART DES PMI DANS LES EXPORTATIONS EN CONSTANTE AUGMENTATION

Depuis 10 ans, la place des PMI dans l'appareil exportateur français ne cesse de s'améliorer. En 1985, les PMI réalisaient 22 % des exportations françaises, elles en réalisent actuellement plus de 30 %. Cette progression est plus marquée pour les exportations que pour les effectifs, ou plus encore que pour le chiffre d'affaires. En 10 ans, la part des PMI s'est accrue de 5 points pour le chiffre d'affaires, de 7 points pour les effectifs et de 8 points pour les exportations.

De plus, cette évolution s'est notablement accélérée au cours des dernières années : en cinq ans, alors que la part des PMI dans l'industrie s'est accrue d'environ deux points tant pour les effectifs que pour le chiffre d'affaires, cette progression est de cinq points pour les exportations .

C. L'HÉTÉROGÉNÉITÉ DES COMPORTEMENT DES PME SELON LES SECTEURS

Le taux d'exportation est une fonction croissante de la taille de l'entreprise. Mais dans certains secteurs, les PMI ont un comportement à l'exportation très proche de celui des grandes entreprises. C'est généralement le cas dans le secteur des biens de consommation où, de plus, les PMI réalisent plus de la moitié des exportations. Ce comportement est encore plus marqué dans l'agro-alimentaire où le taux d'exportation des grandes PMI (100 à 499 salariés) est même plus élevé que celui des grandes entreprises (20 % contre 16 %). Dans ce secteur, les entreprises de moins de 500 salariés réalisent 58 % des exportations. Il convient, par ailleurs, de noter les secteurs de l'habillement et du cuir, malgré des taux d'exportation nettement plus faibles que les grandes entreprises, les PMI réalisent 80 % des exportations.

En revanche, dans l'industrie automobile et les biens d'équipements, notamment la construction navale, aéronautique et ferroviaire, les PMI présentent des taux d'exportation nettement moindres que les grandes entreprises et ne réalisent qu'une part minime des exportations (moins de 5 % dans l'industrie automobile et 11 % dans la construction navale, aéronautique et ferroviaire). Il est vrai qu'il s'agit de secteurs où les PMI jouent fréquemment un rôle de sous-traitants, ce qui les amène à ne réaliser leurs exportations qu'indirectement, à travers les grandes entreprises pour lesquelles elles travaillent.

Le taux d'exportation s'accroît constamment depuis 10 ans. Cette croissance s'est accélérée ces dernières années. Elle touche de manière plus marquée les PME que les grandes entreprises. Pour les seules PMI, le taux d'exportation se situe en 1995 à 23,4 %, contre 38,8 % pour les entreprises de plus de 500 salariés. En deux ans, ce taux a progressé de 2,6 points pour les PMI, alors que l'évolution correspondante pour les grandes firmes n'a été que de 2 points. Cette évolution est à comparer avec la progression réalisée entre 1985 et 1992. Durant cette période, le taux d'exportation s'était accru de 2,1 % pour les PMI comme pour les grandes entreprises industrielles.

D. COMPARAISONS INTERNATIONALES

Un décompte, effectué par l'OCDE, du nombre des PME très présentes à l'international montre qu'avec 3.000 PME (suivant le terme de l'OCDE), la France se situe à peu près dans la moyenne OCDE, très en-dessous de l'Italie (8000), très au-dessus de l'Espagne (1000), mais à un niveau comparable à l'Allemagne (4000 entreprises mondialisées) ou aux Etats-Unis (3220). En outre, 30 à 40 % des PMI françaises, soit un chiffre proche de la moyenne observée dans l'OCDE sont actives à l'exportation.

L'examen d'un autre indicateur - la contribution des PME aux exportations du pays - donne des informations comparables. Selon les chiffres utilisés par l'OCDE, les PMI françaises contribuent à hauteur de 26 % du total de nos exportations. La France se situe ainsi dans le moyenne des pays où cet indicateur peut être calculé. L'Italie (sur la base de chiffres qui ne sont pas entièrement comparables) se situe très au-dessus (53 %), le Japon très en-dessous (13,5 %).

Il n'existe pas de données identiques pour l'Allemagne, l'Espagne ou le Royaume-Uni. Dans le cas de l'Allemagne, des informations partielles, pour certains secteurs et certains Länder, rapportant les exportations au chiffre d'affaires du secteur, montrent cependant que les taux d'exportation des PME allemandes sont inférieurs à ceux de leurs homologues françaises dans la majorité des secteurs pour lesquels la comparaison peut être faite. Ce constat n'infirme pas nécessairement l'idée selon laquelle la contribution des PME aux exportations est plus forte en Allemagne qu'en France. Mais si ces données sont confirmées, elles traduiraient une différence de spécialisation sectorielle de nos appareils productifs plutôt que des différences de comportement à l'exportation entre PME françaises et allemandes.

En outre, une analyse des obstacles à l'internationalisation fait apparaître des différences nettes entre les PME des différents pays. Les entreprises françaises souffriraient ainsi plus que leurs concurrentes étrangères de handicaps liés à leur taille trop modeste, aux problèmes de financement et à une culture internationale trop faible.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page